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mon bonheur est dans la ville
2 mars 2018

RICHARD THE THIRD, de Paul Murray Kendall

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Richard III d’Angleterre est le roi le plus controversé, le plus malmené de l’histoire d’Angleterre.

Paul Murray Kendall, historien américain, professeur d’anglais et d’histoire à l’université d’Ohio, était un spécialiste du moyen-âge, qui consacra plusieurs ouvrages sur le 15ème siècle, notamment à travers les figures de Louis XI de France et Richard III d’Angleterre.  Au départ, il se consacrait plutôt à la Renaissance et Shakespeare ; il obtint également un prix important décerné par l’université John Hopkins.

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Sa biographie sur Richard III fut éditée en 1955 – personnellement je découvris ce livre très intéressant au moment où je me mis à lire « The Daughter of Time » de Josephine Tey, dans les années 1980.

Vous vous direz que j’ai mis du temps à le résumer, en effet cette biographie est très touffue, ne se lit pas aussi facilement qu’un polar, et ne se lit pas d’une traite, bien que montrant une belle érudition sur ce roi et son temps.
J’ai toujours eu un « faible » pour les malmenés de l’histoire, surtout à travers les écrits de William Shakespeare,  qui on le sait était soutenu par les Tudors – aujourd’hui on dirait « sponsorisé », et il est évident que l’on écrit ce que le sponsor espère. De toute façon le "grand Will" n'était pas un historien mais un poète, il n'a jamais pris la peine de vérifier ce qu'on lui disait. Il s’inspira d’ailleurs des livres de More et Polydore Vergil, ce dernier surtout pratiquement « amoureux » de la figure d’Henry Tudor, qui deviendra Henry VII.

Richard III était-il le monstre montré par Shakespeare dans sa pièce de théâtre ? certainement pas.

Le mystère le plus total dans la vie de Richard III est la disparition de ses neveux dont il était le lord protecteur (tuteur) – les tristement célèbres jeunes Princes dans la Tour.

Princes

Et Richard III n’a jamais hurlé non plus « mon royaume pour un cheval » à la bataille de Bosworth Field, au contraire il s’est battu avec fierté, défendant jusqu’au bout le dynastie légitime des Plantagenet.

Richard naquit à Fotheringhay en octobre 1452, il était le plus jeune d’une fratrie de 12 enfants dont 7 survécurent – sa mère était la célèbre « Rose de Raby » Cicely Neville et son père était Richard Plantagenet, duc d’York (j’ai toujours un peu de difficultés avec tous ces noms semblables, c’est comme pour les Charles, Philippe et Louis en France).
Il était de santé précaire, au point que chaque année ses parents recevaient un rapport sur leurs enfants restés au château, disant « Richard a survécu cette année encore ».

Richard III ne fut jamais bossu, ni contre-fait comme le prétendait Shakespeare ; grâce à sa force de caractère il accompagnait son frère le roi à la poursuite de leur ennemie, la « she-wolf from France » comme les Anglais aimaient à appeler leurs reines consorts nées en France.
Elles furent plusieurs à avoir droit à cette appellation = Isabelle de Valois, Eléonore de Provence, Marguerite d’Anjou entre autres.

Richard était toujours d’aspect fragile, mais il n’était plus l’enfant maladif qu’il était tout enfant ; face aux autres garçons, il était plus petit, paraissait moins bien formé, mais se fit fort de prouver qu’il était capable comme n’importe qui de manier épée, hâche de guerre et autres armements, qui firent qu’il développa une épaule droite un peu plus forte que la gauche et provoqua probablement  sa scoliose ; il montait particulièrement bien à cheval.

C’est à l’âge de 7 ans que Richard découvrit à quel point le monde dans lequel il vécut était dangereux, l’ami d’un jour pouvant à tout instant devenir le traître et l’ennemi de demain, il en fera la triste expérience devenu roi.
La maison d’York souhaitait mettre sur le trône un roi légitime, Henry VI, le fils de Catherine de Valois et Henry V ayant apparemment hérité de la faiblesse d’esprit de son grand-père.
L’époque était très troublée, les Lancastre et les York se disputant la couronne ; les nobles se battaient entre eux, le chaos régnait dans l’indifférence d’un roi (Henri VI) sans autorité et commençant à montrer des signes de la folie qui le frappera plus tard. Henry VI préférait prier que s’occuper de son royaume.

Je ne vais pas vous infliger l'intégralité  de mon adaptation personnelle en français (l'essai a d'ailleurs été traduit) de la lecture de cette passionnante page d'histoire, fort riche en rebondissements compte tenu des allégeances qui changeaient selon ceux qui étaient prêts à payer le prix.
Toutefois, je vais poursuivre encore en quelques paragraphes ma défense - et surtout celle de Murray Kendall - concernant ce roi d'Angleterre qui fut un monarque juste, qui promulgua de bonnes lois favorables à ses sujets.

