THE DEVIL'S GRIN, d'Annelie Wendeberg
Titre français = le Diable de la Tamise
1ère enquête du docteur Anton Kronberg, alias Anna Kronberg
Eté 1889, Londres tremble encore sous les actions meurtrières de Jack l’Eventreur. Le Dr Anton Kronberg (le jour), alias Anna Kronberg (le soir), est appelé par l’inspecteur Gibson de Scotland Yard car un corps a été découvert dans la Tamise, là où commence la campagne.
On pense que l’homme est mort du choléra – Kronberg étant un bactériologiste réputé, il est logique qu’il soit appelé sur les liieux. Où se trouve déjà un homme, grand, maigre, au profil d’aigle et dont le regard scrutateur a immédiatement découvert le subterfuge utilisé par Anna afin de pouvoir pratiquer son métier, les médecins féminins n’étant pas acceptés que ce soit en Angleterre ou ailleurs en Europe.
L’homme, avec cynisme, lui confirme qu’il ne la dénoncera pas, il n’y trouverait aucun intérêt.
Sherlock Holmes, puisque tel est son nom, est un homme qui travaille seul et il le fait comprendre à Anton/Anna.
Le problème est que c’est le dr Kronberg qui a été appelé afin d’investiguer le cas de ce cadavre. Qui a séjourné dans l’eau depuis quelque temps. Il est évident qu’il n’a pas été jeté à cet endroit de la Tamise.
Le cadavre est emmené au Guy’s Hospital où travaille le dr Kronberg et l’enquête peut commencer.
Rapidement, les 2 enquêteurs tentent de ne pas devenir des antagonistes, ils ont à l’évidence besoin l’un de l’autre – les qualités de détection de Holmes et celles d’Anna sont complémentaires. La victime, outre ayant été tuée par le choléra, porte des marques aux poignets et aux chevilles, témoignant qu’elle a été attachée et peut-être torturée.
Les excellents résultats des recherches sur les corps malades ont valu une bourse de recherche à Kronberg, elle peut se rendre sous son déguisement de docteur à Berlin pour de plus amples recherches en bactériologie.
Elle profite de ces trois mois pour rendre visite à son père, qui est dans le secret de son identité, sans nécessairement savoir ce qui lui est arrivé il y a longtemps, le jour où elle obtint son diplôme après avoir défendu sa thèse.
De retour en Angleterre, le docteur Kronberg est contacté par un homme très intéressé par les recherches en bactéries et plus particulièrement le tétanos et le choléra. Il lui dit faire partie d’un groupe d’hommes intéressés par les avances de la médecine bactériologique, à titre privé. Ces gens désirent investir dans la fabrication de vaccins.
A partir de ce moment-là, Anton/Anna Kronberg est sous surveillance, tout en collaborant avec Sherlock Holmes pour découvrir un complot inhumain, comme une possible menace bactériologique sur le monde.
Mon avis = une série qui s’annonce passionnante, qui a commencé avec le préquel, chaque roman est assez court, ce qui permet de le lire rapidement, mais je vais d’ores et déjà les lire à la suite les uns des autres, car en fait les 4 courts romans (des novellas) consistent en longs chapitres d’une même histoire.
Au début du roman on retrouve Garret O'Hara, son ami de coeur et le jeune Barry qui se fait un point d'honneur à la protéger, comme le fait Garret.
Anna Kronberg est une jeune femme intrépide, aux nerfs bien trempés, qui cache quelques secrets, ce qui pose problème dans ses relations avec Sherlock Holmes car celui-ci est très fort pour détecter ce qu’on ne lui dit pas.
Elle est un peu comme un « nouveau Watson », à ceci près qu’Annelie Wendeberg lui donne une personnalité plus forte et plus fûtée que le brave John Watson.
Dont Anna vient seulement de découvrir les écrits dans « The Strand » et trouve aussi, comme Holmes, que Watson attache trop d’importance à des détails plutôt que d’être précis dans les enquêtes.
Ce roman donne pas mal d’explications sur la manière de procéder pour obtenir des cultures de vaccins ; il donne aussi d’amples détails sur les indigents, les plus délaissés de la société, la crasse qui règne dans certains quartiers de Londres, notamment St.Giles où le soir Anna Kronberg dispense ses soins aux plus démunis.
Il ne fait jamais bon d'être pauvre, mais dans le Londres du 19ème siècle c'est une véritable horreur.
Lorsqu’on la voit se défendre contre les dangereux personnages qui l’entourent, on se dit qu’elle correspond parfaitement à ce qu’on appelle en angalis « a bad ass », c'est-à-dire une dure à cuire !
J’ai toutefois regretté que l’auteure ait cédé à la tentation de faire tomber Anna Kronberg amoureuse de Sherlock Holmes.
Je ne trouve pas cette idylle nécessaire, voire elle n’apporte rien de plus sinon un problème de plus dans la vie d’Anna Kronberg, j’aurais préféré que la romancière en fasse de bons amis, dans le respect mutuel de leurs connaissances.
C’est le seul défaut que je trouve à cette histoire bien ficelée, assez crédible, dont le suspense va croissant, ce qui annonce déjà les difficultés des futures suites.
A propos du titre en anglais, il fait référence à la torsion de la bouche en un sourire grimaçant, qui témoigne du tétanos lorsque les muscles se crispent. Ce n’était probablement pas traduisible en français.
Annelie Wendeberg est une scientifique et a mis beaucoup de ses connaissances scientifiques dans sa série consacrée à Anna Kronberg. Elle est née en Allemagne de l’est et a participé à sa manière (avec un burin et un marteau) à la chute du mur de Berlin.
Elle est diplômée en biologie et dès son diplôme en main, elle est partie sur l’Atlantique pour étudier la biologie marine. Deux ans plus tard elle est retournée en Allemagne, obtenant un diplôme en microbiologie environnementale.
Désormais elle écrit, soutient le mouvement des femmes afghanes dans l'écriture, produit ses légumes et fait du fromage de chèvre.
les taudis de londres au 19ème siècle
(source = photothèque google/getty)