FALAISE DES FOUS, de Patrick Grainville
Charles Guillemet, orphelin de mère à 3 ans, non reconnu par son père homme marié, a été recueilli par son oncle Armand, un brave homme, pas très habile avec le jeune garçon mais qui le soutiendra dans son heure de difficulté.
Pour avoir voulu se montrer indépendant, Charles s’est enrôlé et est parti faire la guerre en Kabylie, dont il est revenu meurtri dans sa chair, mais aussi l’esprit abîmé. Il est encore jeune, mais grâce à son oncle, il ne travaillera plus et traînera ses guêtres sur les plages d’Etretat.
Il a 80 ans lorsqu’il se décide à raconter son histoire, de 1868 à 1927,
Charles aura tout connu = les inventions du siècle, trois femmes qui joueront un rôle dans sa vie. Une vie dont il est plutôt spectateur.
Et une rencontre qui le suivra tout au long de sa vie = celle d’un peintre, obsédé par la lumière, pauvre et souvent de mauvaise humeur = Claude Monet. Toujours à court d’argent, mais qui, célèbre, négociera comme un véritable commerçant.
Mon avis = livre d’histoires au pluriel = celle d’une époque, commencée un peu au-delà du milieu du 19ème siècle, pour se terminer entre les deux guerres mondiales.
Sans oublier la guerre de 1870, l’affaire Dreyfus.
Histoire aussi d’un homme, histoire de la peinture – bref un gros morceau de multiples histoires qui n’en font qu’une.
Mais surtout, et c’est là que pour moi le bât blesse le plus, est-ce le fait qu’il soit académicien que l’auteur Patrick Grainville se gargarise autant de mots et d’adjectifs ? on n’y échappe jamais = qu’il nous parle peinture, invention, objets, paysages, c’est une logorrhée incessante.
Lorsqu’il parle couleurs des peintres, c’est pratiquement toute la carte des coloris des revendeurs de peinture qui y passe. C’est ainsi pour tout, y compris le matériel de guerre, les uniformes, etc - et finalement c’est lassant.
Un peu en ajoute au récit, trop donne envie d’abandonner la lecture pour prendre quelque chose de plus simple.
Lorsque la guerre de 14-18 débarque, l’auteur ne nous épargne pas l’horreur des tranchées = les rats, mais pas seulement eux, toutes les blattes et autres saloperies y passent.
Bien sûr, il y a de la poésie dans ce livre, l’immense amour que le narrateur porte à Etretat, – mais moi j’ai eu l’impression d’un exercice de style, qui me faisait relire mon dictionnaire des synonymes.
Ce qu’il y avait d’intéressant était la rencontre parfois fortuite ou d’autres fois recherchée des grands noms de la peinture, de leurs difficultés à se faire reconnaître = Courbet, Manet, Cézanne, Berthe Morisot, et toujours Monet – les écrivains y passent aussi = le grand Hugo, Flaubert, Zola s’impliquant dans l’affaire Dreyfus. N’oublions pas non plus les hommes politiques.
Des touches deci-delà qui parlent d’événements avérés de ces 2 siècles, l’ancien et le nouveau 20ème, le siècle des inventions, du futur, des guerres.
Une légère mise en abyme aussi à propos d’un certain Grainville, un vieux soldat de la guerre 14-18. Des moments de réelle émotion lorsque Charles découvre un portrait de sa mère, lorsqu’il voit son père pour la première fois.
En bref , lecture intéressante, superbement écrite, mais sentiments mitigés pour moi. J’ai apprécié, mais pas toujours.
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