Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
8 décembre 2018

DES GENS D'IMPORTANCE, de Mariah Fredericks

mariah

Titre original anglais = A Death of No Importance 

New York 1910 - Jane Prescott est domestique chez les Benchley – elle a eu la chance d’obtenir ce poste de femme de chambre après le décès de son ancienne patronne qui, une fois décédée, ne laissa rien évidemment à son personnel. 
Les gens chez qui elle a eu le poste sont ce que l’on nomme avec mépris « des nouveaux riches », puisqu’ils ne font pas partie des « Quatre Cents » - les 400 familles les plus anciennes et importantes de New York.

Si Mrs. Benchley mère a une « perle » soi-disant de femme de chambre, les filles devront se partager Jane, et la plus jeune Charlotte la teste avec des caprices afin de vérifier si elle connaît son métier.
C’est mal connaître Jane Prescott qui prend son travail très au sérieux, d’autant plus qu’elle aimerait un jour devenir gouvernante dans une importante maison.
Elle doit donc transformer les filles Benchley en deux parfaites débutantes – si cela ne sera pas trop difficile pour la très jolie et capricieuse Charlotte, la préférée de la mère, il n’en va pas de même pour la timide Louise, bien plus respectueuse.
Louise hélas est maladroite, a un maintien peu avenant et pourtant, Jane parvient à l’aider à s’affirmer. Malgré toutes ses maladresses, Louise est aussi celle qui a bon cœur et qui se soucie du confort des plus démunis, ce que méprisent tous les autres membres de la famille.

Dans la « bonne » société, le rôle d’une jeune fille est de se montrer dans les bals, d'être reçue, ne pas faire de vagues, d’être mariée au meilleur parti possible, or il s’avère que ce parti, aux yeux de Charlotte Benchley, est Robert Norris Newsome Jr, le parfait gosse de riches comme dit Anna l’amie anarchiste de Jane.
Mais Norrie, pour les familiers, est en principe promis à Beatrice Tyler – une amie d’enfance, qui venait régulièrement chez la patronne de Jane Prescott, puisqu’elle était la grand-tante de la famille. 

Ce que Charlotte veut, dieu le veut et elle va immédiatement se faire remarquer aux regards de Newsome Jr. que l’on connaît surtout comme noceur, flambeur, séducteur… Peu importe, Charlotte a l’intention de faire annoncer leurs fiançailles au cours du bal de noel 1910, même si Norrie semble s’en moquer – il n’a toujours pas sorti la bague de fiançailles du coffre. De plus, il s’est rendu à Philadelphie quelques jours avant le bal et il aurait été accompagné d’une jolie dame – du moins c’est ce que raconte « Town Topics » une feuille de chou qui aime colporter des ragots sur les « rich and famous ».

Quant à la situation avec les Tyler, qui étaient des amis des Benchley, ils leur battent assez froid. Cependant, il faut sauver la face et ils sont également présents à ce bal de noel – où Beatrice et Charlotte se battent comme des chiffonnières ! Heureusement pas devant tout le monde !
C’est ce soir là que le drame éclate, Jane Prescott découvre le cadavre de Robert Norris Newcombe Jr dans la bibliothèque, le crâne défoncé et le visage horriblement défiguré. 
Quand on vous le disait que noel n'est pas nécessairement une fête d'amour et bonté !

Comme Mr. Benchley, industriel possédant aussi des mines de charbon, a reçu des lettres de menaces de la part des anarchistes depuis qu’un accident dans une de ses mines ait tué 8 enfants, la police immédiatement se tourne vers la piste des anarchistes. Et arrête un pauvre livreur de glace d’origine polonaise, ne parlant pas correctement l'anglais, mais avouant.
C’en est trop pour Jane Prescott convaincue de son innocence. Elle décide donc de découvrir le vrai coupable.

Mon avis = positif – un bon polar historique – ce livre  me rassure un peu sur le choix de mes lectures récentes qui se sont avérées (sauf « Flic de papier ») comme réellement décevantes. J’étais déjà en train de me dire que je subissais une sorte de « malédiction de noel ».

