THE BOOKSHOP, de Penelope Fitzgerald
Titre français = la Libraire (précédemment publié sous L’Affaire Lolita)
Le courage n’est pas nécessairement une grande vertu aux yeux de certains – surtout si ces certains se prennent pour plus qu’ils ne sont, tout simplement parce qu’ils font partie de ce que l’on pourrait nommer « l’élite » d’un village.
Parce qu’elle s’est obstinée à créer une librairie dans un village comme Hardborough, sur la côte du Suffolk, la gentille Florence Green, une veuve d’âge moyen, va apprendre à ses dépens qu’un village qui n’a pas de librairie est tout simplement un village où les gens n’aiment pas lire, sinon ils auraient eu une librairie
Mrs. Violet Gamart, épouse du général à la retraite, fait partie de cette soi-disant « élite » - elle ne supporte pas du tout qu’une femme comme Mrs. Green, simple, n’ayant aucune connexion importante dans la vie, comme des gens de Londres par exemple, se permette de lui « voler » la Ols House, une des plus vieilles maisons de Hardborough – plutôt qu’une librairie, ce lieu devrait être un centre d’art, où des conférences pourraient se tenir (et où elle pourrait briller bien sûr).
Lorsque Florence Green décide de vendre le roman controversé de Nabokov « Lolita », la coupe est pleine et les hommes de loi s’en mêlent pour sanctionner la libraire.
Elle avait déjà dû vaincre un poltergeist (le « rapper » selon les habitants), l’humidité des lieux, à présent la voilà confrontée à des gens qui censurent.
Malgré l’aide que lui apporte Mr. Brundish, l’affaire sera définitivement réglée lorsque le neveu parlementaire de Violet Gamart fera passer une loi signifiant que Old House fait partie du patrimoine.
Florence Green perd sa librairie et tout ce qu’elle possède.
Mon avis = une histoire édifiante, qui laisse un goût bien amer après lecture – rappelez-vous ce que disait Jean de la Fontaine = « Selon que vous soyez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » - ici la cour est une femme prétentieuse, vindicative, et tout un patelin de personnes à l’esprit aussi étroit que leur village.
Avant que Florence Green ne décide d’en faire une librairie, tout le village trouvait parfaitement normal que le vieil immeuble d’époque soit vide, laissé à l’abandon, en complète déliquescence, mais parce qu’une femme « moyenne » se soit permise de s’y intéresser, cela devient une affaire publique.
Ce qui m’a le plus choqué dans cette histoire pleine de mélancolie et d’amertume, est l’attitude des habitants de Hardborough, personne en dehors du Brundish ne vient au secours de Florence et hélas ce sera de très, vraiment très courte durée.
Dans ce patelin il n’y en a pas un pour rattraper les autres, en dehors de Brundish, qui n’a hélas pas assez de poids et n’est pas en bonne santé.
Je ne suis jamais très tendre face à la méchanceté, je le reconnais et la bêtise humaine, dont ce roman est un parfait exemple, n’est jamais rien d’autre que de la méchanceté pure. En fait je suis plus indulgente concernant "un coup de sang", que de la méchanceté larvée comme ici - ou comme des manipulations que l'on retrouve d'ailleurs aussi ici.
Contrairement à ce que d’autres en ont dit, le livre ne contient pas réellement d’humour caustique très british, mais bien un ton sarcastique à peine voilé qui m’a bien fait sentir l’ambiance regnant dans ce village.
Penelope Fitzgerald était essayiste, poète, biographe et romancière – « The Bookshop » fut nomminé pour le fameux Booker Prize.
Elle fut l’une des premières femmes à être admise à Oxford – elle fut diplômée en 1938 du Somerville College de l’université d’Oxford.
Dans les années 1950, elle et son mari éditèrent un magazine nommé « World Review », dans lequel des écrivains comme Norman Mailer, Salinger, et Alberto Moraria publièrent certains écrits.
Penelope Fitzgerald est l’autrice d’un roman policier humoristique, centré autour de Toutankhamon, qui a pour décor le British Museum et que j’aimerais assez découvrir. Elle écrivit ce polar pour distraire son époux, atteint d’une maladie incurable.
Ce fut finalement avec son livre « Offshore » qu’elle obtint le très convoité Booker Prize.
En qualité de biographe, elle est connue pour des romans historiques ou des biographies.
Par ailleurs, il semblerait que « the Bookshop » ait été traduit une première fois en français, publié sous le titre « L’Affaire Lolita », le livre de Nabokov que je n’ai toujours pas lu.
« The Bookshop » est un livre de peu de pages, qui vous tient mieux en haleine qu'un thriller, il va me rester quelque temps en mémoire, vu l’ambiance qu’il m’a fait découvrir.