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mon bonheur est dans la ville
20 août 2018

THE WHITECHAPEL MURDERS

Whitechapel_Spitalfields_7_murders

london

Une promenade dans le quartier où Jack l’Eventreur commit ses horribles crimes, menée par André Price, historien, conférencier et guide officiel de la City of London (son site ici)

Introduction

Comme on peut le découvrir dans le film de Bob Clark (inspiré par le livre de Stephen Knight, essayiste et journaliste, publié en 1976), la théorie concernant les Whitechapel murders ou Leather Apron murders, connus sous les « crimes de Jack l’Eventreur (the Ripper en anglais) », est celle d’une conspiration royale et franc-maçonnique (impliquant non seulement la couronne britannique mais aussi de hauts dignitaires de la couronne) afin de masquer un mariage secret (ou faux mariage) entre le petit fils de la reine Victoria, fls du futur Edward VII et héritier présomptif, le prince Albert Victor (dit Eddy), duc de Clarence & Avondale avec une jeune ouvrière-vendeuse, Annie Crook. 

Stephen_Knight_1976

Jack_the_Ripper-_The_Final_Solution

La source de Stephen Knight serait Joseph Gorman, alias Joseph Sickert, fils illégitime du peintre Walter Sickert.

Beaucoup d’historiens nient cette théorie et ont discrédité le livre, qui a cependant inspiré les scénaristes du film de Bob Clark (voir ici), ainsi qu’Alan Moore pour son roman graphique « From Hell » (d’après une lettre envoyée par l’Eventreur pour se moquer de la London Metropolitan Police) – il a également été porté à l’écran, mettant en scène l’inspecteur Frederick Abberline, de manière romancée évidemment. Les deux m’intéressent bien sûr (roman et film).

F

Le livre de Stephen Knight a aussi servi d’inspiration à Patricia Cromwell (voir ici), à Robin Paige (voir ici) et enfin, à Anne Perry pour « the Whitechapel Conspiracy » que je vais sortir de ma pal.

Bref aperçu historique

D’août à novembre 1888, au moins 5 crimes atroces furent commis sur des prostituées dans l’un des quartiers les plus pauvres et sordides de Londres, celui de Whitechapel où la violence était courante.

Les victimes = Ces crimes furent attribués au même meurtrier en raison du modus operandi. De plus ils se situèrent à quelques rues de distance, soit tard dans la nuit ou aux petites heures du matin. 
Toutes les femmes furent égorgées et dans 4 des 5 cas de ce qu’on appelle les « cinq canoniques », les corps furent mutilés voire éviscérés.
Les victimes se nommaient = Mary Ann Nichols (Polly Nichols) – Annie Chapman – Elizabeth Stride – Catherine Eddowes et Mary Jane Kelly.

victimes du ripper

La manière dont les organes internes furent enlevés, prouva une grande connaissance anatomique suggérant l’œuvre d’un boucher ou d’un chirurgien – à côté d’un des corps fut retrouvé un tablier de cuir comme en portaient les bouchers en ce temps.
La population donna rapidement le surnom de « Jack the Ripper » (l’Eventreur) après qu’une lettre signée de ce surnom fut envoyée à la London Metropolitan Police. La plupart des lettres furent d’abord considérées comme des canulars de mauvais goût.

255px-FromHellLetter

Bien que la police, sous la direction de l’inspecteur Abberline recherchât activement le criminel, il ne fut jamais appréhendé et on ignore, jusqu'à ce jour, qui était Jack l'Eventreur.

Les théories

Celle de THOMAS STOWELL – se basait sur les carnets personnels de sir William Gull, médecin de la famille royale. Stowell était en relation avec le beau-fils de Gull.
Pour Stowell il y avait de fortes présomptions concernant Albert Victor qui aurait souffert d’une maladie mentale provoquée par la syphilis. Selon d’autres médecins, ceci n’était pas possible car les premiers symptômes se développent 15 ans après que les personnes aient contracté cette maladie vénérienne. La ligne du temps de l’époque infirme donc cette théorie.

