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mon bonheur est dans la ville
25 juillet 2009

BOULE DE SUIF, de Christian-Jaque

bouledesuifScénario adapté de deux nouvelles de Guy de Maupassant : « Boule de suif » et « Mademoiselle Fifi », condensées en une seule histoire.

Nous sommes en 1870, à Rouen ; la guerre entre la France et la Prusse fait rage ; un homme est poursuivi par les soldats ; il se réfugie dans un hôtel de poste, chez une belle jeune femme qui l’aide à changer de vêtements. L’homme va aller se cacher chez un copain anarchiste, la jeune femme a l’intention de quitter Rouen. A son allure, on se doute qu’elle n’est pas une femme du monde, pourtant son visage irradie la gentillesse.

Dans le bureau de l’hôtel, impossible d’obtenir un billet pour la diligence, une interdiction de voyager a été imposée par l’envahisseur. Pourtant, les gros bourgeois et autres aristocrates font tout ce qu’ils peuvent pour obtenir un passage.

Finalement une diligence s’en va le lendemain matin avec à son bord les bourgeois, les aristocrates, deux religieuses, l’anarchiste et la belle jeune femme. Les ragots entre voyageurs disent qu’il s’agit de la prostituée « Boule de Suif », surnom dû à son embonpoint, quoiqu’ici elle ne soit pas grosse du tout.

Les commentaires à son sujet vont bon train, les épouses des bourgeois n’hésitant pas à faire des commentaires hautains et mesquins.

Pourtant, lorsqu’elle sort son casse-croûte, elle aura l’élégance et la bonté de partager avec ces gens qui n’hésitaient pas à la critiquer l’instant auparavant mais qui acceptent quand même son repas.

L’aristocrate a l’intention de rejoindre le château d’Uville, appartenant à un cousin ; il ignore évidemment que le château est envahi par les Prussiens ; leur supérieur, d’Eyrik, est un homme particulièrement bête et cruel, qui s’amuse à utiliser les œuvres d’art du château pour s’exercer au tir.

Par ailleurs, il n’a aucune pitié même lorsque le curé du village plaide la cause des malheureux pris en otage. Pour lui, n’importe quel petit commerçant du village aide les résistants.

Dans une auberge, sur la route, les occupants de la diligence s’arrêtent pour la nuit ; un capitaine prussien y loge ; il a repéré Elisabeth alias « Boule de Suif » et exige qu’elle couche avec lui. La jeune femme refuse énergiquement, elle est une bonne patriote et ne s’abaissera pas à cela.

Du coup, interdiction de poursuivre leur route.

18830054_w434_h_q80Inutile de dire que bourgeois et aristocrates sont particulièrement remontés contre la jeune femme ; les épouses sont outrées qu’elle refuse, après tout c’est son métier !

Finalement ce sera grâce à « Boule de suif » qu’ils repartiront et aucun n’aura la correction de l’en remercier, tant ils sont mesquins. Mais ils ne sont pas que mesquins, ils sont aussi cruels que les envahisseurs, car Boule de suif n’a pas de casse-croûte, les autres en ont un et aucun ne partage avec elle, sauf l’anarchiste qui partage son morceau de pain.

En route vers Uville, la diligence est arrêtée par les Prussiens ; toutes les dignes épouses des bourgeois et aristocrates sont emmenées avec « Boule de Suif » car elles sont toutes prises pour des prostituées, comme elle. Là c’est elle qui commence à s’amuser !

Mais lorsque le cruel comte d’Eyrik jette son dévolu sur elle, elle n’hésite pas à le poignarder.

Une battue est organisée pour la rechercher, mais Elisabeth parvient à rejoindre l’église du village où le curé lui offre asile. Les autres officiers prussiens font passer le meurtre de leur collègue pour un acte des résistants, afin de masquer la honte de la soirée. C’est avec joie qu’Elisabeth sonne le tocsin dans le clocher de l’église.

Tour de force de Christian-Jaque et ses collègues scénaristes que d’avoir adapté ces deux nouvelles de Guy de Maupassant pour ne faire qu’une seule histoire qui se tient parfaitement, même si en les condensant, les scénaristes aient modifié l’intrigue d’origine.

On a vu dans ce film, tourné en 1945, un réquisitoire et une satire contre les collaborateurs pendant la seconde guerre mondiale.

18830056_w434_h_q80Quel beau portrait de femme que cette Elisabeth Rousset, surnommée méchamment « Boule de Suif » (le suif est de la graisse).

Elle est seule, face à la veulerie, la mesquinerie des grands bourgeois qui la méprisent mais se servent d’elle tant que cela sert leurs objectifs.

Les femmes sont particulièrement méchantes à son égard, sarcastiques, méprisantes. Quoi qu’elle fasse, elles n’ont aucun mot de simple politesse, d’appréciation pour son sacrifice.

La méchanceté des bourgeois et de la petite noblesse était un thème récurrent chez Maupassant, qui aimait à les critiquer. J’avoue que tant de méchanceté a le don de me mettre particulièrement mal à l’aise, même au cinéma !

18807586_w434_h_q80Pour interpréter « Boule de Suif », le réalisateur a choisi la superbe Micheline Presle dont la beauté illumine l’écran ; son très beau visage exprime à la perfection tous les sentiments qu’elle éprouve.

Quant à sa voix, elle fait passer la fille du peuple avec aisance.

Le cruel officier d’Eyrik est interprété par Louis Salou qui se montre réellement odieux dans le rôle.

Alfred Adam est Cornuret, le pamphlétaire anarchiste, brave type, qui déclame une très belle page de Victor Hugo sur la manière de résister aux envahisseurs. J’avoue avoir été étonnée par cette face du talent d’Alfred Adam, qui jouait généralement les types un peu veules et vulgaires.

Les autres voyageurs de la diligence, tous plus déplaisants les uns que les autres, sont Berthe Bovy, Jean Brochard, Suzette Mais, Marcel Simon, Louise Conte, Pierre Palau, Jeanne Viénot.

Dans le rôle du subalterne prussien Oskar, on retrouve Robert Dalban, hilarant avec son faux petit accent allemand !

Le curé d’Uville est joué par Denis d’Inès et dans le rôle d’un franc-tireur, on aperçoit Marcel Mouloudji.

Certains ont voulu voir dans le film « Stagecoach » de John Ford, tourné en 1939, une adaptation américaine, transposée dans l’Ouest, de l’histoire de « Boule de Suif ». En réalité « Stagecoach » est adapté d’un roman d’un certain Ernest Haycox, un écrivain célèbre pour ses romans du type « western ». Il n’est cependant pas impossible que l’écrivain américain ait été inspiré par la nouvelle de Maupassant.

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