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mon bonheur est dans la ville
15 août 2019

HAZARDS OF TIME TRAVEL, de Joyce Carol Oates

carol

Titre français = le Petit Paradis

Nouveaux Etats Américains en l’an 2039 –
Adriane Stohl, 17 ans, excellente étudiante au point d’avoir été nommée pour présenter le discours de fin d’études de sa promotion – hélas le discours n’a pas l’heur de plaire lors de la répétition =  imprudemment  Adriane a fait du discours quelque chose d’original – ce qui déjà au départ n’est pas du tout bien vu par le directeur du collège – mais au lieu d’écrire des faits, elle a posé des questions.
Et elle a été dénoncée.
Car la délation est bien vue dans ces Nouveaux Etats Américains, remplaçant les Etats-Unis tels que le monde les connaissait.

Adriane a été arrêtée comme d’autres jeunes majors de promotion dans d’autres collèges – eux aussi ont émis des discours subversifs aux yeux et oreilles des instances supérieures – les interrogatoires sont diffusés par vidéo-« conférence », afin de voir si l’un de ces majors se trahirait et parlerait de collusion.
Tous et toutes, comme Adriane, clament leur innocence.
Après avoir été menacée d’effacement pur et simple, le verdict finalement est « l’exil » .
Elle est télé-transportée en 1959 dans le Wisconsin, bien loin de ses parents et de son frère.  Ses parents ignorent tout de la situation, elle n’a pas pu les revoir, ni leur dire aurevoir – il faut, paraît il, la faire échapper à l’influence nocive de son père Eric Stohl, qui fut un brillant chirurgien et qui a commis l’erreur de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment.
Il avait assisté en toute innocence à une manifestation et a aussi été dénoncé ; sa punition fut d’être rétrogradé ; de brillant chirurgien, il est à peine aide-soignant.
Dans ces nouveaux états, il ne fait pas bon être original, avoir des idées bien à soi – votre voisin, votre époux/épouse peuvent vous dénoncer.

Elle arrive dans son lieu d’exil, la Zone 9 surnommée « Happy Place » (le Petit Paradis) – sur le campus de l’université où elle fera ses études - Adriane, désormais Mary Ellen Enright, se demande qui a pu la trahir et revoit alors le sourire sarcastique de son frère lors des félicitations familiales – ce ne peut être que lui, étudiant médiocre, qui la jalousait depuis l’enfance.
Au grand étonnement de ses compagnes de chambre, elle pleure sans cesse, mange et dort à peine, refuse de s’ »adapter ». Elle est considérée comme une orpheline, reçoit des vêtements portés plusieurs fois et des livres usagés, nécessaires à ses études.

Elle découvre peu à peu que ce monde de 1959 est primitif en comparaison de celui de 2039 = pas d’internet, pas de smartphone, pas d’ordinateur, pas de livres numériques – seulement des livres papier, et d’auteurs acceptés par l’université.
Comment s’adapter, comme se rendre invisible pour que son exil de 4 années passe le plus rapidement possible et qu’elle puisse retrouver sa famille.
Tout plutôt que risquer « l’Effacement », la punition totale. Elle essaie en vain de rappeler les souvenirs de ses parents. Bientôt ces souvenirs s’effaceront, ce qu’elle redoute le plus.

C’est en suivant le cours de philosophie qu’elle tombe amoureuse d’Ira Wolfman, assistant du professeur. Elle est convaincue que lui aussi est un exilé, ce qu’il finit par  concéder. Ils entament une relation platonique, jusqu’au jour où Ira lui dévoile la vérité sur 1959 et lui propose de fuir.
Mary Ellen/Adriane est terrorisée – s’ils se font prendre, ils seront effacés, c’est bien clair dans les instructions des exilés.
Pourtant étant très amoureuse, elle accepte le risque, jusqu’à ce que la foudre tombe sur eux.
Elle a échappé à la foudre, mais échappera-t-elle à 1959 ?

Mon avis = positif – délation et médiocrité sont à la base de cette dystopie, un nouveau genre pour le dernier livre paru de Joyce Carol Oates.

