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mon bonheur est dans la ville
3 décembre 2020

L'ENFANT QUI TUAIT LE TEMPS, de Pierre Magnan

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Kronos et son fils Zeus, dieu suprême de l’Olympe, ont été chassés du ciel sans autre forme de procès , comme tous les autres dieux – un nouvel occupant, un jeune homme les bras étendus et des plaies aux mains, a fait que les hommes désormais ne veulent plus croire qu’à un seul dieu. Ils arrivent sur terre, habillés comme des clodos, d’un chlamys pas très frais et de fines semelles de cuir en guise de sandales. C’est d’ailleurs de justesse que ceux qui les ont chassés ont bien voulu leur envoyer ces pauvres vêtements. Heureusement car arriver sur terre nus comme des vers, ça aurait tout de même manqué de dignité.
Ils arrivent dans le Trièves, une région qui fleure bon la cuisine, les champs, les vignes, bref le bonheur de vivre. On peut être un dieu, fut-il antique, on n’en a pas moins des besoins de nourriture – l’ambroisie ne nourrit pas son ex-dieu sur la terre ; ils ne sont pas loin de l’Auberge du Bord de Route, où il faut nourrir un groupe, pendant qu’à l’étage l’épouse du patron hurle dans les douleurs de l’enfantement. Voici le petit Elie.
Les dieux ayant été reçus à bras ouverts par le patron qui a eu pitié de ces deux vagabonds mal habillés, les a copieusement nourris et abreuvés du petit vin du pays ; cela met toujours les gens de bonne humeur, alors des dieux déchus, vous pensez ! Ces derniers ne seront pas des ingrats.

Le petit Elie, à qui Kronos fait des risettes, attrape son doigt – amusés les dieux décident de faire don au bébé d’arrêter le temps s’il fait de son index et son pouce un cercle comme celui qu’il forme autour du doigt du dieu.
Chaque fois qu’Elie forme un cercle des index et pouce, le temps s’arrête.
Lorsque la nourrice s’en rend compte, elle en informe les parents. Ceux-ci décident que cela doit rester secret sinon la vie de leur fiston deviendra infernale.
Tout va bien, jusqu’au jour où la nourrice, qui est repassée à la cuisine puisque l’enfant est sevré, se fait renvoyer par le père aubergiste. Et comme elle a envie de se venger, elle dévoile le secret d’Elie à l’un de ses copains de classe.

Le petit garçon n’est pas fort dérangé par ce que ses camarades de classe lui demandent, mais dans le village on se pose  tout de même la question de savoir comment il se fait que régulièrement toutes les horloges s’arrêtent dans le patelin, pour reprendre peu après. Elie utilise ce don judicieusement, ne l'utilise pas à son profit personnel, plutôt pour aider les habitants du village et alentours.
Il va ainsi être sollicité par le régisseur du domaine en haut de la colline ; les « châtelains » Jolaine et François Sémiramis, bien que pas clients de l’auberge (ils sont végétariens) ont besoin que le temps s’arrête un petit peu, juste pour que François revienne à temps de son voyage – Jolaine est gravement malade et ses heures sont comptées.

Dans ce village existe un esprit de solidarité qui va bien aider le fabricant de jouets en bois, lorsque débarquera une huissière qui, comme par hasard, ne sera pas à l’heure pour soumettre l’assignation en règle.
Ensuite il y a la demande de François de l’aider à rendre la liberté à des oiseaux que des méchants ont capturé – cela fait des années qu’il fait cela en mémoire de Jolaine qui ne supportait pas les oiseaux en cage. Au retour d’un voyage à Marseille pour retarder les gendarmes, Elie découvre un petit chemin de fer qui ne circule qu’entre deux petits villages, où le chef de gare est très malheureux à cause des bosses qu’il a sur le dos et parce qu'un méchant jaloux se moque de lui.

Elie est un enfant qui a bon cœur, que quelqu’un de méchant se permette de salir quelqu’un d’autre, il ne peut l’accepter, aussi va-t-il aider le chef de gare.

Ce que j’en pense = énormément de bien – c’est un récit court, mais riche d’un vocabulaire rempli de poésie, de tendresse, d’humour.
C’est un véritable livre bonheur, il n’y a pas d’autre mot.

Qu’il décrive cette Haute Provence qu’il aimait tant, les paysages mais aussi ce que l’on y mange, que ce soit cette petite ligne de chemin de fer qui ne sert, en principe, qu’aux touristes, tout le talent poétique de Pierre Magnan est dans tout cela. On peut presque humer les senteurs du thym et autres herbes dites sauvages mais si délicieuses dans un plat mijoté.

Ce livre est un conte, un vrai mais avec seulement un méchant, un jaloux évidemment, et des dieux qui s’amusent.
Généralement quand ces derniers s’amusent, c’est toujours aux dépens des humains qui déclarent et/ou subissent des guerres par leur faute, mais ici ils se contentent de faire un cadeau qui aidera tout le monde à travers cet enfant foncièrement gentil.

Si vous n’avez jamais lu ce livre, précipitez vous – en ces temps de ce que l’on peut ou pas faire, lire ce roman est un cadeau à se faire.

Vue_sur_le_château_de_Cornillon-en-Trieves

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Commentaires
H
Encore une lacune dans ma culture littéraire! Est-ce que tous les livres de cet auteur sont dans la même veine que celui-ci ? J'adore ta façon de raconter et commenter les livres !
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T
Effectivement CB fait encore des siennes ;)
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T
mince alors, je ne voyais pas mon commentaire, alors je le reecris... tu peux effacer si tu peux.
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S
@teki = j'ignore ce qui se passe encore une fois avec CB mais ton commentaire n'apparaît pas ici, alors qu'il apparaît dans l'onglet "contenu" - contente que le billet te donne envie de lire le livre
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T
Jamais lu cet auteur, je met ce roman dans la liseuse. Hâte de découvrir car ton billet donne très envie de le lire.
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