255px-William_gull

Celle de JOSEPH GORMAN – même si la théorie de Stowell était incorrecte, elle relança un intérêt à l’affaire. En 1973, la BBC présenta une série docu-fiction, intitulée Jack the Ripper, qui donna lieu à un livre en 1975 (The Ripper files).
Le dernier volet de la série est un témoignage de Joseph Gorman, qui préférait s’appeler Joseph Sickert, fils illégitime du peintre Walter Sickert.

255px-Walter_Sickert_1884 

Gorman/Sickert disait que Walter lui aurait raconté une histoire impliquant non seulement la famille royale britannique, mais aussi d’autres personnages haut placés comme le médecin royal William Gull.
Joseph Gorman confirma que sa grand-mère (irlandaise et catholique) était l’épouse secrète d’Albert Victor – sa mère à Gorman était donc la fille d’Albert Victor et d’Annie Crook. La théorie de Gorman/Sickert est donc qu’il fallait faire taire (de manière définitive) les éventuels témoins de la naissance de l’enfant (Alice).

Stephen Knight reconnaît Que l’affaire telle que racontée par Joseph Gorman était parfois peu claire =
Albert Victor rencontra Walter Sickert par l’entremise de sa mère, la princesse Alexandra, épouse du futur Edward VII, afin que son fils apprenne l’art et la peinture. Annie Elizabeth Crook était l’un des modèles de Walter Sickert – elle était vendeuse dans Whitechapel (et catholique). Le prince et elle se marièrent donc secrètement, avec pour témoins le peintre et Mary Jane Kelly, amie d’Annie.
La fille du couple, Alice Margaret Crook, naquit en avril 1885 – la mère et le bébé furent installés par le prince dans Cleveland Street.

C’est en avril 1888 que la reine Victoria et le premier ministre, lord Salisbury, découvrirent le secret de l’héritier à la couronne.

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300px-Prince_Albert_Victor,_Duke_of_Clarence_(1864-1892)

Albert Victor fut placé sous haute surveillance familiale et Annie Crook fut enlevée et confiée au médecin William Gull qui la déclara folle et la fit interner. La malheureuse passa les 30 dernières années de sa vie d’une institution psychiatrique à l’autre. Quand on sait comment étaient les hôpitaux psychiatriques à l’époque, il y a de quoi plaindre la jeune femme.
Certains disent même que William Hull lui fit subir une lobotomie.

Pendant ce temps Mary Jane Kelly prit soin de la petite Alice, se contentant dans un premier temps de cacher l’enfant, puis avec ses copines prostituées qu’elle mit dans le secret, elles tentèrent de faire chanter le gouvernement. Ce fut l’erreur à ne pas commettre.

Dans son récit Joseph Gorman/Sickert accusa lord Salisbury et ses amis francs-maçons (parmi lesquels des dignitaires de la London Metropolitan Police) de comploter l’assassinat des 5 femmes afin de faire cesser le scandale.
La tâche incomba à Gull (toujours lui) qui attirait les femmes, tour à tour, dans une calèche noire et fermée, puis les assassinait avec l’aide de ses cochers.
La 5ème victime, Catherine Eddowes fut tuée par erreur car elle utilisait le pseudonyme de Mary ANN Kelly et fut confondue avec Mary Jane Kelly.

Stephen Knight atteste qu’au départ le récit de Gorman/Sickert le laissa très sceptique, mais étant journaliste décida malgré tout d’investiguer cette affaire. Il mit ainsi à jour une série de coïncidences =

  • Albert Victor était sourd, comme sa mère la princesse Alexandra, et la petite Alice était sourde elle aussi.
  • La princesse et Walter Sickert étaient tout deux d’origine danoise (j’avoue ne pas trop voir le rapport).
  • Les crimes s’arrêtèrent après la mort de Mary Kelly qui s’occupait de l’enfant.
  • Il régnait à l’époque un fort mouvement républicain mais aussi très anti-catholique.
  • Le prince héritier fut impliqué dans un scandale à Cleveland Street. Annie Crook habitait Cleveland Street et fut internée en institut psychiatrique.

