LE DOUDOUK, INSTRUMENT CLE DE LA MUSIQUE ARMENIENNE

Ce que j'apprécie particulièrement à ce sympathique festival des "Midis/Minimes" dont mes occupations m'ont  malheureusement tenue éloignée pendant les premières vingt années de sa création,  est la diversité des petits concerts proposés. Lorsque j'utilise le terme "petit", c'est dans le sens de "court" puisqu'ils ne durent qu'une demi-heure, car au niveau de la qualité c'est de l'art et du grand.

Je ne connaissais nullement la musique arménienne, je suis généralement peu portée sur la musique folklorique, mais là j'ai découvert une musique à la fois mélodieuse, répétitive et mélancolique. On y trouve une certaine douleur, mais aussi beaucoup de douceur et de tendresse; c'est une musique qui peut aussi se faire suave, chaude et sensuelle. Il m'a été difficile de ne pas penser à la musique de l'Inde.

La musique arménienne est fort ancienne, mais son style se fondera sur des bases traditionnelles folklorikes à partir de la seconde moitié du 19ème siècle. Elle assimilera alors des trésors de la musique occidentale classique et russe.
C'est au début du 20ème siècle que Soghomon Soghomonian - qui est plus connu semble-t-il sous son nom de prêtrise Komitas - qui réunira l'énorme corpus de musique populaire ouvrant ainsi une nouvelle page dans l'histoire de la musique et de la culture arménienne. Il ser le premier à définir la musique populaire comme source et fondement de la musique nationale.

Si, aujourd'hui, la musique populaire arménienne est connue hors de ses frontières, c'est surtout par l'entremise de son instrument emblématique, le DOUDOUK (ou DUDUK).
C'est à la fois un instrument d'orchestre et un instrument soliste. On le trouve dans l'ensemble du répertoire, tant dans la chanson paysanne, que dans les chants de mariage, d'amour, de chants accompagnés de danses et dans les chansons citadines plutôt patriotiques. Le doudouk accompagne ou remplace la voix.

Une manière traditionelle consiste à jouer la mélodie sur un doudouk tandis qu'un second doudouk, plus calme,  effectue le BOURDON (une note tenue, appelée DAM) nécessitant la technique de respiration circulaire). Le doudouk est une sorte de hautbois au son grave et doux.
Le duo de doudouk est généralement accompagné d'un instrument de percussion, le DEHOL.

On trouve le doudouk non seulement dans des petites formations, mais aussi dans de grands orchestres. L'orchestre d'instruments traditionnels du conservatoire Komitas d'Erevan comprend six cithares kanone, six vièles kamantcha, quatre luths târ, quatre vièles vambir, six doudouk, deux flûtes à vec shevi, quatre luths oud, deux tambours dehol, une grosse caisse et une contrebasse.

Le doudouk est très ancien, il date de 500 ans avant JC, il est resté très rudimentaire et authentique. Il est de perce cylindrique, le corps est en bois d'abricotier et il possède généralement 10 trous, 8 sur la face supérieure, deux sur la face inférieure. L'un pour le pouce gauche, l'autre étant un trou d'accord; il peu aussi être bouché en approchant l'instrument du corps du musicien permettant alors d'obtenir une note particulièrement grave. L'ambitus de l'instrument est d'une octave plus une tierce.

La sonorité du doudouk est douce et grave à fois, un peu comme la clarinette, mais elle peut aussi devenir nasillarde et métallique selon la manière dont souffle le musicien.

La petite formation qui nous a offert un tel régal le 6 août étaient VARDAN HOVANISSIAN au doudouk et ANDEANIK HOVANISSIAN au doudouk bourdon, accompagnés par ARMEN STEPANIAN, percussion. Dans un bel ensemble de costumes vifs et chamarés, ils ont proposé un joli florilège de chants et danses de leur pays.

Vardan Hovanissian est diplômé de l'école supérieure de musique d'Erevan, en Arménie. Il s'est produit dans le monde entier, non seulement en tant que soliste mais aussi en duo et quatuor. Il a participé à de nombreux festivals de musique en Russie et en Belgique. Il a aussi collaboré à l'enregistrement d'albums musicaux.
C'est sa rencontre avec le guitariste Tigran Ter Stepanian qui donna  l'impulsion à une fructueuse collaboration, donnant naissance au groupe ARAX spécialisé dans l'interprétation de la musique traditionnelle arménienne et la mise en valeur du légendaire DOUDOUK.