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mon bonheur est dans la ville
26 juillet 2009

VICTIM, de Basil Dearden

200px_Victim_filmUn jeune homme en pleine panique fuit dans les rues de Londres après qu’un véhicule de police se soit arrêté chez son patron. Il demande de l’aide à ceux qu’ils pensent être ses amis, certains l’écoutent, compatissants, d’autres se détournent. En plein désarroi il tente de joindre l’avocat Melville Farr qui refuse systématiquement tous ses appels.

Jack Barrett, surnommé « Boy » a détourné des fonds parce qu’il était victime d’un maître-chanteur ; même le superintendant qui finit par l’arrêter insiste afin qu’il donne un maximum d’indices qui permettrait  d’arrêter ce lâche ennemi car l’inspecteur est convaincu que Barrett n’est pas la seule victime de ce monstre.

Refusant de parler, redoutant de parler, afin d’éviter le scandale à l’homme qu’il aime, le jeune homme se suicide en prison.

victim02La mort de Barrett est révélée par la presse qui n’hésite pas à exposer la vie du jeune homme ; c’est alors que Melville Farr – d’accord avec le policier compréhensif qui estime qu’il s’agit d’une assassinat en règle - décide de faire toute la lumière sur cette malheureuse affaire.

Il est alors harcelé par un homme en scooter, acolyte du lâche qui se cache derrière des photos et des lettres anonymes, qui n’hésite pas à le menacer, à impliquer indirectement l’épouse de Farr. Celle-ci est totalement désorientée, elle aime son époux mais lorsqu’il lui confesse son attrait pour Barrett, elle est blessée et meurtrie, revivant une affaire passée.

Bien que les conséquences de la vérité signifieront la fin de tout ce qui fait sa vie actuelle, Farr a décidé d’aller jusqu’au bout de sa décision et de faire en sorte que les maîtres-chanteurs soient arrêtés.

J’ai toujours eu une tendresse particulière pour les histoires d’un homme seul contre tous ; j’avais adoré en son temps le magistral « High Noon ».

Ici il ne s’agit plus d’un western, mais d’une sorte de très bon polar où un homme, qui au départ souhaitait se laver les mains d’une histoire peu reluisante, va mettre en balance tout ce qu’il possède – mariage, brillante carrière, statut social – pour que toute la vérité soit faite sur la mort de quelqu’un qui l’aima suffisamment au point de se suicider afin de protéger sa réputation.

Lorsque le complot sera dévoilé, il apparaît que les coupables soient eux-mêmes des homosexuels, victimisant des victimes de lois dont ils ont aussi à subir les discriminations.

Dans  une Angleterre du début des années 60,  toujours aussi hypocrite et puritaine que sous la reine Victoria, l’homosexualité est encore punie par la loi, par des peines d’emprisonnement.

Le film de Basil Dearden est l’un des tout premiers à dénoncer l’intolérance dont les homosexuels sont victimes (en 1919, le film « Different from the others » traitait le même sujet) ; il est aussi le premier film dans lequel le terme même d’ « homosexualité » est prononcé ! Beaucoup le considèrent comme un premier élément qui poussa le parlement britannique à entreprendre de modifier une loi archaïque et particulièrement cruelle qui ne sera abolie avant 1966 et le rapport Wolfenden.

A l’époque du film, Dirk Bogarde n’est pas encore l’acteur de chefs d’œuvre cinématographiques tels « The Servant » et « Accident » de Losey, « Les Damnés » ou « Mort à Venise » de Luchino Visconti, entre autres. Il est à l’époque âgé de 39 ans et est l’acteur préféré des Britanniques, interprétant surtout des rôles dans des comédies drôles ou romantiques. Il montra du courage en acceptant le rôle de Farr dans « Victim », car – selon certains critiques – cette histoire aurait pu nuire à sa carrière.  Il interprète avec une force calme, chaque scène "sonne" vraie, il est sobre et juste.

Sylvia Syms interprète l’épouse de l’avocat, personnage complexe toute de tendresse et de passion blessées, prête à tout quitter lorsqu’elle estime être trompée sinon en actes du moins en pensées, mais puisant dans son amour assez de loyauté pour revenir auprès d’un homme qui n’aura plus rien. Sauf elle.

sjff_01_img0523Les deux acteurs principaux acceptèrent sans hésiter les rôles proposés, alors que d’autres acteurs avaient refusé ceux-ci.

Le jeune Barrett est interprété par Peter McEnery qui peu après sera le prince de Donegal pour les Studios Disney, pour qui il interprétera également le rôle masculin principal dans la très sympathique comédie policière « The Moonspinners ». Il sera également le prince Yossupov dans « J’ai tué Raspoutine », sans oublier son rôle dans « La Curée » de Vadim et le jeune aviateur Jeff dans « Le Mur de l’Atlantique ».

La distribution comprend encore des acteurs anglais des années 50/60 tels Nigel Stock, Dennis Price, John Barrie, Mavis Villiers, Margaret Diamond.

La filmographie de Basil Dearden comporte aussi un autre film tourné deux ans avant « Victim », à savoir l’intéressant « Sapphire » (Opération Scotland Yard), où pour la première fois on dénonçait le racisme latent au sein de la police britannique.

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