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mon bonheur est dans la ville
8 mai 2020

ME AND ORSON WELLES, de Robert Kaplow

709183

360px-Mercury-Theatre-Poster-1938

Westfield, New Jersey, novembre 1937 - Richard Samuels est en dernière année de lycée ; il se désole d’être un grand jeune homme, très littéraire, sensible et intelligent, au point que toutes les filles ayant des peines de cœur se confient à lui, alors qu’il aimerait bien être plus que « leur meilleur ami » comme elles l’appellent.
Il a pour copains la bande des gros bras de la classe, tous tombeurs de filles ; ils évitent à Richard d’être harcelé pour son intellect, en échange d’écrire leurs rédactions pour le cours de littérature. Richard Samuels est l’intellectuel mal dans sa peau, qui préférerait être doué en sport puisque c’est ce qui attire les filles et à 17 ans (presque 18) c’est ce qui l’intéresse.

C’est en se rendant à la bibliothèque de New York afin de trouver des livres pour un essai que le cours de sa vie va changer pendant une semaine, une semaine qui le marquera pour le reste de sa vie, en lui apportant un semblant de confiance en soi, en tout cas de l'espoir pour son avenir.
En marchant vers la bibliothèque il entre dans un magasin de disques où une mignonne jeune fille s’exerce ; ils quittent les lieux ensemble, s’étant découverts bien des points communs et espèrent qu’ils se reverront un jour.

Sur un trottoir de Broadway, un attroupement est fait devant ce qui va devenir le « Mercury Theatre », directeurs Orson Welles et John Houseman.
Pour ne pas avoir hésité à montrer son talent au tambour, Orson Welles lui demande s’il est capable de jouer l’ukulélé et toujours emporté par son enthousiasme, Richard convainc le maître qu’il est l’un des meilleurs joueurs d'ukulélé que Welles a vu dans sa vie. Cette bravade séduit Orson Welles et Richard est engagé pour le rôle de Lucius, le serviteur de Brutus.
A partir de cet instant, Richard est littéralement ébloui et happé par son envie de devenir comédien, par la fascination que Welles va exercer sur lui, et il va apprendre à mentir (pour une semaine) à sa mère qui râle parce qu’il manque les cours.

Le « Jules César » d’Orson Welles a été totalement « écrémé » de ce que Welles juge de moins utile, afin de réduire la pièce sans endormir le public.
Le problème est que Welles est tout sauf ponctuel et John Houseman est catastrophé, la première de la pièce est prévue pour le vendredi et rien n’est prêt. Houseman doit tout gérer et s’en plaint auprès de Welles quand celui-ci daigne paraître.
Grosse partie d’engueulade car s’il est bien quelque chose qu’Orson Welles ne supporte pas, c’est qu’on le contrarie. Lui par contre ne se prive pas de rabaisser ceux qui travaillent pour lui.
D’ailleurs la jolie aide à la production,  Sonja, qui fait rêver tout le monde par son élégance, intelligence et surtout ses courbes, prend Richard sous son aile et le prévient de ne jamais contredire le maître ; elle a deux ans de plus que lui et un sens de l’humour bien ancré dans sa personnalité.
Et Richard tombe irrémédiablement amoureux.

Petit à petit, il s’intègre dans l’organisation de la pièce, Welles le prend en sympathie tant que Richard Samuels reste béat d’admiration devant le maître.
Joseph Cotten, grand ami pourtant de Welles, prévient Richard – comme l’a fait Sonja = surtout ne jamais contrarier ni critiquer le grand homme. 
Seulement voilà, Richard Samuels a 17 ans (bientôt 18) et il en a assez d’être traité comme un gamin. Il va donc se permettre de dire ce qu’il pense à Orson Welles quand celui-ci serre Sonja d’un peu trop près ….

Mon avis = l’un des livres les plus sympathiques que j’ai lu récemment – ce jeune garçon fasciné par le monde du théâtre et surtout par Orson Welles est touchante. Bien sûr, lorsqu’on met les gens sur un piédestal, ils en descendent tout aussi rapidement –

Les personnages sont décrits avec humour, la mégalomanie de Welles et ce qu’il insuffle chez ceux qui travaillent pour lui, à savoir un mélange d’admiration et d’agacement – j’ai beaucoup apprécié la manière dont l’auteur décrit Joseph Cotten, un acteur qui toute sa vie sera un grand ami d’Orson Welles, mais qui n’est pas aveuglé par son amitié.

