LENCLOS OU LA LIBERTE, d'Hippolyte Wouters

Ninon de Lenclos raconte ses souvenirs à un jeune abbé, épris d’elle, comme tous les hommes qui l’ont approchée. Lenclos et Maintenon se sont croisées, jeunes, dans les salons à la mode ; elles ont peut être aussi partagé certains amants car Françoise d’Aubigné, future Marquise de Maintenon, n’a pas toujours été le parangon de vertu qu’elle devint à la fin de sa vie.

L’une aimait la liberté et était une femme de plaisir, l’autre était ambitieuse et femme de pouvoir ; toutes deux réalisèrent leurs buts.

Hippolyte Wouters est un avocat belge, donc habitué à jongler avec les mots. Il a produit quelques publications juridiques et littéraires, dont cette très jolie pièce de théâtre - en alexandrins SVP - sur l’hypothétique rencontre entre Ninon de Lenclos et Françoise d’Aubigné, alias Madame de Maintenon.

L’auteur se défend d’avoir écrit une pièce historique ; je partage cependant son admiration pour les idées de Ninon de Lenclos, pour sa force de caractère et son esprit de liberté. Lenclos vécut cette liberté jusqu’au bout, quitte à encourir les foudres royales. Je soupçonne cependant Wouters d’être amoureux de son sujet, comme le furent tous les hommes qui approchèrent la belle Ninon.

Hippolyte Wouters s’est basé sur les écrits de Saint-Simon pour que le contexte de sa pièce se rapproche le plus possible de la réalité historique ; ce dernier aimait (lui aussi) Lenclos et jugeait Maintenon plutôt sévèrement. L’une mit son intelligence au service de son coeur, l’autre mit son coeur au service de l’intelligence (dixit Wouters) ; Françoise d’Aubigné recherchait désespérément la respectabilité, Ninon de Lenclos n’en eut que faire !

Cette pièce a été conçue au départ pour être présentée dans les salons privés ; elle requiert peu de mise en scène. Sur scène cependant, elle ne perd rien de son charme ni de sa vivacité ; le texte en alexandrins peut paraître désuet à la lecture, mais joué au théâtre, il est charmant.