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mon bonheur est dans la ville
2 mai 2010

LE MEPRIS, d'Alberto Moravia

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Titre original = Il Disprezzo (1954)

Richard Molteni, critique de cinéma, écrivain devenu scénariste, s’interroge = comment un mariage, qu’il définit comme « parfait », a-t-il pu soudain se briser ? pourquoi Emilie qu’il aime profondément s’est elle mise à le mépriser alors qu’ils allaient enfin avoir un peu d’aisance matérielle, après avoir vécu en meublé pendant deux ans.

Ricardo est un homme en plein déni – toute la situation lui échappe entièrement.

Habitué à tout contrôler, sa vie comme celle de son épouse, il ne comprend pas que soudain elle lui échappe alors que, comme il le dit, « j’ai fait tout ça pour elle ».  La vie qu’ils menaient lui apparaît, à lui, comme « parfaite » ; on a l’impression qu’Emilie était pour lui comme un petit « animal de compagnie », attachant et attaché à sa personne.

C’est la proposition du producteur Battista qui sera un premier pas vers l’écroulement de cet ensemble énoncé comme parfait. Pourtant, il aurait déjà dû s’apercevoir que l’apathie apparente dans laquelle vivait son épouse n’était pas un reflet du bonheur dans lequel lui disait baigner.

Même à Capri où ils rejoignent Battista et le réalisateur dans la villa du producteur, l’espoir de Richard pour que s’arrangent leurs relations ne se concrétisera pas. Tout comme ne se réaliseront pas ses rêves de réécriture de l’histoire d’Ulysse et Pénélope tel que lui la comprend dans Homère.

Face à ces problèmes de couple, la vie de Richard devient un questionnement existentiel sur ses propres motifs. Quitté définitivement par Emilie, il ne lui reste plus que l’introspection sans réponse.

Porté à l’écran par Jean-Luc Godard quelques dix ans après, je suis tout aussi enchantée d’avoir reçu le livre en prêt de mon copain Denis; généralement lorsqu'un livre me plaît, je ne le lâche pas, mais là je l'ai lu très lentement, l'abandonnant parfois pour autre chose, afin d'y revenir et de le savourer encore plus.

Il y 5 ans, alors que j’avais seulement un an d’étude de l’italien derrière moi, j’avais été assez présomptueuse de m’imaginer que cela suffisait à entrer dans ce type de roman , je l’avais donc abandonné et donné à ma prof, qui m’avait pourtant conseillé la patience (comme si j’étais capable de patience pour un livre !)

PIBDu coup, abandonné « Il Disprezzo » ; j’ai attendu d’avoir vu le film pour entamer le roman sur ce couple en situation de « désamour ». Cette fois – et bien que je maîtrise désormais suffisamment la jolie langue italienne pour le lire « dans le texte », j’ai choisi de le lire en français puisque Denis me le prêtait, je ne devais donc pas attendre qu’il me soit commandé en italien (quand je le disais que je n’étais pas patiente !)

De manière assez surprenante, et bien que tout se passe à Rome et baigne dans une ambiance réellement post-seconde guerre mondiale en Italie, j’ai eu une impression de roman « anglais », à la manière d’une Barbara Pym ou d’une Elizabeth Taylor (pas la star de l’écran).

Tout y est en demi-teintes, en questionnement empreint de mélancolie et de tristesse.

Le narrateur, dans une sorte d’autobiographie, Richard (Riccardo dans le V.O.) est un homme qui ne comprend vraiment pas ce qui se passe, la manière dont il décrit son épouse Emilie (Emilia en V.O.) et leurs relations est souvent  condescendante : il est l’intellectuel, qui a épouse une dactylo jolie mais inculte. Je ne vais pas dire que je l’ai trouvé particulièrement sympathique, mais bon Moravia n’était pas non plus le champion du féminisme à l’époque du roman, même s’il était marié à la formidable Elsa Morante.

Lente narration, longue introspection, c’est vraiment  peu dire que j’ai adoré le roman – mon manque d’empathie avec Richard n’a rien à voir dans ce que j’ai ressenti tout au long de cette introspection.

Tout couple traverse des périodes où l’amour est moins fort, ici ces périodes mènent au mépris d’Emilie pour son époux et on ne saura jamais vraiment bien pourquoi ; tout ce qui lui reste, à lui, sont ses suppositions – qui ne sont que cela : des suppositions, elle ne voudra jamais lui donner ses raisons.

Il faut toutefois laisser à Richard le bénéfice de ne pas juger son épouse, néanmoins  cela n’enlève rien à une certaine condescendance dans son récit.

« Le Mépris » va toutefois au-delà du simple portrait d’un mariage ; c’est aussi celui d’une société où l’on n’hésite pas à se vendre pour l’argent – il n’y a pas grand-chose de changé depuis plus de cinquante ans donc !

Richard renonce donc à son ambition d’écrivain, de dramaturge ; en devenant scénariste, il entre dans le monde de l’argent, il dit le faire pour Emilie et pourtant, c’est au moment où la fortune leur sourit un peu, qu’elle lui  jette son mépris à la figure. D’où est venu le malentendu, si malentendu il y a ?

Plein de questions, aucune réponse, mais un grand bouquin, typique de l’univers d’Alberto Moravia.

Un autre avis sur le blog de denis

Le film dans ma cinémathèque

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Commentaires
D
Très belle interprétation de ce roman.<br /> Ce roman et le film qui en a été tiré font, en quelque sorte, partie de ma vie ! et d'avoir revu le film pour la énième fois me l'a confirmé ! Impossible de l'oublier !
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