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mon bonheur est dans la ville
22 août 2020

VINGT REGLES POUR LE CRIME D'AUTEUR, de S.S. Van Dine

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Dans l’excellent essai – LE GUIDE DU POLAR de Baudou & Schleret – que je relis de temps à autre, ou plutôt que je feuillette avant de m’arrêter à un article, comme on le fait pour une encyclopédie, j’ai re-découvert les fameuses 20 règles éditées par l’auteur de romans policiers, journaliste et scénariste, S.S. VAN DINE, pseudonyme de Willard Huntington Wright – Van Dine publia cet article dans « The American Magazine » en septembre 1928.

Je me suis souvent demandé si les auteurs contemporains de romans policiers se réfèrent encore à ces 20 règles.
Question rhétorique évidemment, car bien qu’ayant le plaisir de connaître au moins 2 écrivains de rompol (comme dit Fred Vargas), je ne suis pas suffisamment intime avec eux pour leur poser la question quand je les rencontre au cours d’une séance de signature ou d’une conférence. 

Personnellement j’ai déjà pu constater dans certaines de mes lectures que toutes ces règles ne sont pas systématiquement respectées – il est vrai qu’elles ont été édictées en 1928, et que le roman, comme la société, comme les auteur.e.s, a évolué.

Au cas où vous décidiez de vous lancer dans l’aventure de l’écriture, je vous livre ci-dessous, légèrement résumées, ces 20 règles auxquelles vous êtes prié.e.s de vous conformer (pour les règles complètes je suggère la lecture du guide du polar) =

  1. Le lecteur et le détective doivent avoir des chances égales de résoudre le problème – tous les indices doivent être pleinement énoncés et décrits en détail
  2. L’auteur n’a pas le droit d’employer des trucs et des ruses autres que ceux que le coupable emploie vis-à-vis du détective
  3. Le véritable roman policier doit être exempt de toute intrigue amoureuse ; ce serait déranger le mécanisme du problème purement intellectuel
  4. Le coupable ne doit jamais être découvert sous les traits du détective lui-même, ni d’aucun membre de la police – ce serait une tricherie vulgaire
  5. Le coupable doit être déterminé par une suite de déduction logique, non par hasard ou par confession spontanée
  6. Dans tout roman policier, il faut par définition un policier, qui doit faire son travail et le faire bien – sa tâche consiste à réunir les indices qui mèneront à l’individu qui a fait le coup
  7. Un roman policier sans cadavre, cela n’existe pas – faire lire 300 pages sans même offrir un meurtre serait se montrer exigeant à l’égard du lecteur qui doit être récompensé pour sa dépense d’énergie
  8. Le problème policier doit être résolu à l’aide de moyens strictement réalistes
  9. Dans un roman policier digne de ce nom, il ne doit y avoir qu’un seul détective
  10. Le coupable doit toujours être un personnage qui a jouéé un rôle plus ou moins important dans l’histoire
  11. L’auteur ne doit jamais choisir le criminel parmi le personnel domestique (valet, majordome, cuisiniers, femme de chambre ou autres) – ce serait une solution de facilité
  12. Il ne doit y avoir qu’un seul coupable, sans égard au nombre de crimes commis – toute l’indignation du lecteur doit se concentrer sur une seule personne
  13. Les sociétés secrètes, mafias, et autres, n’ont pas de place dans un roman policier – ceci tombe dans le domaine du roman d’espionnage ou d’aventure
  14. La manière dont est commis le crime et les moyens devant mener à la découverte du coupable doivent être rationnels et scientifiques
  15. Le fin mot de l’énigme doit être apparent tout au long du roman à condition, bien sûr, que les lecteurs soient suffisamment perspicaces pour le saisir
  16. Il ne doit pas y avoir de longs passages descriptifs, pas plus que d’analyses subtiles – le roman policier est un genre très défini ; le lecteur n’y cherche pas des falbalas littéraires, ni des virtuosités de style, ni des analyses trop approfondies
  17. L’écrivain doit s’abstenir de choisir son coupable parmi les professionnels du crime – les méfaits des bandits relèvent du domaine de la police et non pas des auteurs, ni des détectives amateurs
  18. Ce qui a été présenté comme un crime ne peut pas, à la fin du roman, se révéler comme un accident ou un suicide – imaginez une enquête longue et difficile pour se terminer par une telle déconvenue – ce serait jouer un tour impardonnable au lecteur
  19. Le motif du crime doit toujours être strictement personnel
  20. Enfin, S.S. Van Dine énumère quelques trucs auxquels n’aura recours aucun auteur qui se respecte, parce que déjà trop utilisés et donc familiers à tout amateur de littérature policière =

-      La découverte de l’identité du coupable en comparant un bout de cigarette trouvé à l’endroit du crime

-      La séance spirite truquée au cours de laquelle le criminel a peur et se dénonce

-      Les fausses empreintes digitales

-      L’alibi constitué au moyen d’un mannequin

-      Le chien qui n’aboie pas, révélant que l’intrus est un familier

-      Le coupable, frère jumeau du suspect, ou un parent lui ressemblant à s’y méprendre

-      La seringue hypodermique et/ou le sérum de vérité

-      Le meurtre commis dans une pièce close en présence des représentants de la loi

-      L’emploi des associations de mots pour découvrir le coupable

-      Le déchiffrement d’un cryptogramme par le détective ou la découverte d’un code chiffré

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Commentaires
H
Oui les règles se sont bien distendues, je crois bien d'ailleurs que l'élastique a claqué et que ça file dans tous les sens 😊<br /> <br /> Pour le Sardou dont tu parles (et que j'ai adoré) ce n'est pas un policier (dans lequel le crime est déjà commis) mais un thriller avec tueur en série (dont il faut empêcher le crime à venir)
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V
tiens, c'est drôle ça! Il faudrait vérifier à chaque lecture de polar! ^^
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A
Je ne sais pas si les vingt règles sont respectées dans les polars que je lis, mais pour moi l'essentiel que que ça marche ! :-)
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