Bien qu’écrit en 2011, et paru en 2016, on a bien l’impression que la romancière ait été visionnaire puisque son roman (paru bien avant les élections) met l’accent sur les nouveaux Etats-Unis et sur le fait que les multi millionnaires  désormais gouvernent le monde, plus besoin d’élections, ils s’élisent entre eux.
Cette romancière est très prolifique et très appréciée, tant des lecteurs/lectrices de langue anglaise que francophone.
Ceci est le premier livre d’elle que je lis, et bien sûr, vous l’aurez compris, ce ne sera pas le dernier.
Le style d’écriture est étudié, délicat, même dans les situations difficiles – du moins dans ce livre-ci.

Elle a été contactée, en son temps, par l’actrice Jeanne Moreau, désireuse d’écrire un scénario en collaboration avec Joyce Carol Oates, tant l’actrice appréciait la romancière. Cette dernière malheureusement n’a pas pu suivre le rythme de la comédienne qui changeait d’avis comme elle respire, modifiant sans cesse les textes de la romancière.
Elles se sont donc quittées toujours bonnes amies et admiratrices l’une de l’autre, mais sans collaboration.

L’histoire de « Hazards of Time Travel » est un peu compliquée, comme le sont toutes les dystopies et/ou uchronies, mais une fois entrée dans l’histoire, on marche à fond et l’on tremble avec cette jeune fille de 17 ans, seule désormais, perdue dans un monde « préhistorique » pour elle.
On a de la peine avec elle pour les souvenirs de sa famille, qui s’estompent petit à petit. On tremble lors des interrogatoires qui sont fort durs.

La seule partie que j’ai moins appréciée, dans ce roman d’une belle écriture, est l’histoire d’amour – je n’y ai pas vraiment cru, pourtant les émois de Mary Ellen/Adriane sont bien ceux d’une adolescente envers un professeur.
Un cliché en fait, peut-être est-ce la raison pour laquelle j’ai moins apprécié.
Mais nécessaire au parcours de l'histoire et de sa conclusion.

Tout le reste donne la chair de poule – ne pas pouvoir faire confiance à qui que ce soit, être sans arrêt sous surveillance, devoir taire ce que l’on pense et penser comme tout le monde …
Cela fait penser à « 1984 »,  mais aussi à « Handmaid’s Tale », car en 1959 les femmes sont toujours des citoyennes de 2ème catégorie, avec le droit de suivre certaines études mais comme leur cerveau est différent, moins développé, toutes les carrières ne s’ouvrent pas à elles. Leur place est surtout à la maison. 
Il y est évidemment question des théories "scandaleuses" de Darwin, et celles du "Big Bang" - tout le monde le sait, dieu a créé le monde.

J’ai été un peu étonnée que l’on considère ce roman  classé  pour « Jeunes Adultes » - quelle bêtise !
c’est un roman actuel, pour une société actuelle qui va de mal en pis, et nous ferions bien d’être vigilants pour éviter que cela ne s’aggrave. L’Amérique de Trump devient totalement semblable à cette histoire.

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Commentaires
M
Une de mes romancières préférées, dont je le lirai, surtout que le sujet m'intéresse, mais je vais attendre le poche et lire ceux qui attendent dans ma PAL (encore deux de sa plume ...)
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C
Le sujet est vraiment intéressant ! J'aime souvent beaucoup les romans de J-C Oates, même si je me perds un peu parmi ses publications si nombreuses !
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T
Un nouveau roman sur La PAL 😄<br /> <br /> Merci Niki pour ce billet démoniaque 😂😂😘
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A
Je n'en ai lu qu'un d'elle, sans trop accrocher et je n'aime pas beaucoup ses thèmes, toujours très durs, mais là, quelque chose m'interpelle comme dirait l'autre et je suis assez tentée. Et j'aime bien les dystopies.
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M
Je l'ai déjà repéré ! J'adore JCO. Je crois que c'est son premier roman SF. J'ai hâte de le découvrir...
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