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mon bonheur est dans la ville
30 juillet 2009

COWBOY, de Benoit Mariage

14993_thumbFrançois Piron, ancien chroniqueur politique, militant de gauche,  est présentateur d’une petite émission de télévision destinée à la sécurité routière, il a le blues de la quarantaine ; en tant que journaliste, il se sentait capable d’autre chose que de faire le bouffon devant une caméra, de quelque chose de plus profond, de plus « engagé », de plus en accord avec ce qu’il était jadis.

Dans son couple, les choses ne sont pas simples non plus. Sa charmante compagne rêve d’un enfant et est tombée dans le grand travers à la mode de notre époque : faire appel à des gurus de tous acabits pour « évoluer ».

Piron s’emballe soudain pour une émission qu’il créerait autour des protagonistes d’un fait divers, de 20 ans auparavant. Un bus scolaire avait été détourné par des jeunes gens en colère ; tout le monde s’en tira avec plus de peur que de mal.

Il décide de retrouver tout le monde, tant le preneur d’otages que ces derniers, et aussi le chauffeur du bus scolaire. Il reçoit l’accord de son patron et on lui envoie un preneur de son et un cameraman, qui ne croit pas fort à ce projet mais bon lui du moment qu’il a de quoi manger.

Lorsque François et son équipe retrouvent Tony Sacchi, notre journaliste reçoit son premier choc : Sacchi n’est plus du tout le gars qu’il était 20 ans auparavant, ce serait même tout le contraire, il est devenu cynique, gigolo et n’a aucune envie de donner suite au projet de François, qui insiste auprès de tous, finissant par les convaincre de traverser ensemble la Belgique pour faire la paix.

Mais c’est surtout avec soi que François doit faire la paix ; pourra-t-il accepter qu’il faut pouvoir assumer  ses échecs, accepter les  désillusions que la vie nous apporte.

« Cowboy » est un film de « potes » et cela se sent ; c’est un film qui fonctionne bien entre tous les interprètes, un de ces films où les interprètes ont le droit de donner leur avis sur le rôle qu’ils interprètent. C’est une histoire tragi-comique, où l’on se retrouve face à soi, ce que l’on est devenu, ce qu’on aurait voulu être.

Benoît Mariage a construit une histoire sur le sens de la vie,  des idéaux. Mais également sur la manière de présenter un fait, sur les images que l’on manipule un peu ou beaucoup afin de réaliser un projet.

Benoit Poelvoorde y est magistral  dans le rôle de ce brave type maladroit, un peu Don Quichotte face au moulin à vent de la reconnaissance sociale; on le savait depuis longtemps qu’il est un excellent acteur, bien loin du rôle de pitre qu’on lui fait habituellement jouer, mais là j’ai été « bluffée » ; il est particulièrement convaincant dans le rôle de ce journaliste paumé mais qui voudrait se retrouver.

Face à lui, il a son cameraman, interprété par François Damiens, habitué au rôle de comique de « François l’embrouille » ; il est excellent dans le rôle de ce gars qui filme parce qu’on le lui dit mais qui considère le projet de Piron comme perdu d’avance.

L’ex-preneur d’otages, devenu un gigolo cynique, est interprété par Gilbert Melki dont le talent a été démontré à diverses reprises.

Julie Depardieu interprète avec sa sensibilité habituelle la compagne de Piron.

« Cowboy » est basé (de loin) sur l’histoire vraie de Michel Strée, un garçon de 20 ans, rebelle, qui un beau matin décida d’aller crier sa révolte sur les antennes de la RTBF. Hélas pour ce faire, il ne trouva rien d’autre que de prendre en otage, avec deux copains,  un bus scolaire, avec des ados. L’équipée se terminera sur le parking de la télévision francophone nationale.

Tout ce que Strée voulait, c’était dénoncer les injustices de notre temps, faire passer son message. Le poids de cette erreur de jeunesse – où personne ne fut blessé – a pesé et encombré toute la vie de Michel Strée qui est devenu l’administrateur des « Jardins du Ciel », un centre de rééducation pour oiseaux sauvages à Aywaille.

Il fut acquitté en 1982, considéré comme une sorte de Robin des Bois moderne. Puis il a découvert la « chevalerie ». Il est devenu chevalier, puis grand maître mais après des années de code d’honneur, il a compris que là aussi les motivations n’étaient pas toujours claires et nettes. Michel Strée a donc démissionné, et est tombé en dépression.

Grâce aux oiseaux, il sortira de son trou noir et il espère qu’enfin on tournera la page et qu’il pourra obtenir la reconnaissance de ses activités actuelles, afin que les autorités officialisent son refuge, sa fauconnerie, bref son projet de vie réussi à force de courage et de volonté.

Michel Strée est en paix avec lui, avec la nature. C’est un solitaire qui fait le bien dans sa vie.

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