LE DERNIER PHARAON
Dessiné par François Schuiten – Scénario du même François Schuiten en étroite collaboration avec le cinéaste belge Jaco van Dormael et le romancier (belge aussi) Thomas Gunzig – le graphiste Laurent Durieux est le coloriste de l’album
Une aventure de Blake & Mortimer – 3ème volet du Mystère de la Grande Pyramide (tome 11 des aventures de Blake & Mortimer )
Petit avant-propos =
« La Grande Pyramide » a toujours été l’une des aventures de Blake & Mortimer que j’ai préférée, bien que je reconnaisse avoir aimé tous les romans graphiques de la première heure – juste avant « les 3 formules du professeur Sato » , celui-ci fut d’ailleurs terminé 13 années plus tard, selon les notes laissées par Edgar Jacobs pour le découpage, par Bob De Moor et Geert de Sutter –
E.P. Jacobs étant alors décédé, d’autres ont pris la relève, mais je n’ai pas tellement accroché.
Sauf à l’enquête littéraire qu’était « Le testament de William S. »
Heureusement, à la différence d’Hergé qui ne voulait pas que d’autres s’octroient la paternité de Tintin, Edgar P. Jacobs a eu l’élégance d’accepter que l’on prenne la relève, et bien des dessinateurs et scénaristes talentueux ont poursuivi les enquêtes de l’archéologue et du membre du MI5 (MI6 actuellement).
Tous ont eu envie de continuer la manière de dessiner – copier selon certains – le style du maître. Cela fait l’objet d’une certaine polémique = on ne peut imiter les grands artistes, donc toute copie est décevante (il y en a qui ont même dit « nulle » ) – la critique, à l’égard de ceux qui prirent la relève, est de ne pas avoir compris que la bande dessinée est un genre artistique qui évolue. D’ailleurs ces mêmes critiques citent l’exemple de « Spirou » qui a bien évolué selon eux.
C’est, toujours selon d'autres critiques, le charme de ce « Dernier Pharaon » repris par François Schuiten pour les dessins et scénario en partie, aux côtés de Jaco van Dormael le cinéaste et Thomas Gunzig le romancier.
Je ne vais pas aller jusqu’à dire que cet épisode est le meilleur, même si j’ai vraiment beaucoup apprécié cette histoire post-apocalyptique, où un Philip Mortimer désormais à la retraite, vieillissant et est réduit à promener son chien, ayant aussi perdu le contact avec Francis Blake.
L’histoire à présent =
Une suite donc à « la Grande Pyramide », l’histoire commençant en Egypte, où nos amis n’ont plus aucun souvenir de ce qui leur est arrivé.
Le temps a passé, Philip Mortimer est retraité, Francis Blake est à Londres, au siège du MI6 (ex MI5).
Mortimer se rend régulièrement au palais de justice de Bruxelles où un ami a découvert des rayonnements électro-magnétiques auxquels il ne comprend rien ; les deux hommes se rendent dans les sous-sols et sont bloqués par un mur comportant des hiéroglyphes égyptiens. Henri creuse une ouverture sans écouter les avertissements de Philip Mortimer et le passage s’effondre, seul Mortimer arrive à s’échapper.
Tout le palais de justice est soudain enveloppé d’une étrange lumière verte provoquant accidents et cauchemars, plus aucun appareil électronique ne fonctionne ; on évacue Bruxelles et une cage de Faraday géante est construite. Bruxelles est condamnée.
Francis Blake, désormais colonel, prévient Mortimer qui est à Londres, on va lancer des missiles nucléaires sur Bruxelles pour résoudre le problème (typique réaction des militaires !!!).
Pour éviter une catastrophe à l’échelle mondiale, Blake demande à Mortimer de retourner à Bruxelles ; des chiens attaquent Mortimer qui est sauvé par des enfants ; une communauté s’est établie dans la ville.
Il retrouve son ami vivant qui le guide vers une pyramide inversée jamais achevée. Mais seul le dernier pharaon aura le droit d’activer le mécanisme de la pyramide. Il menace même Mortimer, heureusement une des altermondialistes vivant dans le Bruxelles « sauvage » secourt l’archéologue retraité.
Lisa lui explique alors qui elle est en réalité.
Tout cela ne nous dit toujours pas qui est ce « Dernier Pharaon » dont dépend la sauvegarde de l’univers. Il y a urgence pourtant.
D’autant plus que le colonel Blake, à Londres, n’est pas arrivé à arrêter le lancement des missiles.
Mon avis = comme dit plus haut, j’ai toujours été une grande amatrice des aventures de Blake & Mortimer – j’avais un faible pour Mortimer qui est archéologue et se lance souvent dans des aventures, dont Blake parvient à l’en sortir parfois.
François Schuiten, dont j’admire la série « les Cités Obscures » - son épisode « Brüsel » a d’ailleurs donné son nom à l’une des plus célèbres librairies de bandes dessinées de Bruxelles (ici).
Il aime Bruxelles, mais a une véritable fascination pour le Palais de Justice, cette monstruosité de Joseph Poelaert, désormais toujours couverte d’échafaudages qui domine les Marolles. Il a une fascination en général pour l’architecture et cela se retrouve dans tous ses albums.
Je me suis donc laissée porter par l’histoire, car j’aime les romans post-apocalyptiques, je n’ai donc pas été déçue de ce côté-là. Elle est réellement bien imaginée et j’ai marché de bout en bout. C’est de plus une superbe balade dans un Bruxelles qu’on ne rencontre forcément pas tous les jours, puisque rendu à la vie sauvage, les voitures s’amoncelant dans les rues, la faune s’y aventure à nouveau sans risque, des jeunes ont appris à survivre.
Ce roman graphique est un bel hommage à Edgar P. Jacobs – j’ai cependant un bémol concernant les dessins = oui je suis un peu passéiste à ce sujet, je suis une grande amatrice de la célèbre ligne claire et François Schuiten l’avoue = cette technique ne lui est pas familière, aussi a-t-il choisi le dessin tramé, et les planches sont fort belles aussi, ne vous méprenez surtout pas à propos de mon bémol.
J’ai regretté au niveau du scénario qu’il n’y ait pas beaucoup d’humour, mais bon c’est une histoire de post-apocalypse, cela ne suscite peut-être pas la franche rigolade.
La mise en couleur, par contre, m’a énormément plu ; elle véhicule bien le côté science-fiction du roman graphique.
Défilent sous nos yeux = le palais de justice, en grande vedette, la basilique de Koekelberg, la Grand-Place.
Un autre billet sur ce sujet chez tania-textes&prétextes, ainsi que sur le palais de justice (ici)