QUAND SIMONE DE BEAUVOIR DONNE SON AVIS SUR GEORGE SAND
Dans un magazine littéraire, un hors-série du Monde – une vie une œuvre – une série d’auteur.e.s célèbres donnent leur avis à propos de George Sand.
Disons le tout de suite, tous ne sont pas élogieux et l’un des plus virulents, vous vous en doutez, est Charles Baudelaire, qui la détestait, tout comme les frères Goncourt et Friedrich Nietzsche.
Ces messieurs étant connus pour être de parfaits misogynes, leurs propos parfois véhéments n’ont rien de surprenant. En tout cas, ils ne m'ont pas surprise.
Par contre, là où j’ai réellement été étonnée, c’est ce que Simone de Beauvoir a écrit sur elle dans « Tout compte fait » -
Je prends plaisir à résumer ses propos ici, d’après l’extrait du livre déjà résumé par Jean-Louis Jeannelle & Eliane Lacarne.
Début de résumé
George Sand m’irrite. Jeune, j’aime sa volonté d’indépendance, son ardeur à lire, à s’instruire, à courir la campagne et la netteté de ses décisions. Prise au piège d’un mariage stupide, elle a eu l’audace de partir pour Paris pour refaire sa vie et ssubvenir elle-même à ses besoins.
Par la suite, je continue d’estimer son énergie et sa puissance de travail.
Mais je suis écoeurée par ce masque vertueux qu’elle a posé sur son visage. Avoir des amants, les tromper, leur mentir, pourquoi pas ?
Mais il ne faut pas alors clamer son amour de la vérité, crier à la calomnie et se donner des airs de sainte. Elle affiche pour tous ses amants des sentiments « maternels » ; couchant avec Pagello, elle prétend qu’ensemble ils aimeront Musset comme « leur enfant ».
La maternité pourtant n’est pas son fort ; elle s’est fait détester par sa fille ; elle l’a humiliée pendant toute son enfance, l’appelant « ma grosse » et la traitant de sotte. Elle a découragé tous les élans de sa fille par des sermons pédants, ne lui accordant qu’un amour « conditionnel », ce qui affole les enfants à qui la sécurité du cœur est nécessaire.
A trente ans, elle pose déjà à la femme brisée par la vie qui se dévoue sans compter ; alors qu’elle se fait impérieusement servir par tout son entourage.
Ce que je lui pardonne le moins, c’est la falsification systématique de son langage intérieur qui transfigure toutes ses conduites en exemples édifiants. C’est un mensonge si radical que même l’attitude qu’elle affiche en 1848 m’est suspecte.
(…)
Fin de résumé