EXIT THROUGH THE GIFT SHOP, de Banksy
Titre français = Faites le mur !
Documentaire ou fiction ? disons docu-fiction et l’on sera peut-être dans le vrai sur ce film quelque peu déjanté, axé sur l’art du graffiti ou « street art ». Finalement le film est entré dans la catégorie « mockumentary » (un vrai faux documentaire).
Titre initial (français) prévu = Banksy souhaitait donné le titre de « Comment vendre de la m**** à des c*** ».
Le film est le premier de Banksy, icône du « street art », en tant que metteur en scène ; dans la scène d’introduction de son « documentaire », il nous explique qu’en fait le film devait être tourné par un Français vivant à L.A., un enragé de tournages de films personnels, et dont Banksy était l’idole.
Banksy est un artiste britannique qui entretient son mystère, qui fuit les médias autant que possible, ne se présente que portant un masque et un sweatshirt à capuche.
Finalement, toujours avec le même humour caustique, Banksy confirme au spectateur que le film tournera autour du « filmeur », ce qui donne en définitive un effet de « jeu de rôles ».
Ce dernier Thierry Guetta, alias « MBW », « Mr. Brainwash », Français expatrié à Los Angeles, ayant commencé sa carrière dans le prêt-à-porter « vintage » (« je rachète des frusques à 50 $, je te les vends 500 $ ») serait peut-être, indirectement, une autre création de Banksy.
Après avoir accompagné et filmé de nombreux graffeurs (et non tagueurs) dans les rues de San Francisco, Paris, Thierry Guetta finit par rencontrer son idole, le fameux Banksy. Ce dernier finit par accepter sa présence, mais lorsque le moment vient de monter les bouts de films tournés, Guetta qui est tout sauf un cinéaste produit quelque chose qui selon Banksy « tenait du cauchemar d’un zappeur totalement allumé !).
Le graffeur a alors proposé à Guetta de se consacrer à autre chose, le temps de comprendre que faire comme film. C’est là que Thierry Guetta se transforme en « Mr. Brainwash », récupérant totalement le mouvement clandestin pour le transformer en objet à fric.
Je me suis beaucoup amusée à ce « docu-fiction », dont je ne suis pas encore totalement certaine d’avoir compris le concept, sauf s’il doit s’expliquer par le « jeu de rôles ».
Même si toute l’opération tient plutôt du canular qu’autre chose, je trouve que c’est réellement un document très intéressant sur un art conceptuel et l’art des rues des 20ème & 21ème siècles.
Si le graffeur se doit de travailler dans la clandestinité – ce que font encore les graffeurs, même reconnus comme Banksy, le graffiti reste un art et un état d’esprit particulier ; on n’a guère de compétition dans la rue, contrairement aux musées et galeries d’art où l’on est parfois en concurrence avec des grands maîtres (dixit Banksy).
Ce que les grands maîtres n’ont certainement jamais fait, c’est prendre les risques que prennent les graffeurs pour leur art = grimper sur des échelles pour peindre des murs d’ immeubles immenses, peindre du haut des ponts, devoir fuir devant la police en traversant à toute vitesse des voies de métro ou chemin de fer …
C’est plein d’humour caustique, c’est original, c’est quelque fois déjanté – on se demande si la mégalomanie de Thierry Guetta est réelle ou non.
D’autre part, le documentaire fait rencontrer des graffeurs célèbres aux USA tels Seizer, Neck Face, Cyclops, Monsieur André, Shepard Fairy.
Le film de Banksy a été montré en première mondiale au festival de Sundance en janvier 2010 – le texte en est dit par Rhys Ifan, le comédien et musicien gallois, qui raconte tout cela sur un ton très sérieux (et lorsqu’on connaît l’humour de cet acteur, on se doute qu’il a dû beaucoup s’amuser à dire le texte).
De toute façon, canular ou pas, le film a remporté un immense succès partout où il a été présenté (Sundance, Berlin, Deauville).
Bref j’ai passé une très chouette soirée en compagnie de mon fils aîné qui n’a pas pu s’empêcher de me dire = « tu vois que toi aussi finalement tu aimes les « graffs » !! Par ailleurs, ce documentaire, avec d’autres films sur le sujet, fait partie d’une rétrospective mise en parallèle avec l’exposition « EXPLO-SITION, l’art du graffiti à Bruxelles » au musée d’Ixelles organisée à l’occasion de la sortie du livre « Dehors » de l’historien d’art Adrien Grimmeau.
(Oui j’aime les graffitis, par contre je déteste les tags = grande différence, le graffiti est une fresque réellement artistique, qui apporte quelque chose à de vieux murs gris et moches. Par contre je déteste le tag qui est une bête et moche petite signature, qui ressemble plus à un scraboutcha qu’autre chose.)