Dans les appendices de ce document fort complet, donc à lire lentement pour tout bien comprendre dans ces luttes pour le pouvoir, le « fameux » Polydore Vergil (qui inspira Shakespeare) et qui vénérait littéralement Henry Tudor, Vergil donc explique dans l’un de ses écrits aux louanges du roi, que celui-ci avait avoué que le lieutenant Tyrrell, à sa solde, aurait avoué avoir assassiné les petits princes, afin que ceux-ci ne viennent pas réclamer la couronne d’Angleterre qui leur revenait. 
Tous les historiens des Tudors à l’époque accréditèrent les versions de More et Vergil afin de confirmer la dynastie Tudor.
Aucune preuve de la culpabilité de Richard III dans ce crime existe, par contre Henry Stafford, duc de Buckingham, qui fut l’un des probables assassins, n’hésita pas à raconter que Richard III était au courant et ne s’y opposa jamais.

Une chose – pour moi – est certaine = les Tudors ont eu la main dans la mort des jeunes princes, seuls capables de remettre en cause le pouvoir d’Henry VII.
Actuellement d’ailleurs les historiens semblent accréditer cette thèse et réhabiliter Richard III qui instaura d’importantes et justes lois au cours de son court règne.
On reconnaît enfin que Richard III fut un roi fortement calomnié, qui ne fut jamais bossu, mais qui souffrait de scoliose (ce que prouva son squelette retrouvé il y a quelque temps), qui ne noya pas son frère le duc de Clarence, qui n’empoisonna pas sa reine et ne voulut pas épouser sa nièce (désolée Philippa Gregory).

Son visage n’est pas celui, comme l’a dit Shakespeare, d’un monstre sournois, manipulateur, mauvais.

A propos d'Henry Tudor, devenu Henry VII -
Margaret Beaufort – que certains considèrent comme une sainte – était fort bigote et était convaincue avoir reçu de Jeanne d’Arc la certitude que son fils Henry était le futur roi d’Angleterre.
Edmund Tudor était le fils d’Owain ap Maredudd ap Tudur, né de la relation amoureuse entre son père et Catherine de Valois, la jeune veuve d’Henry V, venant d’accoucher du petit Henry VI nouveau roi d’Angleterre ; le duc de Bedford s’était proclamé régent et écarta Catherine des affaires de l’Angleterre, ce qui convenait à la jeune reine peu intéressée par la politique et l’enfant-roi.
Owen Tudor (prononçons à l’anglaise), descendant d’une  importante famille galloise, avait été mis au service de Catherine qui tomba amoureuse – deux fils naquirent = Edmund et Jasper.

Le mariage de Catherine et Owen eut lieu à une date non connue ; les demi-frères du jeune roi furent accueillis par ce dernier et reçurent des titres et duchés ; cela n’enlève en rien le fait que ces Tudors étaient des bâtards et c’est évident que Margaret Beaufort et son fils firent tout pour annuler ce fait.
Owen Tudor, à la mort de Catherine de Valois, ne profita pas du statut protégeant les époux de reines douairières remariées. De plus, il avait rejoint son fils Jasper au pays de Galles, ledit Jasper s’étant allié à la maison des Lancastre vaincue par la maison d’York. La « guerre des cousins », le nom officiel pour les historiens de la « guerre des deux roses » venait de commencer. Owen Tudor fut jugé et condamné pour trahison.

Ceux qui acclamèrent la mort de Richard III, eurent l’occasion de le regretter = le règne d’Henry Tudor, devenu Henry VII, fut un règne dur, sous la poigne d’un roi avare ; des procès et condamnation se succédèrent et jalonnèrent le début de son règne. Les biens des condamnés rejoignirent les caisses de la couronne.
Henry VII n’était pas vraiment capable de gouverner, il n’avait appris qu’à se battre, encouragé par sa mère ; il ne connaissait que les champs de bataille. Il gouverna d’une poigne de fer pour rester roi d’Angleterre, position – il le savait – qui ne lui revenait pas de droit, qu’il le veuille ou non, malgré les encouragements de sa mère.
Henry VII était un usurpateur.
Il était très dévoué à Margaret Beaufort – par contre il était froid et distant avec son épouse Elizabeth,, une certaine jalousie se mêlant à ces sentiments car Elizabeth était très aimée de ses sujets.
Pour Henry VII, Margaret Beaufort était le seule vraie reine ; celle-ci le fit d’ailleurs bien comprendre à sa bru qu’elle gardait en sa sujétion.
Par contre, la manière dont Henry VII s’occupa des finances du royaume était si formidable qu’il put léguer à son fils Henry VIII une caisse très riche que son héritier dilapida rapidement. Il hérita aussi du caractère de despote de son père.

Pour lire une biographie romancée de Richard et Anne, je vous propose le livre de Sharon Kay Penman = Sunne in Splendour en plus de l'enquête menée par l'inspecteur Alan Grant dans the Daughter of Time de Josephine Tey. 
Deux livres lus il y a fort longtemps, que j'ai très envie de relire à présent que j'ai terminé le livre de PAUL MURRAY KENDALL.
A propos du livre de Kendall (historien américain), un historien britannique n'a pas pu s'empêcher d'ironiser à propos des écrits de son collègue américain qu'ils étaient vraiment trop gentils !!! (élégants les érudits =^-^=)

RichardIII

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Commentaires
L
Je l'ai lu (en français) il y a... des années (vingt-deux ans, je dirais...;-) Mais lire un tel essai en anglais ?! Wow, ton anglais doit vraiment être excellent !
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T
Whaou !! Quel billet ! Et surtout passionnant, je regarderai Richard III d'un autre œil.
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