SENZA TITOLO

Dans le hall d’accueil du palais des Beaux-Arts (pardon le BOZAR), sous la verrière, est exposée une œuvre monumentale de l’auteur italien Maurizio Cattelan.  L’œuvre s’intitule « Senza Titolo » (Sans titre).

Il s’agit d’un cube géant de terre fraîche, grasse, dans laquelle est planté un gracieux olivier. L’œuvre a déjà été exposée à Turin, la ville d’Italie la plus branchée à l’heure actuelle, mais elle pourra être reconduite n’importe où selon les directives de l’artiste.

Le piédestal surdimensionné est fait pour « troubler le visiteur » (selon la dialectique de l’inversion des échelles).

Le symbole traditionnel lié à l’olivier (le sacré) est donc contredit par ce cube gigantesque représentant l’attachement à la terre.

En tout cas, à titre personnel j’espère qu’un jour les seuls arbres qui nous resteront sur cette terre que nous saccageons ne seront pas réduits aux œuvres de l’artiste italien.

Né à Padoue en 1960, Cattelan est devenu l’un des artistes contemporains les plus collectionnés ; il est une superstar de l’art contemporain. Bref un incontournable. Qui aime la provocation comme beaucoup de créateurs en art contemporain ; il va faire parler de lui par cette provocation justement, la surprise et aussi par le détournement d’objets de leur but original.

Maurizio Cattelan est paraît-il un gamin des rues, qui fit toutes sortes de petits boulots, sans grand succès d’ailleurs. Licencié de pratiquement partout, il travailla même à la morgue ; peut-être est-ce de là que lui viendra son goût pour le macabre. Il fabrique alors des petits meubles en bois qu’il tente de revendre et cette initiative lui permet d’entrer dans le monde du design.

Il fait éditer un catalogue de ses travaux qu’il envoie aux galeries, une action promotionnelle qui lui permet une percée dans le milieu du design et de l’art contemporain.

Pour provoquer la surprise, il plante des oliviers dans la cour d’institutions, présente une autruche empaillée la tête dans le sol, se promène déguisé avec une tête géante de Pablo Picasso, transforme son galeriste parisien en lapin rose et phallique.

Dans un moment de mécontentement, il a même accroché son galeriste milanais avec du ruban adhésif sur un mur pour qu’il se vende lui-même.

Il crée même un magazine « Permanent Food » dans lequel sont publiées des images volées aux autres magazines !

Il a même fait pédaler sur place les gardiens du musée où on lui avait demandé d’exposer.

Certains l’ont surnommé « le Buster Keaton de l’art contemporain », d’autres moins gentiment le surnomment « l’idiot du Village » (référence à l’East Village où il est installé désormais).

Actuellement, et ce depuis 1990, Maurizio Cattelan vit à New York.