Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
mon bonheur est dans la ville
31 mars 2018

LE CHATEAU DES CARPATHES, de Jules Verne

51CNcTLibwL

Que se passe-t-il donc sur le plateau d’Orgall en Transylvanie, là où se dresse le château pratiquement en ruines de la famille de Rodolphe de Gortz, dernier du nom ? de la fumée sort régulièrement de la tour, des bruits étranges se font entendre, le propriétaire serait-il revenu, le château serait donc à nouveau habité ? ou bien le « Chort » (alias le diable) y réside-t-il désormais ? Après qu’un colporteur juif ait vendu une lunette de longue vue à un membre de la communauté, qui l’a refilée au maire pour se faire bien voir (hahaha), celui-ci confirme que de la fumée sort du château.
Les villageois sont affolés, persuadés que des fantômes maléfiques hantent les lieux et feront désormais fuir tous ceux qui passeront par Werst, qui est pourtant un joli lieu de villégiature.
Le maire et l’hôtelier sont particulièrement embêtés car cela signifie = pas de visiteurs, pas de taxe de séjour, pas de bons repas ou de chambre louée.

Nick Deck, le jeune forestier qui aimerait épouser la jolie fille du maire, et un pharmacien un peu charlatan vantard qui se fait passer pour le docteur du patelin, décident de se rendre là-haut pour en avoir le cœur net. Hélas, ils sont tous deux victimes de phénomènes bizarres et heureusement qu’au village on a décidé de venir à leur recherche. Nick Deck a d’ailleurs reçu une sorte de décharge électrique qui lui paralyse momentanément le côté droit, la tendre Miriota est écroulée de chagrin.

Arrive sur ces entrefaits le jeune comte Franz de Telek et son serviteur. Les deux hommes sont amusés par ce que les villageois leur racontent et promettent de faire venir les gendarmes de la ville voisine, après avoir repris la route le lendemain.
Lorsque Franz apprend le nom du propriétaire du château, il éprouve un choc – le narrateur fait alors un bond dans le passé pour parler de Franz et son amour pour la Stilla, une jeune et belle cantatrice à la voix d’or.
Qui était en quelque sorte suivie et traquée partout où elle chantait – le plus effrayant était qu’elle savait qu’un homme était là, caché derrière le rideau de sa loge, qui la guettait tous les soirs.
Elle accepta donc avec soulagement la proposition de mariage du jeune comte de Telek, mais hélas au cours de sa dernière performance elle s’écroula, morte.
Quelques années passèrent que Frank de Telek employa à voyager pour oublier leur malheur. 

Revenu au présent, il décide, sans rien dire aux villageois, d’aller vérifier sur place ce qui s’y passe, surtout qu’il a entendu la voix de la Stilla ; il est convaincu que Rodolphe de Gortz et son âme damnée, Orfanik, une sorte de savant fou, ont emmené Stilla dans ce horrible château, l’enterrement de la jeune femme ayant été une « comédie ».
Bien que son dévoué serviteur demande de n’en rien faire, on le sait l’amour rend aveugle mais aussi sourd à toute raison.
Il parvient à pénétrer dans la partie qui n’est pas totalement en ruines et se retrouve, soudain, prisonnier d’une crypte.
Qui  le sortira de là ? D’autant plus qu’un piège diabolique se prépare.

Mon avis = plutôt amusée qu’effrayée – ce roman de Jules Verne a un peu vieilli mais pas trop dans son ensemble, il mélange les genres – une romantique histoire d’amour, un roman au cadre gothique, la science-fiction, un thriller au sens actuel du terme. De plus, romantisme aidant, les descriptions des paysages sont bien en rapport avec le lugubre château.

On dit que ce roman inspira « Dracula » à Bram Stoker ; ceci est fort possible si l’on s’arrête à la première partie de l’histoire qui est celle du village de Werst qui vit dans la terreur de ce qui se passe dans le château en ruines sur le haut-plateau, inaccessible, lugubre, entouré d’une forêt tout aussi inaccessible.
Superstition et imagination débordante qui mènent à la peur, voire la terreur, dominent totalement le village.

1200px-Félix_Nadar_1820-1910_portraits_Jules_Verne

Le vocabulaire est simple, ce qui me donne à réfléchir à la volonté de l’Académie de « simplifier » Jules Verne – je trouve cela non seulement offensant pour l’auteur, mais aussi pour ses lecteurs car le vocabulaire utilisé par l’auteur est châtié mais simple, sans être simpliste.
Bien sûr il y a une grande analepse,  qui forme d’ailleurs la seconde partie du roman, pour ensuite revenir à Werst et ses habitants terrorisés, qui entretiennent leur peur mutuellement, ce retour clôturant le roman.

Comme je l’ai écrit, mon avis est amusé car cette histoire qui se veut une histoire horrible, inspirant des histoires de vampires,  m’a souvent fait sourire aux bêtises émises par les villageois et surtout le "docteur".  Les autres ont plutôt peur du manque à gagner si plus personne ne vient à Werst.
Cependant je pense aux paroles d’Hercule Poirot qui déclarait qu’il ne fallait jamais sous-estimer le poids de la superstition.

Par contre, ce qui m’a vivement surprise, c’est la description du colporteur juif, véritable caricature de ce que l’on pensait des Juifs depuis la nuit des temps = nez crochu, ton obséquieux pour vendre sa marchandise, tous les clichés y passent.
Cela confirme ce que j’ai appris au cours de littérature que j’ai le plaisir de suivre pour l’instant = le 19ème siècle était un siècle éminemment raciste et antisémite, plus encore que précédemment.
Cela m’a peinée qu’un écrivain tel que Jules Verne soit tombé dans ces poncifs. 

'The_Carpathian_Castle'_by_Léon_Benett_39

Publicité
Publicité
Commentaires
T
Lu quand j'étais gamin, il y a quelques décennies... <br /> <br /> Je me demande si Roger Leloup, dessinateur-scénariste de la série de BD Yoko Tsuno, en avait connaissance, quand il a dessiné La proie et l'ombre?
Répondre
M
Ca fait longtemps que je n'ai pas lu Jules Verne. Celui-là, je l'ai dans ma PAL car je l'ai lu mais je ne m'en souviens plus... PS :
Répondre
T
Simplifier Jules Verne !? Voilà qui en dit long sur l'affaiblissement du vocabulaire. J'espère que c'est une fausse nouvelle, j'aurais du mal à croire que c'est une proposition de l'Académie française.
Répondre
T
"la description du colporteur juif…" je pense que contrairement à ce que l'on croit, notre époque est probablement celle où l’antisémitisme est le plus bas.
Répondre
A
J'ai peu lu Jules Verne, je ne suis pas très attirée par ce qu'il écrit. Par contre, j'aime bien les films qui ont été tirés de ses livres.
Répondre
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 85 213
Archives
Derniers commentaires
Publicité