THE TOKYO ZODIAC MURDERS, de Soji Shimada
Titre original japonais = Senseijutsu Satsujin Jiken
Titre français = Tokyo Zodiac Murders (hé oui, c’est le titre français !)
Prologue - le Japon, avant la 2ème guerre mondiale – un artiste peintre du nom de Heikishi Umezawa, convaincu d’être un possédé du diable, a décidé de créer son chef d’œuvre, la femme parfaite = Azoth.
Cet émule du docteur Frankenstein est passionné d’astrologie et a l’intention de construire sa créature à partir de pièces détachées prises sur les corps de ses filles et nièces.
Son journal intime explique comment il a l’intention de procéder.
Quarante-trois années plus tard – les Tokyo Zodiac Murders ont défrayé la chronique après la guerre, lorsqu’on trouva le journal de l’artiste, lui-même assassiné peu avant de mettre son plan à exécution.
Sa mort elle-même fut mystérieuse, car la porte de son studio était fermée de l’intérieur, et aucune fenêtre n’était accessible, ou fracturée.
Bref un vrai mystère de chambre close. Seuls quelques pas dans la neige autour de l’atelier, mais aucune trace d’effraction.
Néanmoins, les jeunes femmes furent bien massacrées de la manière dont c’était décrit dans le journal intime.
On ne découvrit jamais un coupable et pourtant de nombreux détectives amateurs se jetèrent dans l’aventure, certains au point même de se ruiner.
Kazumi Ishioka, ami de l’astrologue-détective Kiyoshi Mitarai, lui donne à découvrir le livre tiré des meurtres, y compris le journal de l’artiste totalement fou.
Lui et Mitarai en discutent - Ishioka aimerait que son brillant ami découvre la vérité surtout après avoir reçu une lettre écrite par un policier, lettre confiée aux deux jeunes gens par l’épouse du policier.
Un personnage très rustre, frère de la dame, policier lui aussi et de la vieille école (les femmes n’ont aucun droit), exige la lettre en retour.
Exaspéré par la grossièreté du personnage qu’il considère comme abusant de son badge, Kiyoshi Mitarai lui jette à la figure que dans 8 jours il aura résolu cette affaire que personne en quarante-trois ans n’est jamais parvenu à conclure.
La course contre la montre est engagée.
Mon avis = positif – bien plus en tout cas que lors du premier polar (ici) que j’ai lu avec le détective-astrologue Mitarai. J’ai été prise au jeu de ce défi, enquête-course contre la montre puisque Mitarai a certifié qu’il résoudrait cette affaire en 8 jours !
Au début de ma lecture, j’ai eu peur de tomber dans un roman d’horreur, en lisant le prologue-journal intime de l’artiste peintre, lui-même assassiné avant de mettre ses crimes en application.
Là où j’ai eu quelques difficultés c’était avec le chapitre concernant les longitudes et latitudes pour découvrir le lieu exact des cadavres (du moins leurs restes) et aussi pour arriver à définir le lieu exact d’Azoth.
L’histoire se présente quelque peu comme une pièce de théâtre, en ce sens qu’elle est découpée en 5 actes, divisés en scènes multiples, avec 4 entractes, dont 2 sont des interventions de l’écrivain, certifiant aux lecteurs qu’ils ont tous les éléments pour résoudre l’affaire avant la révélation finale.
Moi qui me targue, souvent, de découvrir le coupable d’un polar, ici j’ai été – comme Kazumi Ishioka – en pleine confusion. Contrairement bien sûr à Mitarai qui y arrive dans le délai prévu, avec un intéressant rebondissement.
Ce polar fait partie de cette tendance littéraire nommée honkaku, rendant hommage aux romans policiers de l’âge d’or du polar, et dont j’ai eu l’occasion de vous parler dans l’une de mes précédentes lectures (ici).
Je comprends en tout cas pourquoi on compare ce roman à un hommage à Holmes & Watson, car effectivement la façon de raisonner de Kiyoshi Mitarai ainsi que son caractère impatient et sarcastique à l’égard de Kazumi Ishioka ressemble assez au duo britannique.
L’histoire est contée à la première personne, comme les carnets de John Watson – tout comme Sherlock Holmes, Mitarai est sujet à des changements d’humeur, il est cyclothymique, comme l’est Holmes quand il n’a pas de cas intéressant à résoudre.
Dans l’acte 2/scène 2, il y a même une âpre discussion à propos de Sherlock Holmes car Mitarai est vexé d’être comparé à lui par son ami.
Ceci pour la comparaison avec les aventures de Sherlock Holmes et John Watson.
Dans ce même chapitre il y a aussi une énumération de détectives amateurs ou non, cités par Kazumi grand amateur de polars et que Mitarai tourne totalement en dérision.
J’ai apprécié le roman japonais, parce qu’il suit l’histoire des meurtres du zodiaque de manière intéressante.
Ma première surprise évidemment fut tout au début du roman, alors que les carnets intimes du peintre frappadingue Heikichi Umezawa tendaient à faire penser qu’il serait le meurtrier, on apprend qu’en réalité il mourut peu après avoir terminé cette écriture.
Ce qui rend le roman intéressant également à mes yeux est qu’il aborde un pan de l’histoire du Japon, ainsi que certaines coutumes ancestrales qui sont peu à peu oubliées par les jeunes générations. Et qu’en tant qu’occidentale je connais très mal.
Il semblerait que Soji Shimada ait écrit plusieurs romans policiers avec le détective astrologue Mitarai en vedette ; s’ils sont de la veine de celui-ci, ils pourraient m’intéresser, en tout cas beaucoup plus que celui cité précédemment.