MARGUERITE YOURCENAR

Née Marguerite Antoinette Jeanne Marie Ghislaine de Crayencour (dont Yourcenar est l’anagramme), au sein d’une famille franco-belge, Marguerite Yourcenar, ayant perdu sa mère à la naissance, mena longtemps avec sôn père la vie aisée d’une jeune aristocrate ; celui-ci étant plutôt anti-conformiste, très érudit, il partagera sa grande culture et sa bibliothèque aainsi que son goût prononcé pour les vagabondages avec sa fille ; une grande partie de la jeunesse de Yourcenar consistera en voyages avec lui.

Les étés de sa jeunesse se passeront au domaine familial de Zwartenberg (château de Mont-Noir) près de St-Jans-Kapelle. Le père de Marguerite Yourcenar appréciant les dons pour l’écriture de sa fille, finança en 1919 - à compte d’auteur - la parution du "Jardin des Chimères", un poème que Marguerite avait composé à 16 ans sur la légende d’Icare ; elle ne fréquentera jamais l’école ce qui ne l’empêchera nullement d’obtenir son baccalauréat.

Lorsque son père mourut en 1929, Marguerite Yourcenar devint financièrement indépendante grâce à son héritage et décida de se consacrer uniquement à l’écriture et aux voyages ; elle vagabondera à travers l’Europe, réalisant le cataclysme qui se prépare, bien avant que l’Europe elle-même n’en soit consciente. Dans "Le Denier du rêve", paru en 1934, Yourcenar évoque un attentat manqué contre Mussolini ; elle le réécrivit dans les années 58-59, y passant à la loupe la vie de plusieurs personnages vivant sous un régime cruel et totalitaire.
"Alexis ou le vain combat" sera le premier vrai roman de Marguerite Yourcenar ; il se présente sous la forme d’une lettre de rupture d’un homme à sa femme, dans laquelle il lui avoue préférer les hommes. On a beaucoup évoqué Gide lors de la parution d’ "Alexis" ; cet ouvrage sera l’un des premiers à aborder le thème des préférences sensuelles, un thème récurrent dans toute l’oeuvre de l’écrivaine.

C’est dans "Le coup de grâce", rédigé à l’aube de la seconde guerre mondiale, que Yourcenar exprime toute la violence qui couvait à cette époque. Lorsque la guerre éclate, Marguerie Yourcenar, ruinée, part s’installer aux Etats-Unis avec Grace Frick, la jeune Américaine qui l’invita à s’installer chez elle.

Elle passera, dès lors, le reste de sa vie dans le Maine et acquerra même la nationalité américaine, à laquelle elle renoncera lors de sa nomination à l’Académie Française.

Cette période de déménagement et installation correspond à une période de "stérilité littéraire", due à une dépression occasionée par la douleur de l’exil ; ensuite, son temps se partagera entre France et Etats-Unis.

Bien qu’écrivaine prolifique, c’est au travers de ses ouvrages historiques les plus métaphysiques, que Marguerite Yourcenar gagnera la célébrité mondiale. Dans "Les Mémoires d'Hadrien" (empereur romain ayant amélioré le sort des esclaves et s’étant consacré aux arts), l’auteur nous offre un portrait de l’empereur au seuil de la mort, sous forme de lettre-testament (une forme d’écriture qu’elle aimait particulièrement) ; Yourcenar consacra environ quinze années à ce roman, retravaillé même avant sa parution en 1951.

"L'Oeuvre au Noir" (dont le second chapitre fit l’objet d’un film superbe d’André Delvaux) raconte la vie de Zenon, médecin et alchimiste, parcourant l’Europe et les pays méditerranéens en quête de vérité. Le livre est l’expression de la fascination qu’exerçaient les sciences occultes sur l’auteur ; Zenon est inspiré des personnalités de Paracelse, Copernic, Leonard de Vince et Giaordano Bruno, il se décrit lui-même comme homosexuel et son indépendance d’esprit, de même que son refus de prendre position entre catholiques et protestants, désireux de conserver ses propres convictions, l’amènent tout naturellement à la condamnation dans une Renaissance imprégnée d’intolérance religieuse. L’auteur décrit aussi dans ce roman la très jolie cité de Bruges, une ville qu’elle aimait particulièrement.

Tous les personnages de Marguerite Yourcenar sont des êtres partagés entre les exigences de la société et leurs propres passions. Elle évoquera sa jeunesse et l’histoire de sa famille dans  "Souvenirs Pieux" et "Archives du Nord". En 1980, elle sera la première femme à être élue à l’Académie Française. Elle s’éteindra dans le Maine en 1987.