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mon bonheur est dans la ville
25 juillet 2009

IL DIVO, de Paolo Sorrentino

200px_Il_Divo_posterEn 1991, Giulio Andreotti vient d’être élu pour la septième fois président du conseil en Italie.

18937883_w434_h_q80Tout son habituel aéropage vient le féliciter, mais l’homme reste de marbre. Pratiquement jamais un quelconque sentiment ne se lit sur son visage simiesque, aussi austère que toute sa personnalité.

L’homme se rient mal, la tête rentrée dans les épaules, comme s’il portait le poids du monde – ou sa croix – sur les épaules, une attitude due  sans doute à la position de ses mains, jointes à la hauteur de son estomac qui lui met les bras en pore-à-faux. On le surnomme, entre autres, « il gobetto » (le petit bossu).

L’homme est un catholique pur et dur, son lieu de prédilection est l’église, où il vient prier à quatre heures du matin, quand Rome dort. Lui il ne dort pratiquement jamais, il souffre de maux de crâne, il est insomniaque. Et pourtant, ce n’est pas sa conscience qui le taraude malgré les méfaits qu’il commet au nom du pouvoir.

18937882_w434_h_q8018951284_w434_h_q80Le film de Paolo Sorrentino nous emmène dans la vie de cette sombre figure de la politique italienne pendant deux années, jusqu’en 1993 où il sera accusé (avec raison) de collusion avec la mafia dans le cadre de l’opération « mani pulite ».

Car que l’on ne s’y trompe pas, Andreotti fut un assassin « indirect », un homme qui acceptait que soient éliminés ses opposants par tous les moyens, y compris au sein de la « DC » (la démocratie chrétienne).

18937885_w434_h_q80Lorsqu’Aldo Moro sera exécuté par les Brigades Rouges qui l’avaient enlevé, Andreotti refusa tout dialogue, toute négociation avec les « terroristes » signant ainsi la mort de son ami, pour qui il versera toutefois quelques larmes de crocodile.

Le pouvoir corrompt, dit-on, et je le crois aisément, mais parfois ceux qui y viennent sont déjà corrompus.

« Il Divo » est le portrait féroce d’un homme qui aimait bien parler « par formules » du style « je ne crois pas au hasard, je crois à la volonté de dieu » (bin voyons !).

300px_Divo2008Le film est tout en froideur, à la manière d’un reportage,  genre j’imagine voulu par le réalisateur pour accentuer l’austérité de son personnage principal Andreotti, interprété de manière époustouflante par l’acteur italien Toni Servillo. Avec une tête à la « Droopy », celui qui était aussi surnommé « le pape noir » nous est montré sous son jour le plus cynique, prêt à toutes les magouilles pour rester au pouvoir.

Son épouse Livia est interprétée par Anna Bonaiuto et Aldo Moro par Paolo Graziosi.

18951283_w434_h_q80Sa fidèle secrétaire est jouée par Piera Degli Espositi. Tous les acteurs sont à la hauteur de leur rôle.

La musique joue aussi un rôle assez particulier dans le film et j’avoue que cela m’a beaucoup plu ; elle oscille entre musique classique et techno, donnant à ce coup d’œil désabusé sur le pouvoir un certain aspect baroque, un peu à la manière des biopics de Ken Russell auxquels j’ai souvent pensé.

Que le film ait obtenu le prix du jury à Cannes en 2008 ne me surprend guère, surtout grâce à l’interprétation de Toni Servillo.

Bref du cinéma italien comme on nous en proposait dans les années 70, du vrai, du bon, du percutant. Pour lequel il faut avoir un minimum d’intérêt pour l’histoire contemporaine car le lexique en début de film ne suffit pas si l’on n’a pas suivi les événements de l’époque.

Cependant je ne peux que le recommander car il s’agit d’une page d’histoire, de notre histoire même si elle s’est déroulée en Italie. Par ailleurs, elle est toujours d’actualité.

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