THE VANISHING ACT OF ESME LENNOX, de Maggie O'Farrell
Titre français = l’Etrange disparition d’Esme Lennox
Rien ne préparait Iris Lockart à ce qu’on lui annonça un jour au téléphone = un institut psychiatrique connu va bientôt être fermé, le terrain ayant été racheté par des promoteurs immobiliers qui vont le raser et édifier des logements de luxe. Iris a une grand-tante, Esme Lennox, « résidant » (enfermée surtout) dans l’institut depuis 60 ans.
La jeune femme n’est absolument pas prête à prendre Esme chez elle, malgré les assertions du médecin principal et une assistante sociale affirmant qu’Esme ne présente absolument aucun danger pour la société.
Comme ils ne pourront pas la garder, Iris décide de signer les papiers de décharge et placer Esme dans une sorte de maison de repos, en attendant qu’il y ait une place dans une autre résidence.
L’endroit qu’on lui a indiqué étant pire que tout, Iris amène Esme chez elle, et réalise en fait que cette vieille dame inconnue connaît presque mieux la maison qu’elle.
Les deux hommes dans la vie d’Iris sont totalement choqués par sa décision, garder chez elle sa grand-tante, sans la connaître vraiment.
Ces deux hommes sont un problème dans la vie d’Iris, mais une chose à la fois.
D’abord annoncer à sa grand-mère qui a été placée dans une maison de soins pour cause d’Alzheimer que sa sœur est sortie de l’institut. Et pourquoi ne lui en a-t-elle jamais parlé ?
Une grand-mère dont Iris n’est jamais totalement certaine qu’elle ne feint pas l’amnésie par instants.
Alternant avec le récit au présent de la vie d’Iris, on découvre peu à peu qui étaient les sœurs Lennox ; Katherine (Kitty) l’aînée et Euphemia Esme, la cadette, excentrique, qui n’aime pas les fêtes, qui est mal à l’aise en public, qui semble avoir des « absences » lorsqu’elle regarde sa famille, qui adore lire, qui aimerait faire des études ce qui déplaît au père. Le plus important dans la famille est de paraître ce que l’on est = des gens bien, appartenant à la meilleure société, et avec le caractère d’Esme, cela fera de l’ombre à Kitty.
Après une fête, une chape de silence va s’abattre sur Esme Lennox.
Mon avis = excellent – un livre relativement court mais intense, une histoire que l’on n’imagine plus de nos jours, et pourtant … Il était courant au début du siècle d’enfermer les filles qui n’étaient pas telles que leur famille souhaitât qu’elles soient, ou qu’une épouse rêvant d’indépendance soit « mise à l’écart » par un mari qui s’en était lassé – tout ce qu’il fallait était un médecin de famille complaisant, quelques témoignages d’un membre ou plus de cette même famille, certifiant des « excentricités » de ladite personne. Aussi après un viol, dont la victime ne pouvait être que la coupable, c’était elle qu’on enfermait et les familles pouvaient enfin respirer en paix.
L’auteure Maggie O’Farrell s’est beaucoup documentée avant de prendre la décision d’écrire cette histoire d’une famille où l’une des deux filles n’est pas « normale », c'est-à-dire qu’elle n’obéit pas comme sa sœur aînée, ne s’intéresse pas à devenir une vraie dame – la romancière fut au départ prise au dépourvu par le nombre de situations pareilles à ce qu’elle décrit dans ce roman qui m’a prise au dépourvu je le reconnais.
Je ne suis pas très habituée aux récits non linéaires – j’ai donc dû m’habituer à ce triple récit = celui d’Esme Lennox, de sa sœur Kitty, et d’Iris Lockart, leur petite-fille et petite-nièce qui découvre avec une certaine horreur un secret de famille bien gardé. Et totalement affreux dont elle n’aura la révélation à la fin, comme les lecteurs.
L’histoire d’Esme Lennox est celle d’une vie volée, combien de jeunes femmes ont eu à subir ce type d’existence ? j’en frémis encore. Peut-on si facilement enfermer une personne sous prétexte d’hystérie et démence précoce , surtout parce qu’elle se retrouve enceinte, ce qui horrifie évidemment toute sa famille, en partie à cause du poids des conventions dont les parents sont les premiers responsables en raison de la rigidité de l’époque, de la crainte du qu’en dira-t-on.
Et la manière dont toutes ces malheureuses enfermées subissaient les méchancetés d’un personnel mal éduqué à ce type de maladie, un personnel tout juste bon à mépriser et punir, surtout punir, des femmes qui ne leur avaient rien fait, où non seulement elles perdaient leur âme mais aussi leur dignité – pire qu’une prison.
J’ai entamé le livre il y a deux jours et n’ai plus pu le lâcher avant d’en avoir terminé avec une histoire qui restera longtemps gravée dans ma mémoire en raison de la cruauté subie par la jeune Esme qui ne demandait rien d’autre que d’être aimée telle qu’elle est, sans avoir à être aussi docile et brillante que son aînée.
d'autres avis sur ce livre, que je suis apparemment l'une des dernières à avoir lu = babelio, critiquesLibres, aifelle-legoûtdeslivres, dasola, legrenierdechoco, myloubook, liliba, cecile-legrandnullepart, karine-moncoinlecture, cynthia, argali,