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mon bonheur est dans la ville
27 juin 2020

LES SOUPERS ASSASSINS DU REGENT, de Michèle Barrière

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5ème aventure de la saga des Savoisy

Les enfants Savoisy, Alixe et Baptiste ont été élevés à l’ombre de la cour du roi soleil.  Leur mère, la charmante Ninon, est morte en mettant Baptiste au monde et leur père, Benjamin, les a surtout confiés à leur parrain, ayant toujours la bougeotte et envie de découvrir de nouvelles plantes, de nouvelles épices. L’un de ces voyages lui coûta la vie.
Alixe et Baptiste  étaient fort unis dans leur jeunesse, mais au fil du temps, Baptiste ayant dilapidé son héritage a fini par harceler sa sœur afin qu’elle lui cède sa jolie boutique où elle sert de délicieux desserts.
Pour Baptiste, elle n’a pas le droit de conserver cet endroit privilégié dans Paris, et même Elise son épouse, rangée du côté de sa belle-sœur, n’arrive pas à lui ôter cette idée de la tête. Il refuse même une association avec sa sœur, estimant que ce qu’elle sert serait se rabaisser, lui qui veut servir un vin de roi.
Car Baptiste est ambitieux,  fournisseur de la cour du régent en vin de Champagne, il veut avoir pignon sur rue afin de vendre encore plus de vin mousseux, en dédaignant désormais les autres vins de France, en se mettant même l’un de ses collègues à dos.
L’ambition de Baptiste se mue littéralement en cupidité et il a décidé qu’il forcerait la main de sa sœur en s’adressant au tribunal.

Le commerce du vin n’est pas la seule chose qui oppose désormais Alixe et Baptiste ; elle est depuis toujours une partisane du régent, qui lui fait un brin de cours, en tout bien tout honneur de la part de ce grand amateur de jolies femmes ; quant à Baptiste il s’est rangé dans le camp de la duchesse du Maine, épouse du duc du Maine, un bâtard légitimé de Louis XIV ; cette femme estime que son époux a plus de prétention au trône que le régent.

Au milieu de ces dissensions familiales, politiques et culinaires,  éclate la mort d’une jeune comédienne du théâtre italien ; comme elle est morte après avoir bu une coupe de champagne, l’abbé Dubois, unfamilier du régent, est prêt à arrêter quelqu’un, et pour Alixe, l’inquiétude est grande – si c’était son frère qui avait mis de l’arsenic d ans la bouteille pour se débarrasser de Philippe d’Orléans ?
Malgré les inimitiés entre le frère et la sœur, celle-ci décide d’enquêter afin d’innocenter son frère.
Elle est entourée par Honoré, un familier des soupers du régent, Francesco un cousin italien, revenu depuis quelque temps à Paris avec les comédiens italiens et toujours amoureux d’elle ; elle est aussi aidée par Marivaux, fréquentant les cafés parisiens, comme ce Procope très à la mode, il ouvre grand les oreilles afin de glaner d’éventuels ragots susceptibles de les aider.

Baptiste Savoisy ayant manqué de discernement, réalise qu’il a été utilisé par les comploteurs et la duchesse du Maine,  désireux d’une guerre entre l’Espagne et la France, qui remettrait sur le trône Philippe d’Espagne. Il fuit donc vers Madrid, avec les papiers compromettants, mais bientôt il comprend que l’on s’est joué de lui et il va falloir fuir.
Mais où ? en France certainement pas.
Un négociant anglais lui propose de faire route ensemble, ils rejoindront l’Angleterre et de là Baptiste pourra décider.
Aussitôt dit, aussitôt fait.
Un court passage dans une prison espagnole va permettre à Baptiste de faire le point sur son attitude vis-à-vis de sa sœur, et regretter profondément avoir délaissé son épouse Elise et leurs deux enfants. Parfois, à quelque chose malheur est bon.

