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mon bonheur est dans la ville
18 juillet 2020

WHAT HAPPENED, MISS SIMONE, de Liz Garbus

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Le titre du documentaire est une référence à la citation de la poétesse et essayiste Maya Angelou

A la base de nombreux documents d’archives, extraits d’archives télévisées, du témoignage de sa fille Lisa – elle aussi chanteuse et comédienne à Broadway – le documentaire nous fait découvrir une femme non seulement engagée politiquement, formidablement talentueuse, qui vivant intensément se brûla les ailes.

Formidable biographie de la grande Nina Simone, qui voulait être pianiste classique et, lorsqu’elle demanda une bourse d’études à l’Institut de musique Curtis, fut refusée. Ce refus, non seulement lui fit comprendre ce que c’était que d’être noire dans un monde appartenant aux blancs, mais surtout ce refus la fera souffrir tout au long de sa vie, même si elle enfouit ce chagrin au fond d’elle.
Sa jeunesse ne fut pas très heureuse = isolée des enfants de son âge parce qu’elle étudiait le piano jusqu’à 7 heures/jour (elle avait 4 ans), et isolée des enfants blancs de part sa couleur.
Elle expliquait d’ailleurs à quel point se rendre chez sa professeure de piano lui faisait peur car elle devait traverser la ligne de chemin de fer séparant les noirs des blancs. 

De son vrai nom Eunice Waymon, fille d’une prédicatrice méthodiste, à 4 ans la petite Eunice montre de grands talents au piano et est remarquée par la femme chez sa mère faisait le ménage et une amie de cette dame, professeure de piano. Elle se mit à enseigner le piano classique à la petite fille, qui grandit avec Bach et Brahmas.
La professeure avait collecté des fonds afin que la petite fille puisse poursuivre ses études de piano en grandissant. Malheureusement, le fonds ne suffit pas à payer des études artistiques à la célèbre Julliard School de New York, elle postula alors au Curtis Institute  pour une bourse d’études, cela lui fut refusé.

A New York, sans argent, avec la famille qui s’y était installée pour être auprès d’elle, Eunice trouve un emploi dans une boîte de nuit, où elle devient chanteuse et pianiste de jazz. Elle adopte alors le pseudonyme de NINA SIMONE – Nina parce que son petit ami à l’époque l’appelait « nina » c'est-à-dire « ma petite » et Simone, en référence à Simone Signoret, qu'elle avait vue dans "Casque d'Or".
Elle savait que le jazz était considéré comme « la musique du diable » aussi préférait-elle que sa mère ne le sache pas.

Peu à peu se fait sa renommée, notamment par son interprétation de « Porgy » de « Porgy & Bess » – elle est alors engagée au festival de jazz de Montreux en 1960 et à partir de là, sa carrière démarre.
Elle épouse Andrew Stroud, a une petite fille Lisa (qui est d’ailleurs la productrice du documentaire) – aimant les choses que l’argent peut offrir, elle multiplie les concerts, les performances, au point de développer des accès de fatigue tels qu’elle en devient agressive, même avec le public.
Le ménage connaissait pas mal de crises car le mari, devenu son manager, et un excellent manager, était aussi un tyran et n’hésitait pas à battre la jeune femme, qui – comme beaucoup de femmes subissant des violences conjugales – pensait que cela ne se reproduirait pas et qu’elle aimait son mari.

Andrew Stroud parvint à faire engager Nina Simone à Carnegie Hall en 1963 ; hélas elle ne put donner un concert classique comme elle le souhaitait ; elle y interpréta donc ses morceaux musicaux habituels.
Elle devenait très hargneuse parfois avec son public, quittant carrément la salle de concert si le public n’était pas aussi silencieux que le public des concerts classiques.

En septembre 1963 se produisent les événements dramatiques de Birmingham = un attentat terroriste du KKK fait exploser une église dans laquelle se trouvaient des enfants et des adultes.
Choquée comme tous les noirs d’Amérique – James Baldwin criera leur colère lors d’un meeting - , Nina Simone devient une militante pour les droits civiques des noirs – elle fera partie de la marche de Selma à Montgomery avec le pasteur Martin Luther King, avec aussi James Baldwin, Harry Belafonte, Sidney Poitier et tant d’autres.
Chantant sa colère avec violence, elle casse sa voix, dont une certaine octave ne reviendra jamais. 

Elle devient de plus en plus en colère, cette colère se retournant non seulement contre elle mais contre tous ceux qui ne s’engageaient pas de la même façon. Elle devient l’amie de Lorraine Hansberry, autrice, et aussi du ménage Malcolm X, où sa fille Lisa devient presque le 7ème enfant de la fratrie.
Prenant des risques politiquement, son mari-manager a de plus en plus de difficultés à lui trouver des concerts et elle n’est plus demandée à la télévision – la dépression s’accroît car elle est consciente que 19 personnes dépendent d’elle (sa famille, mais aussi ceux qui travaillent dans les bureaux de son mari-manager).

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Finalement, à bout, Nina Simone laisse tout tomber et part vivre au Liberia, où dira-t-elle elle se sentira enfin libre pour la première fois de sa vie.
Lisa vient l’y rejoindre et alors, elle qui fut une femme battue, devient une mère toxique pour sa fille, qui après quelques moments heureux, n’en pourra plus du caractère erratique de sa mère et retournera à New York auprès de son père.
Au Liberia, Nina Simone déclare haïr le piano et ne veut plus en jouer – elle en jouait depuis l’âge de 4 ans et, selon elle, cela ruina sa vie. 

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Finalement elle revient en Europe et se produit à nouveau au festival de jazz de Montreux en 1976, la vie étant très chère en Suisse, Nina Simone s’installe à Paris où elle vit dans une pauvreté immense. Elle y sera retrouvée par des amis musiciens, qui la sortent de l’ornière et la confient à un médecin – diagnostic = elle est maniaco-dépressive.
Le médicament prescrit calmera la musicienne, mais avec le temps il risque d’altérer ses mouvements et sa voix.
Cependant, cela ne l’empêchera pas de se produire au festival de Montreux de 1987.

Il est terriblement triste de voir la déchéance d’un tel talent, elle sera cependant bien soutenue par ses amis – Nina Simone s’installe dans le sud de la France en 1993, tout en recommençant les tournées musicales.

Le Curtis Institute qui lui refusa à 19 ans la bourse d’études qui lui aurait permis de devenir la première femme pianiste noire, lui accorda un diplôme d’honneur ! (quel cynisme ! note de la rédactrice du blog)

Il est toujours difficile dans un monde qui structure tout le monde, d’être différent.e, de ne pas se fondre dans les moules pré-établis, surtout si tu es vulnérable.
Vulnérable, Nina Simone l’était, mais elle avait aussi une force dynamique qui, après avoir atteint le fond, lui permit de remonter la pente.

Elle décéda en 2003 à l’âge de 70 ans.

 lisa simone et nina simone

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 la chanson par laquelle nina simone a voulu faire prendre conscience
à quel point être noir.e était important
et qu'il fallait absolument se battre pour ses droits

 

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Commentaires
T
Quelle vie !!
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A
Ces grandes chanteuses ont rarement des vies joyeuses .. ont-elles un caractère difficile à la base ou deviennent-elles difficiles à force de se heurter à de grosses difficultés ? Je pencherai plutôt pour la deuxième hypothèse.
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