MASCARA, de Patrick Conrad

Sous-titre = « Maquillage pour un meurtre »

Scénario d’Hugo Claus, Patrick Conrad, Pierre Drouot

Sur une idée originale de Patrick Conrad

Une jolie femme, roulant un brin trop vite, arrive en ville venant de la côte où elle habite. Elle évite de justesse un jeune homme sympathique. La jeune femme retrouve un homme avec qui elle est très complice ; ensemble ils se rendent à l’opéra, mais en route l’homme s’arrête, on apprend ainsi qu’il est le commissaire de police Bert Sanders et qu’un meurtre sordide vient d’être commis. Ensuite il retrouve la jeune femme ; à l’opéra, ils assistent à une représentation d’ « Orfeo & Eurydice » de Glück ; l’homme est fasciné par le costume d’Eurydice.

Après la représentation, ils se rendent dans les coulisses, où la jeune femme retrouve l’homme qu’elle a failli écraser. Il se nomme Chris Brine et est le costumier de l’opéra.

Le lendemain, le commissaire Bert Sanders revient le voir afin de lui emprunter le costume d’Eurydice pour l’anniversaire d’une amie ; Brine n’est tout d’abord pas d’accord mais accepte cependant croyant qu’il s’agit de faire plaisir à la belle Gaby Hart qui accompagnait Sanders.

En fait il s’agit de prêter la robe à Pepper, une très belle femme revenue d’Italie ; les deux hommes se rendent dans un club très privé et afin que Brine ne sache guère où il se trouve, Sanders l’enferme dans une loge.

La boîte à l’évidence est un club de travestis où les « acteurs » miment des airs d’opéra. Après sa prestation Pepper retourne dans sa loge avec Sanders.

Que s’est-il passé dans au « Mister Butterfly » où Pepper était fort attendue ? En tout cas, Pepper a trouvé la mort alors que Brine était ramené chez lui avec le costume. Qui a tué la superbe actrice ? le club est fréquenté par la bonne société, il ne faudrait pas que ce crime transpire et les compromette. Au commissaire d’agir en ce sens !

Pendant ce temps, Chris Brine et Gaby Hart se revoient souvent, tombent amoureux l’un de l’autre, ce qui déplaît fortement au commissaire. Mais Chris Brine ne sait pas encore qu’il va devenir la proie innocente d’une machination.

Etrange histoire que ce « Mascara », transformant quelque peu le spectateur en voyeur. Cependant le film va au-delà de ce cliché kitsch – paillettes sur airs d’opéra - de boîte de travestis = il devient un vrai film noir, agrémenté de manipulations, pièges, frustrations sexuelles, masques sociaux et inceste.

La toile est habilement tissée par les trois scénaristes, sur base d’une idée de Patrick Conrad – scénariste, poète, écrivain et metteur en scène belge. Il est l’auteur de romans « noirs » et fut le co-fondateur de la célèbre société de poètes anversois « The Pink Poets ».

Son roman « Starr », également un thriller, lui a valu le prix « Diamanten Kogel » (la balle en diamant – dans ce cas-ci, balle de révolver faut-il le spécifier) en 2007.

Il vit actuellement en Provence, se trouvant trop à l'étroit en Belgique.

Patrick Conrad a réalisé trois films, dont ce « Mascara » fut le dernier et le plus connu ; le film fut sélectionné par la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes cette année-là.

Tourné à la côté belge (Blankenberge), avec quelques extérieurs à Bruxelles, la plage et la mer sont, une fois encore, les lieux où se termine toutes choses ; c’est finalement cela qui est, à mes yeux, le sempiternel cliché du film.

Côté interprétation on trouve une distribution internationale = Charlotte Rampling est la ravissante Gaby, et elle est effectivement très belle et émouvante.

Son frère, le commissaire, ambigu à souhait, est interprété par Michael Sarrazin, qui a quand même un peu l’air de se demander ce qu’il fait là. Il parvient cependant à convaincre lors de la confrontation finale avec sa sœur.

Le séduisant Chris Brine est joué par Derek de Lint, un acteur hollandais que l’on retrouve régulièrement dans des productions internationales (Zwart Boek, notamment). Il a également tourné dans des épisodes de « L-Word » et « NCIS » pour ne citer que les séries les plus connues.

Parmi les rôles secondaires on retrouve notamment Herbert Flack, actuellement fort connu à la télévision néerlandophone pour son interprétation du commissaire Van In, d’après les romans de Pieter Aspe.

Mais Flack c'est bien plus que le commissaire Van In, c'est aussi un comédien que l'on retrouve sur les scènes théâtrales belges, dans "Cyrano de Bergerac" par exemple (à Gand).

Eva Robbins (ou Robin’s) – née Robert Maurizio Coatti – interprète la très belle Pepper, quant à Romy Haag – alias Edouard Frans Verbaarsschott, comédien transsexuel le plus fameux d’Allemagne, ancien compagnon de David Bowie, elle est Lana, l’amie de Pepper qui subira le même triste sort.

Une intéressante découverte du cinéma d’auteur belge, que certains critiques américains ont qualifié de typiquement « eurotrash ».

D’autres ont dit que le film de Patrick Conrad a inspiré certaines scènes du « Crying Game » de Neil Jordan.