Peu à peu, Knight fut convaincu par les théories de Joseph Gorman, vu les coïncidences.
Le manque de preuves renforce la conspiration maçonnique, les crimes rappelant les rituels connus des francs-maçons pour l’intronisation des nouveaux « maçons » et qui remonteraient à la construction du temple de Salomon.
Knight accusa le haut commissaire de la Metropolitan Police, Charles Warren, d’avoir détruit des preuves évidentes impliquant les francs-maçons. Notamment une inscription sur les murs, trouvée près d’un des cadavres.

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A la sortie du livre-document  de Stephen Knight les critiques littéraires furent non seulement sceptiques mais émirent des commentaires fort sarcastiques. Pour certains ce document relevait de la plus haute fantaisie, ne reposant sur rien de concret.
Or, Annie Crook a bien donné naissance à une fille en avril 1885 et Joseph Gorman était le fils d’Alice (ça c’est avéré); toutefois il n’existe pas de preuve que Gorman fût le fils, même illégitime, de Walter Sickert.
Le nom du père de la petite Alice fut laissé en blanc sur le certificat de naissance et il n’existe aucune trace d’un mariage entre Albert Victor et Annie.
Même si ce mariage aurait eu lieu, il aurait été considéré comme nul en égard de la loi britannique qui annule tout mariage contracté par un membre de la famille royale, si le ou la souverain.e n’a pas donné son accord ; tout enfant issu d’un tel mariage aurait automatiquement été considéré comme illégitime et forcément exclu de la succession. Ici, en plus, Annie Crook était catholique.

Knight reconnut qu’il y avait de nombreux problèmes et points peu clairs dans les théories de Joseph Gorman.
L’ami de Stephen Knight, Colin Wilson (lui-même journaliste, essayiste et romancier) et également fort intéressé par l’affaire « Jack l’Eventreur » déclara que le livre de son ami était un peu tiré par les cheveux, mais à la mort prématurée de Stephen Knight à la suite d’une tumeur au cerveau, Colin Wilson écrivit que Knight écrivit cet essai de manière caustique, pratiquement pour s’amuser, mais qu’il fut pris de court par son succès et sa notoriété. Il n’eut pas vraiment, ultérieurement,  la possibilité de se rétracter.

330px-Colin_Wilson

Ma conclusion

Jack l’éventreur a donné lieu à de multiples théories, certaines plus fantaisistes que les autres –
Après avoir fait couler beaucoup de sang, Jack the Ripper continue à faire couler beaucoup d’encre =  il existe pas moins de 100 livres à ce sujet (essais-documents) et on ne compte plus le nombre de romans-thrillers, y compris l’improbable rencontre entre Sherlock Holmes et Jack l’Eventreur, improbable puisque l’un est personnage de fiction et l’autre personnage réel.
Il permet à des historiens de guider les touristes, public intéressé et amusé,  (comme moi =^-^= merci à ma petite belle-fille chérie pour ce parcours) à travers Whitechapel, qui a évidemment bien changé depuis – même les gros pavés ont disparu, pourtant il en restait quelques uns d’époque dans certaines ruelles.

Notre guide (voir le début de cette chronique, basée à la fois sur ses explications et le livre de Stephen Knight) croit dur comme fer à la théorie de Joseph Gorman/Joseph Sickert (et donc de Stephen Knight), on y croirait presque avec lui vu son enthousiasme communicatif.

(Je n'ai pu prendre de photos de cette balade, sinon je ratais les explications et puis le soir tombant, mon appareil n'est pas très valable)

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Commentaires
C
Je ne suis pas certaine d'aller à Londres prochainement, mais une telle promenade doit être passionnante ! Et divertissante :-)
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T
Je ne suis pas sûre d'avoir envie de me promener sur ses traces, tu en parles en connaisseuse !
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A
Je n'ai pas pu voir le billet avant-hier, puisque Canalblog faisait encore des siennes .. Difficile de s'y retrouver dans toutes ces théories. Et il y en aura sûrement d'autres encore, des mystères irrésolus c'est trop tentant pour plein de gens.
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K
Quelle balade !!<br /> <br /> C'est passionnant...<br /> <br /> Qui était Jack l'éventreur ???<br /> <br /> Bises Niki
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