L’atmosphère difficile des années 1930 et leur crise est subtilement amenée par des réflexions que se fait Richard lorsqu’il croise des files devant les bureaux d’emplois ; on parle aussi de ce qui se prépare en Europe, où un dictateur nommé Hitler monte en flèche. Welles utilise d’ailleurs cette situation dans sa version de « Julius Caesar », en habits modernes, militaires, reflets de ce qui se prépare.

Tout ce récit initiatique d’un jeune garçon de 17 ans (presque 18), est relaté à la première personne, sur un ton réjouit et réjouissant, plein d’enthousiasme et d’humour, jusqu’à la fin légèrement plus mélancolique, mais réaliste face à un homme fortement imbu de lui-même, un génie de la scène et de Shakespeare, mais emporté par un ego si démesuré qu’il en écrase tout le monde.
Evidemment, lorsqu’à 22 ans, on est déjà Orson Welles, acteur, producteur, directeur d’une troupe et d’un théâtre (avec John Houseman quand même), on se permet de le crier haut et fort à tout moment.
Le monde du théâtre, qui sera aussi plus tard celui du cinéma d’Orson Welles, est intéressant à découvrir, la manière dont on gère la mise en scène, les décors, et quelques aléas risquant de compromettre la première.

Anecdote = bien que le roman soit une fiction, le personnage de Richard Samuels dans sa participation à la pièce, a été inspiré par le récit qu’en a fait à l’auteur le comédien Arthur Anderson lorsque Robert Kaplow l’a interviewé.
Ce comédien, 15 ans à l’époque, interprétait « Lucius », le serviteur de Brutus. Il conta aussi au journaliste-romancier-essayiste une anecdote-grosse bêtise  qu’il fit un jour où il s’ennuyait dans les coulisses d’un théâtre, pas le Mercury, mais Kaplow l’utilise dans cette histoire-ci.

J’ai le plaisir d’avoir le film qui en a été adapté dans ma collection et c’est en le regardant une nouvelle fois que j’ai décidé de lire le roman.
L’adaptation est fort bien faite, très fidèle au roman. Il faut dire que celui-ci n’est pas très « épais » et il n’a donc pas été nécessaire de sabrer dans le texte pour en faire un film aussi sympathique que l’histoire de Robert Kaplow.
Ce fut agréable, tout au long de ma lecture, de visionner les scènes du film avec le visage des acteurs sur les personnages. Généralement je n’apprécie que modérément les adaptations de romans car très peu fidèles bien souvent, mais là le roman est pratiquement le scénario du film.

Robert Kaplow est écrivain, journaliste à ses heures, et professeur de littérature. Il enseigne la littérature anglaise et l’étude du cinéma à l’université de Westfield, New Jersey.
Il écrivit ses premiers sketchs satiriques lorsqu’il était étudiant. Son roman « Me and Orson Welles » - qui remportera des critiques favorables lorsqu’il sera publié - a dû attendre 9 ans avant d’être édité.

orson welles dans le rôle de Brutus, dans le  "caesar"du mercury theater
orson welles est alors âgé de 22 ans, il est le plus jeune metteur en scène de théâtre à l'époque
(1938)

dessous arthur anderson (lucius) et orson wells (brutus)

Welles-Caesar-1938

Caesar-Anderson-Welles-1937

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Commentaires
M
Non seulement, j'ai envie de lire ce roman mais en plus, j'ai des films à voir de ce réalisateur ( pas celle dont parle le roman )
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M
Voilà qui est très intéressant. <br /> <br /> C'est drôle, je me fais souvent la remarque quand on décrit les lycées américains où les garçons intellectuels et non sportifs se plaignent de ne pas plaire aux filles qui n'aiment que les sportifs. Mais eux-mêmes ne sont-ils pas attirés que par ce genre de filles qui n'aiment que les sportifs ? Car des filles intellectuelles et qui n'aiment pas les sportifs, il y en a beaucoup aussi ;-)
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M
Ah oui, ce doit être un bon moment de lecture. L'univers décrit est attirant :)
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T
Jouer de l'ukulélé au pied levé !! Quelle performance !
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