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mon bonheur est dans la ville
17 juillet 2009

TOUS LES CHEMINS MENENT A ROME

mfile0746VOYAGES D’ARTISTES DU XVIème au XIXème siècles

On dit que les voyages forment la jeunesse … Certainement dans les  temps illustrés par  cette charmante exposition dont les illustrations ne m’ont plu qu’à moitié car je ne prise guère le style de peinture du 19ème siècle, mais qui m’a ravie par les commentaires / textes d’auteurs connus placés à côté des toiles exposées.

Mon petit compte-rendu est basé sur tous ces textes.

Pour les artistes, intellectuels, savants des siècles passés, Rome représentait non seulement le voyage initiatique vers le Saint Siège, mais à partir de la Renaissance, le voyage à Rome était un moment incontournable pour l’élite.

Le déplacement à travers l’Europe, du Nord au Sud, était une aventure extraordinaire, mais aussi une épreuve parfois fort pénible. Ces hommes (et parfois ces femmes) traversaient des difficultés désormais inconnues de nous.

L’exposition invite le visiteur au voyage, à revivre les périls, les charmes, les périls, les enthousiasmes, les désespoirs de ces aventuriers.

Actuellement, on rejoint Rome en deux heures d’avion ; en ces temps là, on s’embarquait pour un périple à travers les routes d’Europe où sévissaient des bandits de grands chemins, on s’embarquait pour une  traversée en mer parfois fort houleuse.

La distance de Paris (ou Bruxelles) à Rome est d’environ 1500 kms. En ces temps-là cela prenait 60 jours en voiture à chevaux, à raison de 25 kms par jour. La vitesse changeait en fonction de l’état de la route et de la disposition de chevaux frais.

A pied cela prenait environ le même temps, mais là il fallait porter ses bagages.

mfile1930En plus des toiles et des commentaires, ainsi que des extraits des récits de philosophes et écrivains ou artistes comme Erasme, Montaigne, Lamartine, Goethe, Heine, Stendhal, Lord Byron, Alexandre Dumas (saviez vous qu’il fut ministre des Arts sous Garibaldi ?), l’exposition apporte quelques instruments « pratiques » tels 

  • argent et papiers, passeports, lettres de change, balances et pesons, des détails sur la complexité des monnaies d’un pays à l’autre

  • canifs à multi-lames (les ancêtres de nos « victorinox »), à la fois couteau, fourchette, etc

  • une chapelle de voyage

  • une pharmacie de voyage

  • cartes et guides touristiques (ancêtres du « routard » en quelque sorte)

  • des répliques d’un coche de voyage, mais aussi des bateaux : sur les canaux = coche d’eau (un chaland hélé par des chevaux) – sur mer = felouques et brick.

  • cadrans solaires

  • boussoles et une boussole de carrosse

  • anneau altimétrique universel avec étui à tables des latitudes

  • cadran solaire en colonne dit « montre du berger »

  • horloges et montres diverses

  • sans oublier ce qui a été pour moi une révélation véritable car j’ignorais que la légende des bottes de sept lieux du Petit Poucet était basée sur les bottes de courrier = au 17ème siècle les postillons utilisaient des bottes entre deux relais de poste, séparés d’une distance de sept lieux. Les énormes bottes utilisées par les postillons avaient la particularité de s’adapter au porteur.

C’est pour cela que le Petit Poucet put chausser les bottes de l’Ogre sans problème !

Et je suis évidemment enchantée …. comme dans le conte d’avoir appris l’origine de la légende.

Les œuvres exposées sont celles d’artistes peu connus (Sain, Palamades, van Winghen, de Bie, Boudewijns).

L’exposition parcourt l’itinéraire de la célèbre « querelle du coloris », querelle fameuse entre dessin et peinture, dont j’aurai le plaisir de reparler sous peu suite à une formidable conférence à laquelle j’ai eu le privilège d’assister.

Rome était célèbre pour le dessin, Venise pour la couleur.

Bruxelles était un passage incontournable également pour qui désirait choisir un carrosse car les manufactures Simon étaient particulièrement renommées pour leur qualité.

Pourquoi partir ? pour découvrir une autre manière de dessiner, de vivre. Lorsque la décision était prise et bien prise, les conseils de prudence étaient émis avec des directives bien précises afin d’éviter les tentations telles le jeu, la boisson et autres attraits ; se méfier aussi des compatriotes déjà en route et demandant une aide financière pour poursuivre la route, ou simplement payer des dettes … Inutile de dire qu’on ne revoyait pas ses espèces sonnantes et trébuchantes. Ceux qui veulent arriver vite peuvent prendre une chaise de poste, mais le « vrai » voyage  se fait à pied et à cheval.

On conseille aussi de ne pas prendre la malle-poste, considérée comme un luxe pour les riches ignorants qui ne « voient » pas le paysage avec des yeux d’artistes.

