Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
1 août 2012

BRUEGEL, THE MILL AND THE CROSS, de Lech Majewski

61232945_p

220px_The_Mill_and_the_Cross affiche_Bruegel_le_moulin_et_la_croix_The_Mill_and_the_Cros

Lech_Majewski

breugel

Titre français = Bruegel, Le Moulin et La Croix

Scénario de Lech Majewski d’après Michael Francis Gibson, historien d’art, écrivain et érudit indépendant

D’après « Le Portement de Croix » de Pieter Bruegel, l’ancien – toile exposée au musée des beaux-arts de Vienne

Superbe mise en abyme que ce film donnant vie aux plus de 500 personnages représentés dans cette immense toile du peintre flamand (1.70 m sur 1.24).
Tout comme la toile, la photographie de cette réalisation joue sur les clairs-obscurs.

Dans les années 1500, les Pays-Bas (pas encore la Belgique) étaient sous la botte des Espagnols, plus particulièrement sous celle de Philippe II d’Espagne, ayant succédé à Charles Quint.
Ce prince catholique intégriste avait envoyé le duc d’Albe et ses mercenaires pour « remettre de l’ordre » - lesdits mercenaires n’étant pas payés, on leur laissait le champ libre pour vols, viols, fermes pillées et ensuite brûlées – bref massacres et saccages. Tout cela pour faire régner l’ordre de la « vraie » religion , à savoir le catholicisme, car les Pays-Bas s’intéressaient particulièrement à la religion réformée.

Bruegel (interprété ici par Rutger Hauer), peintre fort concerné par la vie des « petites gens », ceux du peuple, montre dans sa toile que même lorsque  le « sauveur » est crucifié, la vie des paysans, fermiers, cultivateurs, bucherons, continue – comme il l’avait déjà montré dans son autre tableau « la Chute d’Icare ».
Accompagne de Nicholaes Jonghelinx (Michael York), banquier et mécène de Bruegel, humaniste ne comprenant guère ces massacres organisés – on le voit à un moment se laver les mains = symbolique de Ponce Pilate ?
Peut-être, même si Jonghelinx l’Anversois n’était guère occupé par les affaires des villes, autres que celles d’un commerçant.

 19828916

mill1 the_mill_and_the_cross_2011_22796_295652327

Charlotte Rampling joue Marie, mère de Jésus – comme les autres personnages, son rôle est plutôt celui de figuration ; elle a seulement un texte à dire concernant les raisons de la crucifixion de son fils, qui voulait seulement apporter une réforme à une religion qui oubliait son message d’amour.

Le but du film néanmoins n’est pas de nous raconter une histoire autre que celle du tableau, que Bruegel explique à Jonghelinx = pourquoi un côté de la toile est sombre (là où se trouve le gibet figurant l’arbre de mort) et l’autre côté, dans la lumière (avec l’arbre de vie). Tout en haut, sur le plus haut rocher se trouve le « Moulin », qui semble toucher le ciel. Figuration de dieu jetant un regard à la fois fâché et attristé sur ce qui se passe « en bas ».

 Mill_PressStill_1_560x373

On assiste donc à la vie dans le moulin, le blé que l’on mout, le pain que l’on cuit – la vie dans les fermes, les enfants qui jouent,  les bûcherons qui taillent les arbres. Ainsi que quelques scènes dans l’atelier du peintre.

 les_acteurs_du_film_bruegel_le_moulin_et_la_croix

Et là-dedans, les soldats mercenaires de la soldatesque espagnole (en costume rouge, couleur des mercenaires pour les distinguer du reste de la troupe) qui se saisissent d’innocents fermiers et les tuent « pour l’exemple ». 

Je suis réellement enchantée d’avoir vu ce film, ainsi que le complément racontant la vie du peintre Bruegel, qui a toujours été fasciné par l’œuvre de Hyeronimus Bosch, qui l’inspira pour certaines de ses toiles.
J’ai trouvé que c’était une manière intéressante de découvrir un tableau aussi riche de personnages et d’histoires de la vie quotidienne durant le 16ème siècle.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, je ne me suis pas ennuyée une seule minute des 96 minutes du film, ce qui peut tout de même passer pour un tour de force, vu qu’il ne se passe pas grand-chose, sauf de multiples « historiettes » sorties du tableau, sans texte (je suppose que le fait d’aimer les conférences sur l’art m’a aidée).
L’iconographie est plus importante ici que le texte.

En dehors des acteurs cités, toute la distribution était polonaise.
Une belle aventure que de se « promener au cœur d’un tableau ».

Le réalisateur polonais Lech Majewski, qui se dit lui-même peintre et poète avant d’être cinéaste, ayant aussi des opéras à son actif, a eu envie de réaliser cette histoire après une visite guidée en compagnie de Michael Francis Gibson.
Pour celui-ci, Brueghel n’était pas uniquement un peintre mais aussi un grand philosophe parmi les peintres.
Il me reste à présent à découvrir l’œuvre écrite de Michael F. Gibson concernant le tableau. Comme dit précédemment, le complément sur la vie du peintre flamand, racontée par André Dussolier était aussi un plaisir d’ « écoute visuelle » puisque le texte racontait  les tableaux du peintre.

 le tableau "Le Portement de Croix"
inspiration du film

800px_Pieter_Bruegel_d

Publicité
Publicité
Commentaires
N
tu as entièrement raison, on nous rebat les oreilles avec des blockbusters et popcorn movies dont le scénario tient dans un timbre poste :roll:<br /> <br /> <br /> <br /> par contre, pas beaucoup de pub pour un film comme celui-ci, qui portant apporte de la beauté et de la réflexion (soupir soupir)
Répondre
T
Je n'avais pas entendu parler de ce film remarquable, merci Niki. Quel beau sujet !<br /> <br /> (Tant de battage médiatique sur des films commerciaux, trop peu sur de telles réalisations.)
Répondre
N
c'est une belle promenade au coeur d'un tableau :)
Répondre
M
Un film qui me plairait sûrement beaucoup aussi! J'aime ce peintre et les acteurs!
Répondre
N
oui le film date de l'an passé, il est sorti sur les écrans belges vers le mois de mai (je pense)<br /> <br /> les costumes sont magnifiques et le clair/obscur est vraiment bien utilisé par la cinématographie<br /> <br /> <br /> <br /> je crois qu'effectivement cela te plairait :D
Répondre
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 075
Archives
Derniers commentaires
Publicité