ANN RADCLIFFE CONTRE LES VAMPIRES, de Paul Féval père
Réédition du roman « La Ville Vampire »
L’écrivain Paul Féval a pour amie une lady, ayant dans sa domesticité une Miss 97 (son âge) qui aurait connu Anna Ward, avant qu’elle ne devienne Ann Radcliffe après son mariage avec William Radcliffe ; pour passer le temps elle se mit à l’écriture et devint ainsi la reine du roman gothique au 18ème siècle, dont Horace Walpole était le grand précurseur.
Dans son enfance et même plus tard, elle avait deux grands amis = Edouard, son cousin et Cornelia de Witt. Ces deux-là tombèrent amoureux et il fut convenu que Anna et William et le couple Ned et Corny se marieraient le même jour, les uns en Angleterre, les autres en Hollande.
Mais avant cela, une correspondance suivie permettrait de savoir comment tout cela s’organisait de part et d’autre du Channel. Les lettres de Cornelia et Edouard montraient que tout était merveilleux dans le meilleur des mondes.
Jusqu’à ce qu’Anna, intriguée par tant de bonnes et belles choses, décida de gratter un peu – pour découvrir des lettres cachées dans d’autres lettres annonçant hélas un tableau des moins beaux = Cornelia a été enlevée par une intrigante et est en route pour l’Italie, quant à Ned il a été poignardé à l’auberge où il avait rendez-vous aves Cornelia ; son abominable professeur particulier s’étant avéré un véritable monstre – plus tard identifié comme vampire, émettant des lueurs vertes et absorbant les corps de ceux qu’il tue.
Anna, n’écoutant que son courage, décide de franchir la Manche et partir à la recherche de ses amis. Elle force la main à son cocher, qui la suit, absolument effaré de ce que sa jeune maîtresse ose faire – et tout ça, le jour même où elle aurait dû devenir Mrs. Radcliffe. Pourra-t-elle sauver Cornelia et savoir ce qu’est devenu son cher cousin et ami d’enfance ? heureusement le serviteur irlandais de Ned a plus d’un tour dans son sac.
Mon avis = même pas peur – par contre, je me suis plutôt ennuyée – j’ai trouvé que l’écriture de Paul Féval père avait un peu vieilli.
Quand je songe que l’on considère qu’il s’agit ici d’une comédie d’horreur, je commence à me demander si mon sens de l’humour m’échappe totalement, car je n’ai pas trouvé cela très drôle, à la rigueur, certains passages m’ont fait sourire, sans plus.
Il s’agit selon moi d’une parodie mettant Ann Radcliffe en scène, une histoire qui l’aurait amenée à écrire « les Mystères d’Udolpho » et « L’Italien » (je n’ai pas encore lu celui-là, j'espère qu'il est meilleur qu'Udolpho).
L’originalité de ces vampires est le fait qu’ils ont tous un double, aussi maléfique que l’original, et même plus qu’un seul double – le principal vampire, l’horrible Mr. Goetzi, est capable d’absorber tous ses disciples afin de les transporter où bon lui semble, mais de préférence dans les Carpathes.
Contrairement à « Dracula » qui n’a pas encore été édité à l’époque de « la Ville Vampire », ces vampires-ci ont les yeux verts et émettent des lueurs vertes, c’est ce qui permet de les identifier.
En dehors de cela, je n’ai rien trouvé de très original à cette histoire, qui donne toutefois au début de l’histoire quelques éléments de la vie d’Ann Radcliffe, qui était effectivement précurseure du roman gothique ; les éléments biographiques sur Anna Ward/Ann Radcliffe ont été confirmés par Walter Scott.
Paul Féval glisse aussi dans son texte des propos particulièrement élogieux sur les Anglais, qui selon leur propre point de vue sont le sel de la terre, des gens extraordinaires, etc etc – et les Irlandais (comme le serviteur de Ned Barton) ne sont que de brutes amatrices de bière et bagarres. Je suppose que c’est cela que l’on est supposé trouver drôle ?
En conclusion, si l'on a envie de lire une parodie/pastiche d'Ann Radcliffe, autant lire ou relire "Northanger Abbey" de Jane Austen