THE BLOOD-DIMMED TIDE, de Rennie Airth

Titre français = Marée sanglante

2^ème enquête de John Madden-Angus Sinclair-Billy Styles

Angleterre – été 1932 – dix années se sont écoulées depuis les dramatiques événements qui lui firent rencontrer la doctoresse Helen Blackwell ; ils se sont mariés et ont deux enfants, Robert (Rob) et Lucinda (Lucy) qui en vaut dix à elle seule, malgré ses 5 ans. Madden a donné sa démission à Scotland Yard et vit la vie de gentleman-farmer dont il avait rêvé, une nouvelle existence grâce à laquelle il a enfin trouvé une forme de paix intérieure, après avoir perdu sa première épouse et leur petite fille avant la 1^ère guerre mondiale, à laquelle il participa et qui l’ont marqué à vie.

Au cours d’un retour de promenade, lui et son épouse aperçoivent un attroupement non loin de chez eux ; peu après le « bobby » local mène à Helen un chemineau dont elle s’occupe parfois. Il tient à la main une chaussure de petite fille. D’après le très peu d’éléments que « Topper » veut bien leur dire, John Madden veut retrouver l’enfant à qui appartient ce soulier. Près de la rivière qui mène à la Tamise, il découvre le cadavre d’une petite fille, l’agression sanglante qu’elle a subi ne fait aucun doute, mais le plus horrible est son visage ayant été battu avec un marteau.

Au départ, rien ne devrait mener à une enquête de Scotland Yard. Mais car évidemment il y a un « mais », un autre crime tout aussi horrible a été commis dans un patelin voisin, et surtout on a retrouvé un cadavre dans la Tamise, qui laisse à penser que cela serait aussi l’œuvre du même criminel. Une enquête échoue donc sur les bureaux du Yard, plus particulièrement sur celui de l’inspecteur superintendent en chef, Angus Sinclair ; si ce dernier n’est plus le supérieur de John Madden, il est devenu un très bon ami du couple. Comme John a trouvé la chaussure d’une petite victime, Sinclair lui rend visite, se faisait remonter les bretelles par Helen Madden lui intimant l’ordre de ne pas mêler son mari à ce genre d’affaires. Il va bien à présent, pas la peine de lui redonner des cauchemars.

John Madden se sent néanmoins concerné et convainc son épouse qu’il doit au moins pouvoir donner des conseils à ses anciens collègues. Ainsi entre en scène le jeune Bobby Styles, qui fut formé il y a dix ans par John Madden et que de détective policier il est à présent devenu détective sergent, très apprécié par ses supérieurs. Lui aussi est devenu un ami fidèle des Madden chez qui il passe un weekend de temps à autre, au grand plaisir de leur fille Lucy qui a des vues sur ce jeune homme, même si 20 années les séparent. Que ses parents tentent de lui faire entendre raison, ou même de simplement la faire obéir est souvent peine perdue.
Après tout elle n’a pas hésité à renverser un encrier sur la tête d’une petite condisciple. Elle n’a pas compris que cela n’ait pas fait rire.

Ces quelques moments familiaux seront les rares moments de détente de cette histoire car la trace laissée par le criminel s’étend bien au-delà du sud de l’Angleterre. Le Yard ayant lancé un appel international afin d’obtenir des renseignements sur des événements similaires hors de l’Angleterre, ces appels ont porté leurs fruits = l’Allemagne (qui devient nazie hélas) envoie un inspecteur s’étant occupé d’une affaire semblable, mais le criminel n’a pu être attrapé.
De recoupement en recoupement, le Yard et l’inspecteur allemand sont convaincus que l’individu a circulé de l’Allemagne à l’Angleterre.

Bien que les supérieurs d’Angus Sinclair soient choqués par cette idée, Sinclair n’hésite pas à faire des recherches qui mènent au ministère des affaires étrangères. Lorsqu’ils rencontrent le chef de cabinet, celui-ci après que Sinclair ait fait comprendre qu’il ne lâcherait pas, qu’il ne s’occupe pas de politique et de ne pas écraser les orteils sensibles des politiciens, le responsable du service craque et leur confie un dossier particulièrement délicat.  Il n’est pas sans connaître celui que l’on pense être le coupable, mais qui de par ses fonctions aurait de multiples identités.
Comment dès lors le retrouver ? Et surtout ne pas faire de vagues, après tout l’homme a rendu de grands services au département d’espionnage des affaires étrangères, et ses fonctions impliquaient de tuer si nécessaire. Inutile de dire que c’est un être sans scrupule.

Cet être monstrueux, tueur en série de petites filles (mais peut-être aussi d’autres humains), est toujours sur le sol anglais, et dans les environs de ses premiers crimes. Ce sera très difficile de lui mettre la main dessus car l’homme est doué pour camoufler ses traces.
John Madden, malgré l’interdiction de son épouse, ne va pas hésiter un seul instant à aider ses collègues. Il y va de la vie d’une, ou plusieurs, enfant, et ce bien sûr au péril de sa propre vie.

Ce que j’en pense = comme précédemment, une fin fort dramatique après une enquête policière qui parfois piétine. J’ai retrouvé les protagonistes rencontrés dans la première enquête, et je suis contente de savoir que le trio va poursuivre sa collaboration.

Le livre traite aussi d’un sujet très sérieux – en dehors des crimes – la montée du nazisme en Allemagne, qui menace d’ailleurs l’un de leurs amis, un vieux médecin psychologue, qui leur a d’ailleurs déjà donné de précieux conseils concernant les meurtriers dont ils s’occupent. Le docteur Weiss passe régulièrement en Angleterre pour des conférences, son amie Helen Madden espère qu’elle pourra le convaincre de devenir citoyen britannique.

Ce qui est intéressant dans ce type de roman, est le contraste entre la quiétude des saisons anglaises dans la campagne et les crimes qui y sont commis. On hésiterait à s’y installer.

On y parle aussi de la dépression qui frappe les Britanniques, notamment les anciens combattants de la première guerre mondiale – ceux qu’aux USA on a appelé « la génération perdue », ces vétérans qui ne retrouvèrent pas d’emploi en revenant de la guerre. On a parlé de cette génération perdue comme d’un courant littéraire, mais c’est surtout une génération sociologique, que l’on retrouve aussi en Europe. 
Cela mène à ce que bien des hommes deviennent des chemineaux, récoltant par ci, par là, quelques petits travaux de ferme, ou dans le bâtiment, mais dorment à la belle étoile, souvent aussi en hiver.

Quant aux motifs qui ont mené le criminel à devenir un tueur en série, les témoignages concordent à dire qu’il s’agit d’un psychopathe, simplement dévoyé par l’envie de tuer.

Comme je l’ai dit, malgré les plaisantes promenades anglaises et le caractère bien trempé de la jeune Lucy Madden, cette histoire est fort sombre, sur fond d’amitié et d’amour de la famille.

Comments

[Manu]

Une série qui a vraiment tout pour me plaire. Bizarre que je n'ai plus de souvenirs du premier.

[aifelle1]

Pas trop envie de très sombre en ce moment, mais c'est plutôt attirant. A retenir donc, pour plus tard.

[Teki]

Ah mince, il n'existe pas encore en numérique :( , enfin en VF. Sinon le nom de l'auteur est Airth ;)

Merci pour cet intéressant billet, espérons qu'un jour ou l'autre on le trouve en numérique. :D