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mon bonheur est dans la ville
2 mai 2013

LE TESTAMENT D'ARIANE, de Françoise Bourdin

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Lorsqu’Ariane Nogaro disparaît, la lecture de son testament plonge sa famille dans une sorte de chaos = c’est Anne, sa nièce qui hérite de tout. La bastide et toute la pinède alentour.
Ainsi que de quoi payer les droits de succession.
Tollé général, pour la belle-sœur d’Ariane c’est son époux Gauthier, frère d’Ariane, qui aurait dû être le bénéficiaire de cette propriété qui aurait plongé leurs enfants dans le confort matériel. Pourquoi Anne ? parce qu’elle était la seule à rendre visite à la « vieille toquée » comme la surnommait sa belle-sœur, sa nièce Lily, son frère surtout.
Les neveux, frères d’Anne, même s’ils sont un peu déçus de ne pas avoir un tout petit morceau du gâteau, s’en fichent finalement. Après tout, Anne était la seule à réellement aimer la vieille dame à qui elle rendait visite régulièrement. Leur petit goûter lui plaisait et faisait plaisir à Ariane.
Evidemment, à présent, pour la mère d’Anne, celle-ci aurait parfaitement joué le jeu, avançant à chaque visite les pions dans la bonne direction.
D’autant plus que renseignements pris, la bastide et le domaine sont un vrai pactole.
 

Anne est un peu sonnée par cet héritage et les réactions suscitées ; quant à son mari Paul, n’en parlons même pas, il est persuadé qu’Anne vendra au plus vite, lui cette vieille baraque comme il appelle la bastide, il n’en veut pas. Ce qu’il veut c’est que dans sa vie bien organisée de vétérinaire à succès, entouré de SA femme, SON fils, SON associé et ami, rien ne change.
Il va rapidement déchanter lorsqu’Anne reconnaît apprécier la bastide et avoir fort envie d’y vivre – tout à coup le couple se découvre une faille qui va rapidement tourner à la mésentente totale. Existait-elle cette mésentente avec l’héritage en guise de catalyseur ? En tout cas, leur fils est enchanté, lui la bastide, proche de l’océan, du surf, des balades à vélo dans les pinèdes, il apprécie et est prêt à donner un coup de neuf à la vieille maison pendant ses vacances scolaires. Autre coup dur pour Paul qui espérait, inconsciemment se faire un allié de son fils. 

Un autre coup de pouce pour Anne va venir de son frère Jérôme, le « glandeur » de la famille, celui qui n’a pas d’attaches, qui apparaît, disparaît après avoir reçu un peu d’argent de ses parents, qui n’est pas pressé de se trouver un « vrai » travail comme dit sa mère.
Alors cette bicoque, pour Jérôme, c’est une aubaine. Il se sent prêt à manipuler Anne pour y rester quelque temps puisqu’il n’a nul endroit où aller.
Logé et nourri ! la belle vie quoi !
Lorsqu’il réalise à quelle hostilité Anne fait face, Jérôme  comprend que pour la première fois de sa vie, malgré 15 ans de vie bien réglée, Anne aspire à une certaine liberté. Il suggère alors de transformer la bastide en maison d’hôtes – il a même plein d’idées le « glandeur ». Anne est rapidement conquise par l’idée, bien que cela signifie le naufrage de son mariage.
Si seulement Paul s’était montré moins intransigeant, si pour une fois, il avait accepté son point de vue, mais non, c’était la bastide ou lui !

En mettant de l’ordre dans les affaires de sa tante, Anne découvre les journaux intimes d’Ariane, où celle-ci se dévoile avec humour et cynisme.
Le seul but de sa vie, depuis ses 18 ans – année de la ruine de la famille Nogaro – était de récupérer SA bastide, peu importe les moyens – même les mauvais mariages. 

Anne découvre non seulement la vie d’Ariane, mais en apprend aussi un peu plus sur son père, frère de la morte, sa mère et le reste des petits Nogaro.
Qui ne trouvèrent guère grâce aux regards peu indulgents d’Ariane, sauf cette petite Anne justement, espiègle, pleine de fantaisie, peu appréciée de sa mère. 

Comme le dit le notaire, ami d’Ariane et conseiller d’Anne, les héritages révèlent parfois bien des brèches dans les familles.
Ariane se doutait-elle, cependant, que son legs signifierait tant de difficultés dans le couple de sa nièce?

Un commentaire quelque part disait qu’on ne peut définir Françoise Bourdin comme une « romancière du terroir » - que faut-il alors pour répondre à cette définition ?
La manière dont l’auteure décrit le pays des Landes, les bords de l’Atlantique, l’océan avec ses embruns et ses gros rouleaux, la description de cette maison aussi, qui – je le suppose – correspond bien au pays … Sans oublier les parfums de la nature eux aussi - pins, océan...

