THE CASE OF THE BIZARRE BOUQUETS, de Nancy Springer
3ème enquête d’Enola Holmes
Titre français = Le Mystère des Pavots blancs
Enola Holmes n’a vraiment pas le moral en ce jour de printemps 1889. Elle attend vainement un petit signe crypté de sa mère via la presse quotidienne – elle sait que désormais certains de ses déguisements sont « brûlés » vis-à-vis de son frère Sherlock Holmes qui l’a démasquée au cours de sa précédente enquête.
Elle n’ose plus sortir de chez elle, craignant d’être reconnue par son frère et comme Mycroft Holmes a décidé qu’elle devrait se conformer à ce que l’on attend d’une jeune fille de la bonne société, elle ne veut vraiment pas tomber entre leurs mains.
De plus, Sherlock a compris la manière cryptée avec laquelle elle correspond avec leur mère ; il tente, par ce moyen, de la contacter, heureusement elle est fûtée notre Enola, car son frère utilise parfois des mots qui, même cryptés, n’auraient jamais été utilisés par leur mère. Donc le piège est flagrant.
Ce qui lui donne aussi le cœur gros, car elle a de l’admiration et (presque) de l’affection pour Sherlock, avec qui elle partage le don de déduction logique, le même physique, le goût du déguisement – si seulement ses deux idiots de frères voulaient bien comprendre qu’une femme aussi a l’esprit logique, mais non ! ils sont aussi bornés que tous les mâles.
Pas étonnant que leur mère soutienne les suffragettes.
Malgré son manque évident d’envie de sortir de chez elle, un gros titre dans les journaux va pourtant l’en décider = le docteur John Watson a disparu ! On est sans nouvelle de lui depuis deux jours.
Mais que fait la police ? rien probablement, puisque l’on trouve logique qu’un homme ait le droit de découcher, courir le guilledou si l’envie lui en prend, ou se saouler pendant plusieurs jours.
Enola décide d’approcher Mary Moran Watson, l’épouse du bon docteur – la jeune Holmes qui l’a rencontré lors de la précédente aventure, a beaucoup d’affection pour cet homme et lorsqu’elle rencontre Mrs. Watson, elle a le même élan du cœur vers cette femme douce et modeste, bouleversée par l’absence de son époux. D’autant plus bouleversée que même Sherlock Holmes n’a pu trouver trace de son ami et associé, malgré ses « sources ».
Afin d’approcher Mary Watson, Enola Holmes s’en est allée à la recherche d’un nouveau déguisement, celui d’une jeune et jolie lady – ce qui n’est pas facile, avec ses allures de jeune garçon manqué. Heureusement la boutique Chauntecleer, tenue par Mrs. Pertelote, possède de merveilleux secrets de maquillage.
Se présentant donc comme une ancienne patiente du docteur, elle apporte de jolies fleurs à Mrs. Watson et pendant qu’elles prennent le thé, Enola remarque un bien curieux bouquet – parmi lesquels des fleurs signifient « mort », car le langage des fleurs n’a aucun secret pour elle, sa mère lui ayant donné de très bonnes leçons de botanique (c’est l’un des rares domaines de savoir autorisé aux femmes).
C’est évident pour Enola Holmes = il faut qu’elle agisse et rapidement pour retrouver le docteur Watson, chaque heure qui passe représentant un danger supplémentaire de ne jamais le revoir.
Par où commencer ?
L’esprit de déduction de la jeune sœur de Sherlock Holmes est mis à rude épreuve dans cette aventure inquiétante – d’autant plus qu’elle craint réellement d’être retrouvée par ses frères qui pourraient, si l’envie leur en prenait, la faire enfermer dans un asile et ce jusqu’à la fin de ses jours.
J’ai à nouveau vibré à cette enquête, qui se présente d’abord comme moins passionnante au début. Mais l’esprit aventureux et la curiosité sans borne de notre jeune héroïne la mettant en danger, on finit par s’inquiéter pour elle (instinct maternel de la lectrice ?).
Encore une fois, c’est historiquement intéressant, l’accent est mis sur le manque total de liberté des femmes dans cette société victorienne, régie par les hommes et les corsets dans lesquels on cloître les jeunes filles et les femmes. J’ai ainsi appris qu’à cette époque (19ème) en Angleterre, il n’était pas rare qu’un homme – au lieu de divorcer, ce qui représente une indignité – pouvait trouver un prétexte quel qu’il fût pour faire enfermer une épouse gênante, et ce, à vie.
Je suis très contente de cette lecture délassante, très vite lue – les livres n'étant guère épais (ce n'est effectivement pas "Guerre et Paix" !)
Le personnage d’Enola Holmes est assez touchant ; ses aventures sont peut-être un peu exagérées pour une jeune fille de quatorze ans – encore une enfant pratiquement, à qui sa mère manque souvent. Mais c’est toujours au moment où elle désespère réellement de l’absence de cette dernière, qu’un message lui fait comprendre que sa mère veille sur elle malgré tout.
A suivre donc.