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mon bonheur est dans la ville
13 mars 2021

AN INCOMPLETE REVENGE, de Jacqueline Winspear

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5ème enquête de Maisie Dobbs, psychologue et détective privée 

L’été 1931 touche à sa fin – dans le Kent, les récoltes de houblon vont bientôt drainer les Londoniens de l’East End, ceux pour qui ces récoltes sont un petit moyen d’existence supplémentaire. L’Angleterre souffre énormément d’une crise économique et le travail est rare, les queues d’indigents s’allongent à la soupe populaire.

James Compton  -   le fils de ceux qui employèrent Maisie petite fille, et qui lui permirent de faire des études – l’a contactée pour enquêter à Heronsdene, l’un des villages où se regroupent des cueilleurs de houblon, ainsi qu’une tribu de bohémiens désireux également de se faire un peu d’argent. Maisie Dobbs doit enquêter concernant le domaine Sandermere. 
La société de construction de Compton est désireuse d’acquérir la briqueterie  et si, possible acquérir également le domaine très mal géré par le dernier scion de la famille, Alfred Sandermere plus intéressé par la boisson que par une gestion correcte de sa propriété. Ce que Compton aimerait que Maisie découvre est, si possible, l’origine des petits incendies qui chaque année à la même période depuis dix années sont allumés à différents endroits du village, de même que du petit vandalisme.
Rien de vraiment grave en soi, mais la société canadienne ne désire pas prendre de risque inutile.

Pour Maisie Dobbs, se rendre à Heronsdene n’est pas un problème, son père habitant un cottage sur la propriété des Compton, dans le patelin d’à côté.
Elle pourra lui rendre visite un peu plus souvent. Lorsqu’elle arrive à Heronsdene, miss Dobbs est saisie par l’ambiance qui règne sur le village – non seulement il y a la xénophobie latente et l’intolérance à l’égard des bohémiens, mais aussi à l’égard des  Londoniens « tous ces gens qui viennent nous voler du travail ».
De plus, le village a l’air d’être totalement sous la coupe du hobereau local, le très déplaisant Alfred Sandermere.
Une vraie chape de plomb semble recouvrir le patelin.
Il y a aussi des vols, dont notamment celui de l’argenterie Sandermere, mais aussi d’autres petits vols ayant été commis dans les alentours. Pour tous les villageois, les coupables ne peuvent se trouver que parmi les bohémiens ou les cueilleurs venus de Londres.

Cette forme de racisme n’étonne pas totalement Maisie, mais elle est par contre beaucoup plus surprise par l’ambiance pesante qui règne sur ce village. Comme si tout le village vivait sous le poids d’un secret trop lourd. Il est vrai qu’une grande partie des jeunes et plus anciens hommes d’Heronsdene ont été tués au cours de la première guerre mondiale, de plus un zeppelin lâcha une bombe sur certains endroits de la petite ville, notamment sur la boulangerie-pâtisserie, tuant le boulanger-pâtissier, son épouse et leur fille – leur fils ayant été enrôlé et porté disparu.

Maisie Dobbs n’est pas trop mal accueillie par la matriarche bohémienne, qui a perçu en elle une personne compatissante, à l’esprit ouvert. Elle l’impose même à son fils qui se méfie de tout le monde (à juste titre bien souvent).
D’ailleurs dans le patelin, il y a suffisamment d’écriteaux aux devantures des magasins « No Gypsies ».

Miss Dobbs tente de discuter avec Alfred Sandermere, qui de manière très arrogante lui fait comprendre que la Compton Corporation n’a qu’à bien se tenir, il ne compte pas vendre à bas prix. L’homme est complètement dans le déNI de la situation malsaine de ses finances. Ou pas ?

En parallèle à son enquête, Maisie Dobbs doit faire le deuil du jeune docteur à qui elle fut fiancée – frappé à la tête par un morceau de bombe, Simon Lynch n’est plus qu’un corps sans esprit, sans vie. Après dix années d’inconscience, Lynch trouve enfin le repos éternel. En plus, miss Dobbs va pouvoir aussi renouer une relation importante de sa jeunesse, son mentor Maurice Blanche, qui souhaite enfin une réconciliation après une brèche d’une année.

Maisie Dobbs n’est pas quelqu’une qui se laisse décourager facilement, et malgré l’hostilité de certains habitants de Heronsdene, elle va se démener pour découvrir la vérité avec l’aide de Billy Beale, son assistant, qui se trouve à Heronsdene pour la cueillette du houblon.

Une vérité pire que celle qu’elle pensait.

Ce que j’en pense = je suis une fan de la première heure de Maisie Dobbs – mais aussi de l’écriture anglaise de Jacqueline Winspear – elle écrit tellement bien, même les situations difficiles, que lorsque je lis parfois à voix haute certains passages de ses livres, j’ai l’impression de lire des mots qui coulent comme l’eau.
C’est un vrai bonheur de lecture. Je n’ai pas encore été déçue une seule fois par une enquête de Maisie Dobbs. 

Cette enquête-ci aborde, comme la plupart des autres enquêtes, les problèmes consécutifs à la boucherie de la première guerre mondiale. 
Mais aussi, ce qu’une foule peut devenir lorsqu’on attise la haine sous-jacente. C’est effrayant.
Sont aussi bien décrits sont le racisme quotidien, l’ignorance et l’intolérance à l’égard de ceux « qui ne sont pas comme nous ».

Un des rares moments un peu amusants du roman, sont les déboires de Priscilla, l’amie de Maisie, qui a débarqué à Londres pour tenter de trouver un pensionnat dont ses fils ne seraient pas renvoyés en raison de bagarres lorsqu’ils sont en butte au harcèlement de leurs condisciples anglais (les fils de Priscilla ont fait leurs primaires à Biarritz et parlent anglais avec un accent français – du coup l’intolérance est aussi à leur encontre).
Trois garçons, qui ont reçu des « leçons » de la part du frère boxeur d’une femme de chambre, savent comment se défendre, au détriment des dents de leurs condisciples. 

A côté de cela, l’histoire aborde le deuil, le chagrin avec beaucoup d’humanité, de finesse et pudeur. Il y a beaucoup de tendresse dans le roman, malgré l’amertume de certaines situations.

houblon

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Commentaires
A
Je n'ai lu que le premier, je vais essayer de rattraper mon retard. Il me semble avoir vu que la troisième enquête vient de paraître en français.
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H
Teki a raison, tu racontes vraiment bien les intrigues des livres et tu en fais un bonne analyse même si tu ne le réalises pas
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T
Et voilà un beau billet qui donne envie de lire ce roman ! Merci Niki
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