Beau portrait de femme que celui d’Anne, désireuse de se libérer des carcans familiaux et sociaux, décidée à se prendre en charge, à enfin vivre une vie qu’elle s’est choisie et non plus le choix que l’on avait fait pour elle et dans la routine duquel elle s’enfonçait sans réellement s’en rendre compte.
Lorsqu’on pense être heureux, il suffit parfois d’un  petit déclic pour réaliser que ce bonheur, même s’il avait des résonances de réalité, était un peu factice.

J’ai apprécié également la lecture du journal d’Ariane, où elle se dépeint sans complexe, en femme détestant les conventions et désireuse de récupérer « sa » bastide, à n’importe quel prix, même celui de se vendre et de ne pas réussir à être heureuse si elle n’accomplit pas cette promesse faite à elle-même.
Personnellement, étant peu attachée aux choses, je ne comprends pas trop l’obsession que peut provoquer une maison, mais par contre je comprends à quel point elle aime la région où elle a grandi.

Les différents personnages de l’histoire sont complexes eux aussi – le mari d’Anne n’est pas un mauvais homme, simplement il n’accepte guère qu’on lui dise « non », sa vie à lui est comme lui l’a décidé et les autres n’ont qu’à suivre ; je comprends aisément qu’Anne n’ait plus supporté la situation, lorsque la réalité lui est apparue.

Les autres membres de la famille Nogaro ont leurs défauts et qualités eux aussi, mais moi qui fantasme sur la famille, lorsque je lis cela, je me dis qu’au fond, enfant unique c’est pas si mal que ça,  ma mère étant aussi toxique que celle d’Anne.
Quant à avoir une sœur comme la « belle » Lily, merci bien, je passe.
Le père d’Anne, finalement, frère d’Ariane, tire relativement bien son épingle du jeu – mais c’est surtout parce qu’il veut la paix.
Comme je comprends son refus de combat, de confrontation, c’est tellement fatigant ces gens qui veulent toujours des explications, qui estiment qu’il faut vider les abcès, etc etc.
Non on ne doit pas toujours vider les abcès, régler les différends – s’il y a différend c’est qu’au départ, il n’y avait pas de véritable compréhension, d’empathie ; avec ces manies de vouloir que tout s’arrange par des explications, il arrive que l’on crée une brèche, qui pousse à la réflexion sur la profondeur de l’amour ou de l’amitié.
Ce n'est pas de l'hypocrisie, c'est seulement une envie de paix.

J’aime beaucoup le portrait de la petite belle-sœur japonaise d’Anne, petite mère courage fleuriste de talent, que le besoin pathologique  d’enfant  plonge pour quelque temps dans une dépression bien réelle.
Quant aux 2 frères d’Anne, ils sont aussi différents que peuvent l’être deux frères, mais c’est celui que tout le monde méprise qui se révèle le plus enthousiaste quant aux projets d’Anne, celui qui la manipule un peu, mais n’est certes pas jaloux de cette maison qui lui est tombée dans le giron.
D’autres personnages, bien sûr, traversent ce roman, avec plus ou moins d’importance, comme l’associé du mari qui semble mieux comprendre Anne que son ami.

Je suis très impatiente, comme Anne,  de découvrir la suite du journal d’Ariane – cela ne saurait tarder, une copine me l’ayant  prêté.

Merci à Manu pour m’avoir passé le premier tome de l’histoire des Nogaro, une plaisante lecture, où certaines situations m’ont fortement interpelées.
Son joli  billet ici.

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Commentaires
A
Je note, mais pour ma sœur. Elle aime ces histoires de famille un peu compliquée. Bon, je le lui emprunterai comme ça je pourrai profiter du roman sans devoir me demander où je vais bien pouvoir le ranger. :lol: C'est pratique les sœurs.
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N
J'avais lu quelques romans de Françoise Bourdin et je les avais beaucoup appréciés. De même les réalisations pour le petit écran de deux ou trois de ces romans.<br /> <br /> Il faudrait bien que je m'y remettes un peu.... ne serait-ce que pour lire ses descriptions des paysages océaniques qui t'ont tant séduite. :-)
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M
J'avais bien aimé ce premier tome mais finalement, je n'ai jamais reçu la suite et donc pas lu. Et depuis le temps, et bien, j'ai tout oublié :( et plus envie de relire.<br /> <br /> Merci pour le lien :-)
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T
Une maison de famille c'est surtout des souvenirs heureux. Le jour où il faut s'en séparer c'est souvent que des êtres chers ont disparus et perdre un lieu où leurs souvenirs, leur essence est encore là, c'est une nouvelle disparition.<br /> <br /> <br /> <br /> Bien sur quand au contraire elle rappelle surtout la perte et la souffrance, c'est une autre histoire.
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M
Je note ce roman Niki, Je suis sûre qu'il va me plaire. Tu nous en fais un bon résumé!! :)
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