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mon bonheur est dans la ville
5 mars 2020

THE LAST PASSENGER, de Charles Finch

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Troisième et dernier volet de la trilogie  préquelle aux enquêtes de Charles Lenox, les jeunes années du détective consultant 

Septembre 1855 – c’est « la Saison »  à Londres – bals, dîners, invitations à prendre le thé, bref Charles Lenox est fort demandé. Il s’ennuie un peu à la longue, d’autant plus que la plupart des mères le lorgnent dans un but avoué d’en faire un mari pour leurs filles. L’une d’entre elles, la jolie, intelligente, pleine d’esprit, miss Catherine Ashbrook capte son attention et il réalise que ce pourrait être – enfin – la femme de ses rêves.

Il y a une chose qui peine notre jeune détective consultant, c’est l’opposition de sa mère adorée à ce métier de détective qu’il s’est choisi et où il montre des compétences évidentes, appréciées par le commissaire principal de Scotland Yard Richard Mayne et suscitant la jalousie des inspecteurs de ce même Yard.
Si ce n’était que cela, ce serait facile à gérer, mais dans le milieu où il évolue, soit on le méprise pour avoir choisi un tel débouché, soit on s’en amuse comme d’un caprice d’enfant gâté.
D’autres lui ont carrément fermé leur porte vu que ce « métier » est non seulement peu honorable pour un homme de sa condition financière et familiale, mais c’est surtout une profession où l’on s’occupe de la vie des autres, vraiment choquant. 

En cette journée de septembre, Lenox est contacté par l’inspecteur Hemstock pour aider à découvrir qui pourrait être le corps trouvé dans le train 449 en provenance de Manchester.
L’homme a été tué de manière affreuse, de plus on lui a ôté tout signe pouvant éventuellement l’identifier = toutes les étiquettes de ses  vêtements, jusqu’aux chaussettes, ont été coupées.
L’inspecteur Dunn, qui ne supporte pas Charles Lenox (cet amateur !) décide de se charger de l’enquête, mais le commissaire Mayne veut que Lenox y participe, il a démontré ses dons précédemment.
Pourtant ce cas-ci semble particulièrement ardu. Toutefois, un léger indice =  le manteau du mort paraît être de fabrication américaine ; ce début de piste va permettre aux enquêteurs de remonter jusqu’à son arrivée à Manchester et la raison pour sa présence à Londres.

C’est ainsi que Charles Lenox fait la connaissance d’Hollis, un homme de couleur ami du défunt. Les enquêteurs réalisent aussi qu’ils ont été mystifiés par un homme passant pour un employé des chemins de fer.

Il s’avère que Gilman, le mort du train, accompagné de Hollis et un autre ami, mort à la descente du bateau, sont venus à Londres afin de recevoir des appuis de personnages britanniques importants pour soutenir la cause des abolitionnistes. Seulement il existe à Londres des anti-abolitionnistes, parmi eux se trouvent probablement  les meurtriers.
Mais qui ?

Mon avis =  bon polar historique  qui termine  la trilogie des préquels concernant les difficiles débuts de Charles Lenox en qualité de détective consultant.  Avec pas mal de rebondissements dans l’enquête qui piétine fort au début.

Bien qu’il s’agisse d’une enquête grave, l’histoire est parfois allégée par quelques amusantes saynètes de la vie quotidienne de Charles Lenox, devant  se débrouiller pour échapper aux marieuses en tout genre  = la coalition des femmes de la famille Lenox, mère, belle-sœur, amie d’enfance pour trouver une épouse à Charles qui apprécie sa  vie de célibataire et détective, jusqu’à la rencontre avec Kitty Ashbrook.
Comment Charles tente d’échapper aux multiples dîners et bals où se trouvent de ravissantes (parfois moins) jeunes filles de la bonne société en âge de mariage est réellement amusant et allège un roman par ailleurs assez sombre.

L’histoire se situe en 1855, à quelques courtes années de la guerre de sécession, appelée guerre civile aux Etats-Unis (quatre années de 1861 à 1865, qui vit la défaite des provinces sudistes, sans nécessairement mettre totalement fin à l’esclavage).

Je n’ai pu m’empêcher de ricaner au cynisme de la situation = alors que les Britanniques sont enfoncés jusqu’au cou dans les problèmes de l’Inde dont ils traitent les habitants  en esclaves, même s’ils ne disent pas le nom, ils n’hésitent pas à faire la leçon aux Américains installés à Londres concernant le trafic des esclaves  noirs enlevés en Afrique et déportés dans le sud des USA ; l’éternelle histoire de la paille et la poutre car question de traiter les personnes de couleur en esclaves, sauf en les citant par ce nom, ils en connaissent un brin en Angleterre.
D’ailleurs, même s’ils contestent  violemment les lois du sud américain qui font l’apologie de l’esclavage, il n’y a pas si longtemps que leur parlement a voté la loi interdisant tout trafic d’êtres humains.
De plus, ces lois qui donnent des droits aux personnes de couleur n’empêchent évidemment pas un certain racisme de la part de certains  Britanniques qui traitent ces personnes avec condescendance et les limitant à des tâches subalternes.  
Vous pensez bien si cet intéressant polar m’a fait ricaner de bout en bout dès qu’il était question des lois  concernant la liberté des Noirs.
Quant à la reine Victoria (toujours « en service » au moment de ce roman, elle est critiquée dans la sphère privée pour avoir une jeune princesse africaine comme filleule). 

Pour en rajouter, voilà des gens qui votent des droits pour les personnes de couleur mais continuent à traiter les femmes  comme des êtres totalement inférieurs, n’ayant aucun droit légal, dont la fortune - quand elles en ont - passe immédiatement aux époux, de même que leur héritage et si elles ont des enfants, elles n’ont aucun droit sur eux et ce jusqu’après la première guerre mondiale.
Une femme qui osait désobéir à son mari était soit enfermée en asile psychiatrique, soit si le divorce était accepté elle était définitivement privée de la garde de ses enfants, voire même de les rencontrer.
De plus, si elles ont la malchance de devenir veuve, leurs fortune et héritage passent automatiquement au fils aîné, après avoir appartenu au mari. 

Comme toujours, l'auteur Charles Finch, bien qu’Américain,  est fort bien au faîte de l’histoire des îles britanniques ayant fait des études d’histoire et de littérature anglaises à Oxford.
Il y a comme précédemment d’intéressantes petites anecdotes historiques sur les modes de vie britanniques, et Charles Finch écrit réellement dans un très bel anglais.
J’ai également été émue par ce « Last Passenger » lorsque j’ai appris qui ce dernier pourrait être.

Encore une série qui n’est pas traduite, ce que je déplore sincèrement car elle se situe un cran au-dessus de certains polars historiques par la connaissance de l’histoire de l’Angleterre que possède l’auteur.

sara forbes bonetta
la jeune princesse africaine, filleule de la reine Victoria

330px-Sara_Forbes_Bonetta_(15_September_1862)

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Commentaires
H
Encore un livre non traduit !! Ton blog est un vrai supplice de Tantale 😂. <br /> <br /> Nous avons un coeur de vingt ans dans un corps variablement âgé selon ses humeurs :-)
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T
"devant se débrouiller pour échapper aux marieuses en tout genre " comme je le plains,ces marieuses sont des poisons (et j'en sais quelque chose ;) :lol: )<br /> <br /> Dommage que cette série ne soit pas traduite, elle aurait rejoint ma PAL avec plaisir.
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