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mon bonheur est dans la ville
9 juillet 2009

CON LA MORTE NEL CUORE, de Gianni Biondillo

product_981637Michele Ferraro – surnommé « Chiodo » ou « Ciod » par ses amis d’enfance - inspecteur dans le « Quarto Oggiaro », à Milan, en a assez d’être policier, il voudrait reprendre ses études universitaires mais il sent bien que ça ne commence pas si bien que cela : son futur professeur est un ancien compagnon d’études avec qui les relations n’étaient pas extraordinaires et qui semble se réjouir de lui poser les questions sur ses motivations …

D’un autre côté, son ex-femme lui rappelle un peu trop souvent ses retards de paiement de la pension alimentaire, pourtant il la paie non ? c’est pas possible comme les femmes sont impatientes. Heureusement il y a sa fille, l’adorable Giulia qu’il ne voit malheureusement pas assez.

Et puis il y a les collègues, Comaschi qui n’arrive pas à aligner deux lignes sérieusement et Lanza, qui par contre ne semble pas savoir qu’il existe quelque chose appelée « plaisanterie », mais avec qui les relations sont bonnes. A la différence du commissaire Zeni et du commissaire principal De Matteis ; le premier semble prendre un malin plaisir à contrarier les horaires de Michele qui a pourtant besoin (et droit) à du crédit d’heures. Pour ses deux supérieurs, Ferraro est un paresseux qui passe plus de temps devant la machine à café qu’à travailler … tu parles, comme si on avait envie de boire ce café-là !

Bref Michele Ferraro n’assume plus vraiment le quotidien de son commissariat et pourtant il va devoir assurer car dans la périphérie milanaise où innocents et coupables se ressemblent, il se passe de plus en plus de choses désagréables où interviennent peut-être les « Familles », celles qui veulent gagner tout le territoire pour leurs trafics ; parmi ces trafiquants, il y en a un particulièrement difficile à trouver, surnommé « le Diable » en raison de son manque total d’humanité ; les inspecteurs vont se retrouver face à la filière slave, avec un assassin qui n’a rien à perdre.

Ce polar est le second écrit par Gianni Biondillo, la trame toutefois est nettement plus compliquée qu’il n’y paraît.

De multiples personnages passent et repassent à travers les pages, on saute un peu du coq à l’âne, du moins c’est la première impression que l’on en a, en suivant les pensées de l’inspecteur Ferraro ; on suit une enquête, cependant d’autres petites enquêtes viennent s’y ajouter et les inspecteurs du commissariat du « Quarto Oggiaro » ne savent parfois plus par où commencer.

Sans oublier les relations avec la presse qui critique la lenteur des enquêtes, les relations avec les supérieurs dont la technique semble être la même partout : diviser pour régner !

Les relations entre collègues sont relativement bonnes par contre, notamment – pour Ferraro – avec Comaschi qui a des commentaires comiques sur tout, dont le sens de l’humour compense celui qui manque à l’inspecteur Lanza.

Que l’on ne si trompe pas, sous le ton volontairement ironique, suscitant de nombreux sourires et un petit rire, parfois teinté d’amertume comme les commentaires du personnage principal, le sympathique Michele Ferraro, qui adore sa fille, qui n’arrive pas à totalement se détacher de son ex-femme et qui donc déteste cordialement le nouveau compagnon de cette dernière, « Con la Morte nel cuore » est un roman « noir », un peu dans le style de Chandler ou Hammett dont les principaux protagonistes se mouvaient aussi dans l’ironie, tout en affrontant des situations dramatiques.

J’ai vraiment beaucoup apprécié le ton et l’écriture ; « Con la morte nel cuore » est écrit dans l’italien de tous les jours, possède des passages très bien écrits et d’autres – heureusement pour moi – pas trop nombreux en dialecte calabrais. Là j’avoue avoir plus deviné qu’autre chose, d’ailleurs je me suis consolée en constatant que l’inspecteur Ferraro n’y comprenait strictement rien non plus !

Le romancier Andrea Camillieri utilise parcimonieusement le dialecte sicilien dans ses romans mais là j’ai plus de facilité à comprendre car il n’y a finalement pas une énorme différence dans la manière d’écrire et une fois qu’on a compris le mécanisme, ça fonctionne. Ici, avec le dialecte calabrais ce ne fut pas le cas, mais comme je l’ai dit, ce ne furent que de courtes phrases.

Le titre « Con la morte nel cuore » fait référence aux sentiments sombres qui nous agitent tous et nous conduisent parfois jusqu’à cette frontière si facile à franchir vers la mort.

Edimbourg a son inspecteur Rebus, Bruges a son commissaire Van In, Venise a Guido Brunetti, désormais Milan a son inspecteur Ferraro qui nous permet aussi de découvrir l’autre côté de la ville, inconnue aux touristes, celles des sans-abris, des trafiquants à la petite semaine, les truands de plus grande envergure, mais aussi de tous ceux qui font qu’une ville vit : petits restos, bars, etc.

C’est là que Ferraro a grandi, que se sont formées ses amitiés, ses amours. Le tout raconté sur un ton de bonne humeur très souvent contagieuse car j’ai beaucoup ri aux échanges verbaux entre les inspecteurs au cours de leurs balades professionnelles, qui passent bien sûr par la trattoria ou le bar, là où le café est valable.

Dans son premier opus « Per Cosa si uccide », il semblerait que ce fût tout le centre de Milan qui était mis en vedette, ici on se retrouve à la périphérie de la grande cité.

Je n’ai pas le premier livre de Gianni Biondillo mais je sais qu’il vient d’être adapté en français sous le titre « Pourquoi tuons-nous ? ».

biondilloEn tout cas, pour moi, « Con la Morte nel cuore » a été une intéressante et divertissante découverte.

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