LE TOMBEAU D'HELIOS, de Pierre Magnan

10 mars 2011

Une enquête du commissaire Laviolette et du juge d’instruction Chabrand

Si seulement le juge Chabrand n’avait pas eu une terrible envie de pommes achetée à la ferme, peut-être que cette sinistre histoire n’aurait pas encombré le bureau le commissaire Laviolette, seulement que voulez-vous, le petit juge est son ami et un ami c’est sacré !

C’est ce que ce sont dit cinq notables près de Manosque – amis depuis les bancs de l’école primaire, cette amitié a résisté au temps, aux mariages, aux enfants. Ils se fréquentent toujours : le propriétaire d’un domaine agricole, deux autres notables, le propriétaire d’un château transformé en hôtel de luxe (baisodrome selon Laviolette qui adore les métaphores imagées) et finalement, Sidoine Helios, un sculpteur dont la gloire n’est plus à faire et que le petit juge admire beaucoup.

Ils sont tellement bons amis qu’ils ont même créé une tontine, vous savez bien ce placement qui consiste à revenir au dernier souscripteur vivant, chaque part d’un décès s’additionnant au placement initial. Et le compte à rebours a commencé !

C’est d’abord Lafaurie, le propiétaire terrien, qui meurt en traitant ses pommiers avec le tracteur/pulvérisateur de pesticides – des pesticides auxquels un assassin a habilement ajouté des ampoules d’acide cyanhydrique destiné à se débarrasser des « nuisibles » (renards et blaireaux – bien fait je dis !).

Laviolette et Chabrand furent aux premières loges de cette mort accompagnée d’une odeur d’amandes amères – du coup l’enquête aboutit sur le bureau de notre Laviolette qui n’en est pas plus heureux que ça. Pas étonnant, dit-on dans son dos, qu’il n’ait pas d’avancement (s’ils savaient comme il s’en fiche).

Laviolette est tout sauf un enragé du travail – par contre c’est un enragé de la vérité et puisqu’on lui a confié cette affaire, il ira jusqu’au bout pour découvrir le coupable, car entretemps les autres signataires de la tontine ont aussi été assassinés à l’aide des ampoules d’acide cyanhydrique habilement disposées aux endroits voulus. Peu d’indices, sauf peut-être un cyclomotoriste qui se trouve dans les environs des crimes – mais qu’est ce que ça prouve !

En dehors du plus que sympathique commissaire Laviolette (je l’adore ! bin oui, un de plus à ajouter à ma collection d’inspecteurs chouchous avec Poirot, Holmes, Rebus, Henry Merrivale), on découvre une savoureuse galerie de portraits sympathiques ou très antipathiques – comme ces 5 amis, il n’y a que le sculpteur (et encore !) pour rattraper les autres.

Heureusement il y a les femmes, comme l’épouse et la fille du cultivateur.

J’ai beaucoup aimé le personnage de Bérénice Hermerance, la medium qui lit les tarots à tout le village, et son arrière-petite-fille qui apprécie beaucoup les bons mots de Laviolette et son humour pince-sans-rire.

Le contraste que Laviolette forme avec le jeune juge d’instruction Chabrand est très amusant aussi = Laviolette, particulièrement en rondeurs (toutes les chaises le craignent) et le petit juge qui ressemblerait plutôt physiquement au conventionnel Robespierre.

Une enquête assez compliquée avec quelques retournements de situation, une fin totalement inattendue, et de très belles descriptions de l’arrière-pays provençal, qui me font particulièrement aimer les romans de Pierre Magnan.

On sent littéralement le vent chargé de senteurs vous caresser le visage, où la fraîcheur de février et ses intempéries se mêlent au soleil presque printanier. Qui m’ont donné envie de faire ma valise et partir vers le sud. Les romans de Nicole Provence me font souvent penser au style de Pierre Magnan, avec cette alternance de poésie et d'intrigue policière.

Un polar passionnant avec une belle intrigue psychologique, un bon moment de lecture.

Posté par sheherazade2000 à 11:54 - Commentaires […] - Permalien [#]