LES MONOLOGUES DU VAGIN, d'Eve Ensler

  La pièce d’Eve Ensler, « Vagina Monologues » fut créée à New York il y a déjà dix ans où elle fit un véritable tabac. Depuis, ce texte à la fois drôle, émouvant, poignant même, sensible et pudique, n’a pas fini de faire d’amuser mais surtout de faire réfléchir.

Faire parler le vagin des femmes, telle est la gageure prise et tenue par l’auteur de théâtre, Eve Ensler. En se basant sur plus de 200 interviews à propos de leurs parties génitales auprès de femmes aux Etats-Unis, tous âges et ethnies confondus, Ensler a écrit ces célèbres "Monologues" tour à tour hilarants, poignants, parfois dérangeants, mais toujours profondément sensibles

Des comédiennes célèbres ont interprété la pièce à travers le monde (Glenn Close, Winona Ryder, Susan Sarandon, Whoopi Goldberg, Cate Blanchett, Jane Fonda, Oprah Winfrey, sans oublier Eve Ensler elle-même) ; en Ouganda, la pièce fut interdite parce qu’elle parle notamment d’homosexualité, d’actes sexuels illégaux ( ?) et de prostitution !

Pour Eve Ensler il était temps d’enfin donner la parole à cette partie du corps dont les femmes osent à peine murmurer le nom et dont les hommes parlent avec vulgarité et désinvolture.

Les soliloques sont parfois lyriques, émouvants, virulents, faits pour frapper les esprits, en utilisant également dans certains passages un vocabulaire cru, mais tout le talent des comédiennes qui les interprétèrent y ont ôté toute vulgarité. La pièce et sa version écrite sous forme de nouvelles sont une seule et même célébration du sexe et de la sexualité des femmes, de leur vulnérabilité mais aussi des violences commises à leur égard.

Différentes éditions des nouvelles et de la pièce elle-même ont servi à récolter des fonds pour aider diverses organisations aidant les femmes en détresse. La pièce a été interprétée par les plus grandes comédiennes en France et outre-Atlantique. "The Vagina Monologues" a obtenu l’Obie Award en 1997 ; Eve Ensler présenta tout d’abord la pièce "off-Broadway", ensuite elle l’emmena en tournée de Jerusalem à Londres, en passant par Zagreb, tant dans les théâtres que les universités. Actuellement elle enseigne l’écriture théâtrale à l’université de New York.

Après son immense succès lors de la saison 2002-2003 au Théâtre de Poche où il fut présenté dans sa version « classique », à savoir le one-woman show interprété à tour de rôle (c’est le cas de le dire) par Isabelle Wéry et Estelle Marion, c’est à présent au tour du sympathique Théâtre de la Toison d’Or de reprendre la célèbre pièce d’Eve Ensler basée sur plus de deux cents entretiens que l’auteure a eut avec des femmes de toutes nationalités et cultures, des femmes jeunes, âgées, hétérosexuelles ou homosexuelles, prostituées, mères de famille, dactylos, etc. Au début elles étaient intimidées par les questions, ensuite elles sont devenues intarissables. C’est ainsi que débute la pièce ; au début le public fut mal à l’aise par ce mot dit avec autant de franchise : « vagin ».

Au Théâtre de la Toison d’Or, la mise en scène de Nathalie Uffner est vraiment originale ; plutôt qu’un « one-woman show », ce sont trois générations de comédiennes belges qui se retrouvent en scène pendant une heure trente environ, se renvoyant brillamment la balle du texte.

J’ai eu le plaisir d’assister à l’interprétation de la grande comédienne Colette Emmanuelle, qui compte à ce jour plus d’une centaine de pièces à son actif. Elle a, face à elle, Marie-Paule Kumps une comédienne qui est également auteur et metteur en scène à ses heures et Virginie Hocq, une jeune comédienne qui a cumulé les prix entre 2002 et 2004.

Ce triumvirat interprétera la pièce d’Eve Ensler jusqu’au 7 octobre 2006, ensuite la relève sera assurée du 11 octobre au 11 novembre 2006 par Nicole Shirer, comédienne depuis 1970 et médaillée d’Or en déclamation en 1963. Elle sera accompagnée de Laurence Bibot , qui fit partie des Snuls et interprète de divers one-woman show, dont certains sont écrits avec sa complice de toujours, Nathalie Uffner. Delphine Ysaye sera la troisième jeune femme en scène avec ses deux aînées.