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mon bonheur est dans la ville
22 juillet 2009

LA GARDIENNE DES REVES, de Rani Manicka

416YWJ3PRWL__AA240_Dans les années 20 à Ceylan, la jolie Lakhsmi a 14 ans; elle vit pauvre mais heureuse auprès de sa mere qui l’adore; du père, on ne parle plus ou alors très peu. Mère et fille sont fusionnelles et pourtant, cet état de félicité va bientôt faire place à tout autre chose car une femme sollicite l’enfant à peine pubère pour son neveu, homme riche en Malaysie, du double de son âge. Pour Lakhsmi les événements prennent d’abord la tournure d’un rêve : jolie robe, coiffure exceptionnelle, être le centre du monde pour quelques heures de plus, jusqu’à ce qu’elle découvre la vérité.

Son époux n’est pas aussi beau qu’on le lui a décrit et lorsqu’elle arrive dans son village, elle réalise qu’il est tout sauf riche et important ; la femme qui a joué les entremetteuses est effectivement un membre de sa famille qui garde les enfants du premier mariage d’Ayah et compte bien profiter de la situation. Il n’est qu’un petit employé, criblé de dettes comme le sont tous ses collègues, son seul bien est une maison à peine propre. Le premier choc passé, la jeune, volontaire et ambitieuse, femme va refuser de se laisser abattre par ce qui aura été une vaste tromperie de la part d’une femme sans scrupules.

Peu à peu, Lakhsmi comprend que son mari est un brave homme, au caractère particulièrement faible,  aussi décide-t-elle de prendre le ménage en charge ; tout d’abord elle va exiger qu’il cesse d’emprunter, elle va payer les dettes en cours. Ensuite elle va mettre en place un petit commerce et peu à peu se mettre à économiser.

Bien vite, cette jeune femme à peine sortie de l’enfance va se retrouver enceinte ; les jumeaux Lakhsmanan et Mohini seront les premiers enfants très beaux enfants du couple. Quatre autres enfants suivront : deux autres garçons et deux filles, la jolie Anna, le mystique Sevenese,  le laid Jeyan et finalement, la petite dernière, la douce et effacée Lalita, la plus laide aussi aux yeux de sa mère.

Après avoir s’être liée d’amitié avec l’esclave chinoise de la maison voisine, Lakhsmi va s’en détourner par jalousie, non pas à cause de son époux, mais parce que la malheureuse a nourri sa fille Anna au sein, pendant qu’elle Lakhsmi luttait contre la malaria. Peu à peu, des traits peu sympathiques du caractère de Lakhsmi commence à pointer sous sa grâce fragile comme si le fait de se battre contre l’adversité la durcissait chaque jour un peu plus.

Le vrai drame qui bouleversera à jamais la vie de cette famille se produira lorsqu’éclate la guerre du Pacifique ; les Japonais ayant envahi la Malaysie et se comportant comme tous les envahisseurs, en violant et pillant tant et plus ; les parents décident de cacher la jeune et ravissante Mohini pendant toute la durée de la guerre. Jusqu’à ce jour fatal où son frère jumeau commet involontairement une faute qui mène à l’arrestation et la mort de Mohini ; désormais pour toute la famille, il y aura la vie « après Mohini ».

Parents et enfants vont suivre des routes parsemées de drames ; le caractère de Lakhsmi va devenir de plus en plus possessif ; omniprésente dans la vie de ses enfants qu’elle ne supporte pas de voir partir, elle sera surnommée « l’araignée » par une de ses belles-filles, la vindicative Rani, épouse de Lakhsmanan ; le couple va donner naissance à la ravissante Dimple, vivant portrait de la défunte Mohini et son destin sera aussi tragique que celui de cette dernière. Quant à Nisha, la fille de Dimple, un drame épouvantable va la rendre amnésique ; il lui faudra longtemps avant de recouvrer la mémoire et découvrir l’histoire de sa famille.

Difficile de lâcher « La Gardienne des rêves » une fois que le livre est bien entamé ; après un démarrage assez lent, la fatalité qui se déchaîne sur cette famille vous prend aux tripes et ne vous lâche plus.

Le personnage de Lakhsmi, pour puissant qu’il soit, devient particulièrement dur et déplaisant au fil de la lecture ; de la volontaire jeune femme, elle devient cette femme dure, parfois mesquine, possessive et omniprésente dans la vie de ses enfants, de leurs conjoints. On comprend presque  la haine que lui porteront ses belles-filles.

Celui qui me fait pitié dans l’histoire est Ayah, le mari trop bon, trop faible, tellement amoureux de sa ravissante épouse qu’il élève  à peine la voix lorsqu’elle fait battre les enfants qui lui désobéissent par leur frère aîné ; Lakhsmi  tentera même de communiquer ce manque de respect pour le père aux enfants. C’est réellement pathétique. Et effrayant.

« La Gardienne des rêves » est un roman coloré, emportant le lecteur dans la vie des Malais, leurs coutumes, leurs croyances, leurs habitudes culinaires, la mise en scène est très belle pendant que sous nos yeux défilent les hasards et les nécessités de cette famille secouée par des drames ; peu de paix dans la famille de Lakhsmi, une femme peu en paix avec elle-même, dont l’hérédité pèsera lourd pour la dernière de la famille, la vulnérable Nisha.

Le livre est partagé en plusieurs grands chapitres, chacun étant divisé en multiples petits tableaux racontés par les protagonistes d’un roman que je conseille de lire, mais sans plus. Ce sont surtout les femmes qui raconteront leurs destins au fil des événements de l’histoire et par le poids des traditions ancestrales.

C’est une histoire particulièrement triste, violente, cruelle, dont j’ai profondément détesté le personnage principal. C’est une histoire racontée simplement, dans laquelle il ne faut chercher aucune signification particulière, sauf une étude de caractères tous poursuivis par un sort fatal.

Ce roman est le premier de la romancière Rani Malicka, née en Malaysie.
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