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mon bonheur est dans la ville
30 juin 2019

LA VAGABONDE, de Sidonie-Gabrielle Colette

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Renée Néré, trente-quatre ans,  est devenue, par la force des choses de la vie, artiste de music-hall. Elle a fui un époux, Adolphe Taillandy peintre de renom, qu’elle épousa très jeune et qui lui en fit voir de toutes les couleurs, la trompant à tour de bras, lui imposant ses maîtresses.
Après un divorce aussi pénible que fut son mariage, elle se définit comme « une femme de lettres ayant mal tourné » ; elle est devenue sous la houlette de Brague une artiste de music-hall, numéros de danse, sur des scénarios imaginés par Brague.
Elle a trouvé un petit logement où elle vit calmement entre Blandine sa gouvernante et Fossette sa petite chienne, bull terrier (tellement le portrait de Toby-chien). Dans cette vie calme, Renée a retrouvé une sorte de sérénité, qui va hélas être bousculée.
Ils ont au début un contrat au caf’con’ Empyre-Clichy et un ami de Renée a amené, un soir, un certain Maxime Dufferein-Chautel, fils à maman, vivant de ses rentes – absolument pas du tout habitué à travailler.
La jeune femme l’a remarqué et immédiatement l’a surnommé « le Grand Serin » - il l’inonde de fleurs, tente de venir dans sa loge, mais elle l’en chasse fatiguée par la représentation.
Bientôt elle le surnommera « l’Amoureux », car Max ne lâche pas prise – malgré le cynisme et les sarcasmes de Renée, il s’accroche. Il ne comprend pas à quel point elle a peur de perdre cette indépendance, désormais chèrement gagnée. Toute liberté a son prix.

Pourtant dans la 2ème partie, elle va fondre, tant d’amour et son corps à elle, finissent par le trouver (presque) irrésistible, d’ailleurs Blandine et Fossette sont déjà conquises – comme Brague leur a trouvé une tournée en France, grandes villes, et un cachet intéressant, Max est choqué = elle ne sera plus à Paris pendant six semaines, non ! cela ne se peut pas – heureusement Renée tient bon et la 3ème partie est consacrée à leurs échanges de correspondance. Jusqu’à son retour. Comment faire comprendre à Max qu’elle n’est pas prête à renoncer à son indépendance, en fait c’est surtout d’elle que Renée a peur, car elle se souvient de ce que fut le mariage et surtout l’amour qui vous enferme.

Mon avis = totalement subjuguée par  Colette – je n’ai pas perdu un seul moment de l’engouement que je lui portais jeune.
Son art d’écrire, cette prose aussi belle qu’un poème, fluide comme une aquarelle, m’a toujours donné l’impression que Colette peignait avec des mots.

L’histoire est divisée en 3 parties – ce sont les 2 premières qui m’ont le plus plu – non pas que je dénigre la troisième, lorsque Renée est en tournée artistique avec Brague et le Troglodyte et que chaque jour elle écrit à Max. Ses questionnements sur leur histoire sont touchants, on sent la femme blessée gravement qui a peur de s’attacher à nouveau.
Dans la 1ère partie elle se moque parfois méchamment, cyniquement, de cet amoureux transi qui lui offre une autre vie. Pour lui,  les coulisses du music-hall ne sont pas faite pour cette adorable personne.

J’avais survolé « la Vagabonde » lorsque j’étais plus jeune, il y a des livres, je l’ai déjà dit et répété, qui vous attendent longtemps, on n’est pas toujours prêt.e pour certaines histoires, mais là j’ai eu le sentiment de partager avec Renée/Colette les compartiments de train, inconfortables souvent.
J’ai regardé par la fenêtre des trains avec elle,   pour voir défiler les paysages dans la brume, après la pluie, ou ensoleillés. J’ai vu les villes, traversées au rythme du train, les quais de gare peu encourageants où les porteurs de bagage vous toisent parfois avec mépris. Une écriture « journalistique ». Egalement sur l’indépendance des femmes, hors du mariage qui les infantilise.

Faut-il que j’insiste pour vous suggérer de lire ce livre – dont l’’écriture n’a pas pris une ride - en ne vous laissant pas trop influencer par l’histoire d’amour entre Renée et son Grand Serin, même si cette histoire-là apporte un vrai contexte psychologique de l’histoire.

Qui est, ne l’oublions pas, une autobiographie « déguisée » - impossible de ne pas voir en Renée Néré un avatar de la Colette qui souffrit tellement sous Henri Gauthier-Villars (Willy) qui lui vola son écriture.
D’ailleurs, Sido, la mère de Colette, ne s’y trompa pas lorsque Colette lui fit lire son manuscrit – elle conseilla même à sa fille de ne pas le publier.

Je vous recommande aussi la lecture des beaux billets de tania-textes&prétextes ici, critiqueslibres babelio,  

colette

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Commentaires
K
J'ai toujours aimé Colette et sa plume !!<br /> <br /> La photo avec ses chats me plaît tellement...<br /> <br /> Bizz
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C
Tu me donnes envie de découvrir Colette !
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M
Je ne sais pas si j'ai déjà lu colette mais tu m'as convaincue de le faire ! J'ai déjç une des claudune dans ma PAL
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T
Discrètement, pour éviter des récriminations de celle-ci, je le pose sur ma PAL. <br /> <br /> Merci Niki pour ce beau billet.
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