Pendant ce temps à Paris, Alixe a fait la connaissance d’un nobliau breton ; un coup de foudre, que la jolie veuve n’espérait plus. Malgré les avertissements d’Honoré qui lui dit qu’il faut désormais se méfier de tout le monde car tout le monde complote en ce moment.
Alixe n’écoute pas.
Lorsqu’Honoré est assassiné, le noble breton estime qu’il est temps de fuir, aussi emmène-t-il Alixe dans son manoir breton ; la jeune femme est trop bouleversée pour protester, elle a perdu un grand ami en Honoré, et où ce nouvel amour l’entraînera-t-elle, elle qui déteste la politique ?

Ce que j’en pense – j’ai retrouvé avec un immense plaisir la saga des Savoisy, cette fois quelques années après l’aventure de Benjamin et Ninon.
Ce polar historique est fort riche en détails sur la France du régent, Philippe d’Orléans, et tous les complots et tromperies, perfidies, que l’on trouve dans toutes les cours royales, chacun voulant obtenir le maximum de privilèges. 

Sur fond de guerre entre l’Espagne et la France, on découvre une partie de la famille du régent = sa formidable mère, la princesse Palatine, une femme ne prenant pas de gants pour dire ce qu’elle pense, et elle ne pense pas beaucoup de bien des Français, et surtout des courtisans, tous plus arrivistes les uns que les autres. Mais aussi l’une de ses filles, la détestable Marie-Louise Elisabeth d’Orléans, dite Joufflotte, à qui il a toujours tout passé depuis l’enfance et qui se comporte comme une sale gamine, exigeante, méchante et fourbe.
Pas aussi fourbe cependant que la duchesse du Maine, complotant afin de dresser l’Espagne contre la France.

Cette fois, l’Histoire avec un grand H m’a plus intéressée que les complots entourant les Savoisy – il est question de l’abbé Dubois, qui brigue le poste de premier ministre ; de la Quadruple Alliance, du système de John Law.
On rencontre fréquemment le charmant Marivaux, et très brièvement l’ami de celui-ci, un certain Watteau.

Il est question de l’alliance des Bretons, eux aussi désireux de renverser le régent, afin de faire à nouveau de la Bretagne un territoire indépendant.
On croise également le jeune Voltaire, dont les pamphlets lui valent la Bastille plus qu’à son tour, jusqu’à ce qu’il soit libéré et exilé.

Surtout et avant tout,  il est beaucoup  question de vin dans ce roman – de ce nouveau vin qu’adore la cour de France, à savoir le vin mousseux de Champagne, dont le frère Oudart se vante de posséder le secret de Dom Pérignon.
Avec les arguments de ceux qui sont en faveur de ce vin, et les opposants, les vignerons de Bourgogne avançant les arguments en faveur de leurs vins.

Traversant l’Espagne pour se rendre en Angleterre, on découvre les spécialités espagnoles que dégustent les protagonistes sur la route du sud espagnol.

Comme toujours un habile mélange entre personnages fictifs et personnages historiques avérés. Une lecture qui emporte  lecteurs/lectrices en vacances.
Avec une intéressante postface, expliquant toute la situation politique et économique de l’époque.

300px-The_Régent_of_France,_Philippe_d'Orléans_in_1717_after_Jean_Baptiste_Santerre

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Commentaires
C
A chaque fois que tu écris sur cette auteure, j'ai envie de lire ses livres et je ne les lis jamais... Je suis un peu comme Aifelle d'un autre côté, j'ai un peu peur du casse-tête.
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M
Je n'ai pas commencé cette série, qui ne m'attirait pas jusqu'à présent. Je vais me lancer cet été dans quelques romans historiques...
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A
Cette période de l'histoire de France est un vrai casse-tête (comme bien d'autres d'ailleurs ...). Je ne lis plus de romans historiques, mais en vacances, pourquoi pas, ça change un peu.
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H
Un peu de policier, de l''Histoire, une bonne dose de vin, voilà un cocktail qui te convient bien et que je goûterais volontiers. Merci pour cette chronique passionnante !
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S
oui il s'agit bien de ce watteau-là, même si ici il n'est qu'un copain de marivaux :D<br /> <br /> merci à toi teki, pour avoir apprécié
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