THE DIARY OF A BOOKSELLER, de Shaun Bythell
Titre français = le Libraire de Wigtown
Ce livre des plus sarcastiques, donc bien fait pour me plaire, ne se raconte pas comme un roman, aussi vais-je immédiatement passer à en parler avec mon avis en prime inclus dans le texte.
A 18 ans, Shaun Bythell passa devant « The Book Shop » et commenta à son copain = je te parie que l’an prochain, cette boutique sera fermée.
Non seulement la « boutique » en question n’est pas fermée mais en 2001 il en devint le propriétaire dans une petite ville écossaise, devenue depuis un village de bouquineries à la manière de Hay-on-Wye, au pays de Galles.
Chaque chapitre du livre, qui relate la vie d’un libraire en 12 mois de l’année, est précédé d’un extrait de l’opinion de George Orwell, qui travailla aussi comme libraire dans sa jeunesse, et qui en est resté totalement dégoûté. J'ai trouvé une partie de la nouvelle d'Orwell, que je vais me faire un plaisir de lire.
Face à l’immense chapelet de questions idiotes, de clients qui entrent demandant où sont les toilettes ou bien si vous vendez vraiment des livres, Shaun Bythell a perdu une partie de ses illustions de libraires également et a produit ce « journal de bord » qui est drôle de bout en bout.
La clientèle et ses défauts cum mesquineries n’est pas épargnée et je n’ai pu que donner raison au propriétaire/romancier devant des commentaires de clients pleins de mauvaise foi, râlant sur les prix, sortant sans rien acheter mais surtout n’hésitant pas à être insultants.
Une amie anglaise, qui vit désormais dans le sud-ouest de la France, était libraire à Bruxelles – sa librairie, joliment intitulée « The House of Paperbacks » n’était pas une librairie de livres de seconde main, elle possédait une belle clientèle d’habitués et de passage, mais lorsqu’elle décida de partir pour la France où elle allait ouvrir un bed&breakfast, je fus un instant tentée de reprendre la boutique.
Elle m’expliqua alors toutes les contraintes d’être libraire = non seulement on ne vend pas que les livres, mais on n’a pas non plus le temps de les lire - il faut les acheter auprès des maisons d’éditions, étiqueter les livres et tenir un journal de bord bien à jour, sinon on est immédiatement débordé et proche de la ruine.
Elle a eu tellement raison de me dire tout cela ; je fus définitivement découragée de devenir libraire.
Après le livre de Shaun Bythell, j’en suis définitivement guérie et même dégoûtée. Je suis sidérée par les commentaires et attitudes grossier.ère.s des personnes qui entrent dans une librairie de seconde main, où les livres ne sont pas chers, et qui sortent en laissant les livres qu’ils ont compulsés n’importe où et râlant si on ne leur fait pas un crédit supplémentaire.
Mais qui rentre dans une librairie en demandant « Tiens vous vendez des livres ? c’est tout ? »
C’est un peu comme demander à un romancier « d’accord mais c’est quoi votre vrai métier ? »
Bythell a commencé son document en 2014 et il a été publié en 2016 - l'épilogue du livre cite tous les changements intervenus au cours de ces 2 années.
Dans son livre, Shaun Bythell parle heureusement des intéressantes rencontres qu’il a fait, notamment au cours du festival du livre de Wigtown, certaines personnes étant des ami.e.s de longue date, d’autres des nouvelles rencontres. Et cite, au passage, quelques clients sympathiques … si, si, il y en a.
Il cite aussi Jen Campbell qui a écrit deux livres très drôles sur les questions que posent les gens dans une librairie – (je vous en parlerai un de ces jours =^-^=)
Mon seul bémol de ce livre, qui m’a fait gloussé du début à la fin, sont les dames, jeunes et moins jeunes, que le libraire a engagées pour l’aider à ranger les livres.
Il y en a une, notamment, témoin de jehovah, qui avait une manière très particulière de ranger – de plus, comme les autres employées, temporaires, elle n’écoutait jamais les directives de son patron, estimait qu’il se comportait comme un type atteint d’un TOC, parce qu’il désirait que la boutique soit bien en ordre !!!!!
Lu en VO, j’ai totalement apprécié le ton hautement sarcastique du livre – si, parmi les lecteurs du livre, il y en a qui se sont reconnus dans ce que Shaun Bythell dit d’eux, ils n’ont pas dû apprécier … et c’est bien fait pour eux. Oui, le client est roi, mais pas au point d’insulter le vendeur.
Shaun Bythell, au passage, règle quelques comptes avec Amazon, désormais omniprésent sur internet et ayant des exigences vis-à-vis des personnes coopérant avec eux.
J’ai évidemment apprécié la présence de « Captain » dans la librairie – « Captain » est le chat de la maison et une librairie sans chat, c’est un peu tristounet – Catherine avait aussi un chat dans sa librairie, qui émigra bien sûr avec son humaine dans le sud-ouest.
Shaun Bythell vient de terminer un deuxième livre sur les états d’âme d’un libraire, qui sort d’ici peu en librairie (livre neuf) – j’espère qu’il sera aussi drôle que celui-ci.