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mon bonheur est dans la ville
26 juillet 2009

UNE HISTOIRE SIMPLE, de Claude Sautet

18660220_w434_h_q80Marie a 39 ans, elle a un grand fils de 16 ans avec qui elle s’entend bien et qui se prépare à partir en vacances avec un copain.

Marie a décidé de se séparer de Serge avec qui elle vit depuis deux ans et a aussi décidé d’avorter.

La vie de Marie, c’est aussi la vie de Gabrielle mariée à Jérôme, menacé de licenciement, de Francine, déléguée syndicale au sein de leur entreprise, d’Anna qui a divorcé de Christian et d’Esther pour qui tout est simple.

Serge encaisse très mal la séparation et va relancer Marie après une nuit où il a trop bu à l’attendre.

Il réalise qu’elle a renoué avec Georges, son ex-mari et dans un accès de rage se met à la frapper. Finalement, ils tentent de s’expliquer sur ce qui n’a pas marché entre eux et se quittent, presque bons amis.

Effectivement, Marie a relancé Georges parce qu’il fait partie du nouveau comité d’entreprise suite à la fusion des sociétés ; Jérôme, le mari de Gabrielle, a reçu sa lettre de licenciement et Marie voudrait que Georges propose quelque chose à Jérôme dans cette nouvelle firme.

Le couple se reforme donc, un peu en cachette de la toute jeune Laurence avec qui sort Georges, mais cette sorte de lune de miel sera de courte durée, lorsque Marie réalise que le poste offert à Jérôme par son ex-mari n’a pas convenu et qu’il ne peut plus rien faire pour son ami.

Marie est une femme au caractère entier, exigeante pour elle-même, elle l’est aussi pour les autres et cela ne la rend pas forcément très tolérante. Elle est également une amie très fidèle et c’est cette fidélité à Jérôme qui fait qu’elle ne pardonne pas à Georges ce qu’elle considère comme une faiblesse dans son jugement.

Elle ne pourra pourtant pas éviter le drame, car Jérôme se suicide malgré le poste de « repêchage » qu’on lui a offert.

Séparée de Georges, Marie sait qu’elle est enceinte de lui mais cette fois, elle gardera l’enfant et c’est sur une image d’amitié et de tendresse où tous sont réunis pour une dernière fois dans la maison de campagne de Gabrielle sauvée par l’affection de Marie que se termine le film.

« Une histoire simple » fait partie des films « choraux » de Claude Sautet, comme « Max et les ferrailleurs »  ou « Vincent, François, Paul et les autres » qui l’ont précédé.

Il aurait d’ailleurs pu s’intituler « Marie, Francine, Gabrielle et les autres »

C’est une histoire aigre-douce, simple effectivement, comme la vie de tous les jours, de toutes les femmes, de tous les hommes dans leur quotidien.

C’est parfois un peu difficile à encaisser de voir des moments de notre vie exposés ainsi, avec autant de réalisme car nous avons toutes vécu des moments aussi difficiles, tant dans le couple que dans nos décisions d’avoir ou non un enfant.

Mais c’est aussi émouvant de retrouver ces grandes réunions d’amis où une dispute se termine parfois en fous-rires, où l’on s’envoie parfois des « vérités » à la tête qui ne sont pas forcément bonnes à dire, puis on passe à autre chose, à des jeux de société ou de grandes promenades après lesquelles on se retrouve tous autour d’une grande table pour boire et manger.

Le plus émouvant fut de retrouver non seulement la magnifique Romy Schneider, qui est une Marie intransigeante et tendre à la fois, dans un rôle où elle porte des vêtements pas très « glamour » et où elle est superbe malgré tout. Son jeu est simple comme l’histoire qu’elle défend et elle fait passer dans ses yeux tous les sentiments et états d’âme ressentis.

Mais en plus de Romy, le film permet de revoir la craquant et blonde Sophie Daumier, dans le rôle d’Esther, où une fois encore elle joue la bonne copine qui aime rire, qui prend la vie comme elle vient, sans trop se poser de questions.

Sophie Daumier fut longtemps la compagne de Guy Bedos, à la scène comme dans la vie, elle était malheureusement atteinte de la maladie de Huntington, mal héréditaire incurable ; à cause de cette dégénérescence neuronale, elle dut réduire ses activités. Sophie Daumier avait un visage ravissant, un humour ravageur et interprétait à merveille les pestes ou les bonnes copines pleines d’ironie.

Les deux hommes dans la vie de Marie sont interprétés par Claude Brasseur, qui est parfait en Serge, il est tour à tour trop bruyant, trop démonstratif, trop brutal jusqu’au moment où il parvient à faire la paix avec lui-même et Marie.

Georges est joué par Bruno Cremer, qui trouve ici l’un de ses plus beaux rôles au cinéma.

Eva Darlan interprète Anna, séparée de Christian interprété par Jean-François Garreaud que l’on a retrouvé sur le petit écran dans le rôle du capitaine Lemarchand dans la série « La Crim’ ».

Arlette Bonnard est l’émouvante Gabrielle et Jérôme, son mari dépressif, est joué par Roger Pigault.

Francine, la syndicaliste, est jouée par Francine Bergé. Quant à la mère de Marie, c’est la comédienne Madeleine Robinson qui l’interprète.

Dans un autre rôle très (trop) court, celui de la gynécologue de Marie, on retrouve Nadine Alari.

Sophie Daumier, morte en 2004, n’est pas le seul visage familier du cinéma français des années 70 que l’on trouve plaisir à retrouver – avec toutes les autres actrices nommées plus haut. On retrouve aussi Xavier Gélin, le fils de Daniel Gélin et Danielle Delorme, qui ne fut pas qu’acteur ; il fut également scénariste, réalisateur et producteur et qui disparut à l’âge de 50 ans d’un cancer. Xavier Gélin excellait dans les rôles de jeune homme un peu naïf, maladroit et gaffeur, toujours prêt à rendre service.

Le premier film de Claude Sautet en tant que réalisateur fut « Bonjour Sourire », un film dont je me souviens très bien et pourtant j’étais petite fille lorsque je l’ai vu ; la distribution comprenait Annie Cordy, Henri Salvador, notamment et n’avait strictement rien en commun avec les romans de Françoise Sagan ; c’était l’histoire d’une bande de joyeux lurons engagés pour faire sourire une princesse dont la morosité entrave la bonne marche de sa petite principauté. Bref rien de très original, mais on y retrouvait avec plaisir Louis de Funès, René-Louis Lafforgue, et surtout Pierre Repp.

Après cela a suivi l’excellent « Classe tous risques » avec Lino Ventura et Jean-Paul Belmondo, d’après José Giovanni – je pense que l’on peut dire que c’est avec ce film-là que « naît » Claude Sautet-réalisateur.

Tous ses films furent de très bons moments de cinéma, il excellait réellement dans les chroniques aigres-douces ou dramatiques de gens qui nous ressemblent (« Les Choses de la Vie », « Un mauvais fils », « César et Rosalie », etc).

18831143_w434_h_q80« Une histoire simple » peut donner l’impression d’une chronique nécrologique puisque le film permet de revoir des acteurs trop tôt disparus, mais c’est beaucoup plus que cela ; c’est un film qui saute d’un moment à l’autre de vies d’une série de personnes dont le lien est Marie et c’est surtout – pour l’époque – un film très audacieux puisqu’il aborde sans tabou le droit des femmes à décider seule d’un avortement, leur droit de vivre librement comme bon leur semble sans dépendre nécessairement d’un homme, ce qui pour ceux-ci n’est pas très confortable à vivre.

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