J’apprécie beaucoup le personnage de Jane Prescott, élevée par un oncle pasteur après avoir été abandonnée sur un banc à Ellis Island par son père, dès le débarquement du bateau.
Orpheline de mère, les services sociaux ont rapidement découvert cet oncle, qui a un refuge dans le Lower East End, où il aide des prostituées à se refaire une santé et fuir leurs proxénètes, où elles apprennent un vrai métier et peuvent enfin prétendre à une vie plus digne.
Quoique la vie des ouvriers et ouvrières de ce début de 20ème siècle ne soit guère très digne ; ils sont exploités, n’ont aucun droit durant les heures de service, les pauses étant réduites au minimum pour que le travail soit rentable.
C’est contre tout cela que lutte son amie Anna, l’anarchiste d’origine italienne, féministe, suffragette, qui ne comprend d’ailleurs pas que Jane ne se révolte pas contre sa condition de domestique comme devrait le faire toute femme. 

Jane Prescott est loyale à ses patronnes, à défaut de son patron, les Benchley la traitant correctement – fine mouche, elle sait qu’elle ne peut s’aventurer à enquêter seule, aussi accepte-t-elle l’aide et d’aider un journaliste, celui-là même qui travaille pour « Town Topics » et elle parvient à lui ôter l’envie d’écrire des bobards salaces pour plaire au public friand de scandales, surtout chez les grands de ce monde.
Elle parviendra aussi à obtenir l’aide d’un docteur en pharmacie, juif polonais, adepte de Sherlock Holmes et ses techniques d’investigation.

Le roman mélange donc habilement la vie d’une grande maison avec leurs  relations, avec leurs petites qualités et grands défauts, montrant que ce n’est pas parce qu’on a fait fortune que l’on a nécessairement de l’éducation. La vie de la famille de la victime est sous la loupe comme on s’en doute. 
L'éditeur n'a pas pu s'empêcher de parler d'un "Downton américain" (cela devient une obsession cette comparaison), perrsonnellement je préfère la comparaison avec Edith Wharton.

En dehors de cette vie-là, la romancière Mariah Fredericks dresse le portrait de New York en début de 20ème siècle avec ses quartiers sophistiqués jouxtant les quartiers totalement défavorisés, où les pauvres dorment parfois dans la rue. Cela n’est guère différent du Londres de la même période.
Avant d’entamer la série consacrée à Jane Prescott, la romancière a écrit des romans pour jeunes adultes.

Bien que lu en français, j’ai réellement apprécié l’écriture, simple mais pas simpliste. J’ai l’impression que traduire l’anglais-américain est plus facile que l’anglais d'Angleterre (le seul vrai selon les profs) et de ce fait, on ressent moins le sentiment que la traduction est approximative.

Par contre (je vais faire ma chipoteuse ici =^-^=) je ne peux m’empêcher de me demander comment le titre anglais qui parle d’une « mort sans importance » devient tout  à coup des « Gens d’importance ».
Oui je sais j’aime bien chercher la petite bête.
En tout cas, voilà une série que j’ai réellement envie de suivre (en anglais de préférence).

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Mais c'est comme Lewerentz, pourquoi vous ne parlez pas de l'enquête ? Elle est sans importance par rapport au contexte et aux personnages ? Moi, le livre me fait penser au Dimanche des mères de Graham Swift (mais en plus abouti à mon avis)
Répondre
L
Je suis en train de le lire; quasi fini. Mon billet sera positif.
Répondre
T
Tu as raison pour le titre. Quelle vie c'était pour ces femmes dévouées de ne penser qu'à celle des autres !
Répondre
T
"un pauvre livreur de glace d’origine polonaise, ne parlant pas correctement le français" <br /> <br /> Le français… a NewYork, sans doute est ce par tu as eu en main la version française ;)<br /> <br /> En tout cas , il va rejoindre ma PAL, ou plus exactement remonter dans celle çi car il y était déjà ;)
Répondre
M
Je l'avais remarqué justement dans les sorties 10/18. Je note donc :)
Répondre
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 197
Archives
Derniers commentaires
Publicité