Maximilien Misson fut le  créateur de ce que l’on pourrait qualifier du « Guide Michelin » actuel ; son ouvrage fut d’ailleurs interdit par l’Eglise en raison de la critique qu’il formulait sur les taxes à payer aux frontières. A cette époque, l’Italie était constituée d’une mosaïque d’états (duchés, petites principautés), chacun de ces états comportait un poste-frontière où il fallait payer les taxes pour pouvoir traverser.

On part donc du Nord – à travers les paysages brabançons (un joli tableau du 17ème peint par Van der Meulen illustre cette contrée).  Quelques toiles illustrent l’itinéraire le long des canaux, fleuves, rivières ; pour moi ce furent les plus jolis tableaux de l’expo, mais cette appréciation est seulement basée sur mes goûts personnels.

Ici, une toile exprime toute la frayeur d’un passage sur une mer du Nord particulièrement houleuse ; un commentaire d’Albert Dürer exprime la peur et la détresse (commentaire extrait de ses « Carnets de voyage aux Pays-Bas »).

Les peintres voyagent avec un matériel léger, il faut prendre quelque temps à contempler, dessiner, se rassasier les yeux et le cœur des spectacles de la nature ; cependant on ne peut prendre trop de temps à peindre en cours de route, d’où de nombreuses esquisses à la plume, croquis rapides au crayon, à l’encre de Chine.

L’ambiance sur les routes et dans les auberges = il y a les bonnes et les mauvaises auberges et pas seulement dans les grandes villes ; bourgs et villages ont aussi leurs mauvaises adresses.  Un changement de propriétaire peut signifier un changemnt dans la qualité du lieu, ce qui rend les recommandations difficiles.

Arrive alors le difficile passage de la Savoie au Piemont, avec les Alpes et leur climat rigoureux ; il est utile de se munir de fourrures ; le froid est piquant, les vents vigoureux, les routes côtoient de profonds abîmes, une chute des neiges surgit de manière inattendue en raison des bourrasques (très belle illustration par Abel Grimmer, 16ème siècle, de ce passage des Alpes). 

Et enfin la récompense après toutes ces épreuves physiques et morales  : l’arrivée à Rome !

Stendhal dans ses « Promenades à Rome » et Balzac dans les « Lettres à Madame Hanska » en parlent avec enthousiasme.

Le voyageur, l’artiste, l’intellectuel, le savant, découvrent émerveillés les palais, les palaces, les fontaines, les statues, les ponts, les vestiges : ruines du Colisée, le Capitole, le Forum Romanum où les vaches qui paissent ont remplacé Cicéron et autres orateurs.

Le Forum est alors appelé Campo Vaccino ou Champ  des Vaches !

Ceux qui vont à Venise ne doivent pas y laisser les gondoles, mais bien au contraire utiliser ce mode de circuler sur les canaux ; en avoir une à soi n’est pas coûteux et fort utile. Ne pas oublier de choisir la place de gauche, parce que c’est la bonne place pour tout voir, le gondolier se tenant à droite, ce qui bouche la vue, alors qu’il est tellement beau ce soleil couchant sur la lagune.

Au Sud de Rome, il y a Naples, but ultime des voyageurs. Les antiquités de Naples, sa population bon enfant plaisent aux voyageurs.

Le poète allemand Heinrich Heine signale – avec un certain agacement – la présence des Anglais en grand nombre.

Une superbe aquarelle d’Abraham-Louis-Rodolphe Ducros représente le tempe de Minerve à Baia ; cette aquarelle avec des rehauts de gouache offre un rendu de la roche qui est une pure merveille !

Aussi de lui, une toile à la plume et au lavis avec encre de Chine représente les Jardins de la Villa Farnèse, avec une formidable minutie, une précision dans les détails de la végétation grimpante – j’ai eu l’impression qu’à elle seule cette œuvre représenté toute la beauté des jardins d’Italie.

Les ruines des cités sont occupées par les ateliers d’artistes (les « studii »), on les trouve aussi dans les cours, les avenues des palais. Certains sont tellement renommés qu’il est difficile d’y trouver un poste.

Naples et sa région sont dépeintes par d’autres œuvres que les paysages ; la vie autour des fontaines avec l’étude des habitants aux costumes colorés permettent au visiteur de se faire une opinion sur les costumes régionaux, sur la vie dans les campagnes.

Il est conseillé au voyageur d’acheter de quoi se nourrir et boire sur les marchés, afin d’éviter les repas coûteux et peu appétissants des auberges où il loge.

Je terminerai mon exposé par la question à 10 sous : quelle est  l’origine de l’ expression « Tous les chemins mènent à Rome » ? => Elle est inspirée par les voies romaines, construites en étoile autour de la ville de Rome afin de permettre aux marchandises d’arriver facilement dans cette ville. Elles étaient suffisamment larges pour que deux chars puissent se croiser ; il y avait même des trottoirs afin de permettre aux piétons de circuler sans danger.

On dit que « tous les chemins mènent à Rome » afin d’illustrer le fait qu’il y a différentes méthodes d’atteindre un objectif ; il n’y a pas une seule solution.

En tout cas, moi j'ai plusieurs chemin vers le joli musée d'Ixelles où j'ai pu aller à la rencontre de cette exposition plus intéressante par le texte que par l'image.

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