Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
9 juillet 2009

DELITTI A CINECITTA, d'Umberto Lenzi

delitti_a_cinecitta_1200685A l’évidence, la vie de Bruno Astolfi n’est pas au beau fixe en ce printemps 1940.

Dénoncé pour activités anti-fascistes par un collègue, pour avoir entre autres refusé de s’inscrire au parti fasciste, il a été obligé de quitter un avenir pourtant prometteur au sein de la police italienne.

Sur les conseils de son ex-belle-sœur Elena il est devenu détective privé ; loin de lui les enquêtes dans le style des « privés » à l’américaine. On lui propose surtout des cas de filature d’épouse, maîtresse ou mari supposés infidèles.

L’avenir se présente quelque peu moins sombre tout à coup lorsqu’un copain lui propose de le suivre à une soirée organisée par les idoles du nouveau cinéma italien, le couple formé par les charismatiques Osvaldo Valenti et Luisa Ferida.

L’affaire est pour le moins surprenante : Luisa Ferida a échappé de peu à un accident de la circulation qui n’était pas réellement fortuit ; ce même jour elle avait reçu un billet où figuraient deux dates : 23 aprile 39 – 23 aprile 40.

Pour le couple d’acteurs, ces dates ne signifient rien mais Astolfi est convaincu que la clé de l’attentat contre Luisa est là. Il accepte donc cette enquête, d’autant plus que la somme que lui offre Osvaldo

Il fait donc quelques recherches et découvre que le 23 avril 39, une ravissante figurante Giuliana-Mais a été renversée par une voiture ; le conducteur ne s’est pas arrêté et la jeune femme est décédée de ses blessures, seule dans la nuit, sur la route.

La première tentative d’assassinat sur « la Ferida » ne sera pas le seul ; un projecteur tombe du décor, pratiquement à l’endroit même où se trouve l’actrice qui échappe par le plus grand des hasards à cette chute provoquée. Peu après, c’est un coup de carabine dirigée sur elle qui la rate de peu, tuant un jeune figurant.

Un autre jeune homme travaillant dans le monde du cinéma a également perdu la vie, alors qu’il avait appelé le détective pour lui révéler certains faits.

Entre alors en scène la némésis d’Astolfi, le commissaire Patanè qui le déteste vraiment, au point de lui tenter de lui coller le meurtre des deux jeunes gens sur le dos ; pas de chance, le privé a un alibi valable dans chaque cas. Cela n’empêchera pourtant pas la perquisition de son appartement-bureau.

Chaque fois que Bruno Astolfi pense avoir enfin trouvé une piste valable, celle-ci se termine en cul-de-sac et il désespère d’arriver découvrir le coupable. Par la tante de la jolie Giuliana il a découvert que celle-ci avait un amant secret ; il s’agit donc bien d’actes de vengeance, mais quelque chose ne colle réellement pas dans cette histoire, Luisa Ferida et Osvaldo Valenti n’ayant pas de lien avec ce qui s’est produit le 23 avril 39. Ou alors l’un d’eux lui cache bien son jeu.

Sa vie à lui Astolfi sera plusieurs fois mise en péril jusqu’à ce que, par le plus grand des hasards, un indice le mette enfin sur la voie du vrai coupable.

Quel agréable divertissement que ce « giallo » (polar italien) ; non seulement l’intrigue est bien amenée, mais qui plus est on découvre le cinéma des années 40 à Cinecittà, cette Hollywood italienne créée par le Duce (Mussolini) afin de donner encore plus de dorures à son blason.

Dans cette histoire contée sur un ton particulièrement ironique, voire acerbe, nous fait entrer de plein pied 200px_Alessandro_Blasettidans l’histoire du cinéma italien ; on croise dans le roman le réalisateur Alessandro Blasetti, auteur du film « La Corona di ferro » dans lequel jouent Valenti et la Ferida.

Toutefois, sur les plateaux de Cinecittà, en même temps que le détective qui enquête, le lecteur a le plaisir de découvrir Vittorio de Sica, Alida Valli, Totò, Amedeo Nazzari, ainsi que l’assistant-réalisateur Renato Castellani (scénariste plus tard de "Mariage à l'italienne" avec Sophia Loren et Marcello Mastroianni).

za_01Dans un train qui le ramène vers Rome, après un déplacement dans le cadre de son enquête, le privé aura même le plaisir d’avoir une intéressante conversation sur les romans noirs américains et le privé « Sam Spade » avec Cesare Zavattini, scénariste du néo-réalisme italien, et plus particulièrement du « Ladri di biciclette » et d’autres films de Vittorio de Sica.

Bref un roman particulièrement attrayant pour les amateurs de polars bien ficelés mais tout autant pour les amateurs de cinéma qui auront accès aux coulisses d’un film, avec décors et costumes.

valenti     s_sans_titreluisa_ferida   Les acteurs Osvaldo Valenti et Luisa Ferida, les héros du roman, victimes d’une vendetta, seront fort compromis par le régime de Mussolini. Transférés à Milan au printemps 44 en qualité de lieutenant de marine de la flotille du prince Borghese, le couple y rencontre un certain Koch, tortionnaire de résistants et opposants au régime.

Lorsque Milan se soulève contre le régime fasciste, le couple se livre spontanément mais alors qu’ils espéraient négocier avec les partisans à la fin de la guerre, ils seront abattus sur le champ durant la nuit du 30 avril 45.

Le couple vient de faire l’objet d’une adaptation cinématographique de leur vie, avec Monica Belluci dans le rôle de Luisa Ferida.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 288
Archives
Derniers commentaires
Publicité