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mon bonheur est dans la ville
21 avril 2020

LES DOIGTS ROUGES, de Keigo Higashino

higashino

Titre original japonais = Akai Yubi

La vie de Maehara Akio n’a jamais été fort plaisante = femme autoritaire, hargneuse,  et complètement absorbée par leur fils Naomi. Un adolescent puant comme ils le sont souvent, et tellement gâté par sa mère que la moindre contrariété le jette dans des crises de rage.
Le couple vit désormais dans la maison de la mère d’Akio, depuis la mort du père.  La belle-fille n’a jamais voulu s’occuper de ses beaux-parents, tout ce que cette femme égoïste veut, c’est récupérer la maison dès que la vieille dame aura disparu.
La sœur d’Akio heureusement s’occupe de sa mère, ce qui arrange bien  son frère, qui est finalement un homme assez veule, ayant toujours démissionné devant son acariâtre épouse, qui ne veut que sa tranquillité lorsqu’il revient du bureau, après être passé par le bar avant de prendre le train.

Cette fois cependant son épouse lui téléphone juste avant qu’il ne quitte le bureau et lui demande de rentrer tout de suite car « il s’est passé quelque chose ».
Ce « quelque chose » est hélas la mort d’une petite fille ; elle est couchée dans le jardin, couverte d’un sac poubelle. Yaeko son épouse lui confirme que c’est leur fils Naomi qui a étranglé la petite fille, qui est ensuite remonté dans sa chambre afin de s’amuser avec sa console de jeux.
Lorsque son père l’interroge, l’adolescent de 14 ans dit ne pas savoir pourquoi il a étranglé la petite fille, hausse les épaules avec indifférence, d’ailleurs dit-il à ses parents, « à vous de vous en occuper, c’est à ça que vous servez, vous êtes responsables de mes actes » !

En toute logique, Akio veut contacter la police et là Yaeko se transforme en furie, estimant qu’il n’a pas le droit de mettre la vie de leur fils entre les mains des policiers, il ira en prison, et sa vie sera gâchée. L’affolement de la mère est communicatif et le couple perd pied.
Une fois encore, Akio Maehara va plier devant son épouse et faire disparaître le corps. Qui sera retrouvé le lendemain dans les toilettes publiques d’un parc à proximité.

Entrent en scène les inspecteurs de police Matsumiya et Kaga, ce dernier est déjà un enquêteur chevronné, son collègue (et cousin) est plus novice, c’est le premier crime qu’il doit résoudre.
Les soupçons des policiers se portent assez rapidement sur le couple Maehara, mais soupçonner n’est pas prouver et tout leur travail consistera à découvrir la vérité, d’autant plus que les Maehara ne sont pas à un mensonge près comme les enquêteurs pourront découvrir.

Mon avis = André Gide écrivait « famille je vous hais » - dans ce thriller, la mère du policier Matsumiya lui dit « toutes les familles ont une histoire », lorsqu’il la questionne à propos des relations entre son cousin et le père de celui-ci.

Ce thriller est un véritable coup de poing à l’estomac ; déjà je n’aime pas les adolescents, mais ici on a le bouquet du genre – véritable psychopathe, indifférent au mal qu’il commet, demandant d’être nourri et puis qu’on lui fiche la paix.
Sa mère est un modèle aussi, toute occupée à protéger son « bébé » qu’il ne faut pas priver de son avenir.
Et l’avenir de la petite morte ? plus personne ne s’en préoccupe, le fils chéri d’abord et avant tout.
Quant au père, je l’aurais étranglé avec plaisir si je l’avais eu devant moi ; tant de veulerie, de lâcheté, c’est horrible à lire et j’espère que de tels personnages n’existent que dans les romans.
La vieille mère passe dans l’histoire comme un petit fantôme, jusqu’à ce que la vérité éclate.
Car le roman comporte tout de même deux rebondissements, l’un concernant l’enquête et la révélation du coupable (même s’il est connu depuis le début pour le lecteur), mais également une révélation concernant les relations de l’inspecteur Kaga et son père.

Les relations familiales sont réellement au centre de ce roman, cette vie familiale japonaise qui n’arrive plus à relier les coutumes ancestrales avec la vie moderne, où les parents n’ont plus le temps de se charger de leurs vieux parents lorsque ceux-ci sont atteints de maladies dégénérescentes. Une société et les familles en déliquescence.
Les difficultés aussi de relations entre parents et jeunes enfants, influencés par leurs copains de  classe, ou harcelés et donc totalement retranchés sur eux-mêmes.
Comme ce nouveau phénomène au Japon ces jeunes inaptes à la société, retranchés en eux-mêmes, qui ne sortent pratiquement plus de chez eux = les hikikomori.

Comme dans la plupart de ses romans, c’est ce contexte de coutumes et modernité qui est au centre de l’histoire fort bien écrite par Keigo Higashino, qui me laisse quelques frissons dans le dos lorsque j’y pense.
Ecrit, sans temps mort, les lecteurs/lectrices connaissent l’assassin, les enquêteurs s’en doutent, pour arriver au dénouement il ne faut pas un nombre exagéré de pages.

Lecture que je recommande vivement, pour le contexte social justement.

d'autres avis sur le livre chez myloubook, dasola, lenezdansleslivres

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Commentaires
M
C'est un écrivain que j'aime beaucoup. Je note ce polar :-)
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M
J'ai un roman de cet(te) ? auteur dans ma PAL mais je ne sais plus lequel. C'est vrai que celui-ci semble particulièrement pesant. Mais j'avais aussi aimé l'écriture de celui que j'avais lu. (commentaire peu intéressant !)
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T
Pour le moment je lirai plutôt des romans un peu plus feelgood ;)
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A
Il a l'air terrible ce polar. J'ai "un café maison" dans ma PAL, ce serait peut-être le moment de le sortir, les polars c'est ce qui passe le mieux en cette période de confinement.
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H
Tu es une formidable conteuse Niki, mais le couple mère dominatrice, père veule, j'ai déjà largement donné ! Et les jeunes du type hikikomori me mettent hors de moi.<br /> <br /> C'est quand même pénible de lire un roman où les protagonistes t'ont tant énervée que tu sors prête à étrangler la première personne que tu rencontres, non ?
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