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mon bonheur est dans la ville
15 juillet 2017

D'OR ET DE SANG, de Catherine Hermary-Vieille

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La Malédiction des Valois

A travers l’histoire dramatique des enfants d’Henri II et Catherine de Medicis, de nombreuses années de l’histoire de France sous les Valois-d’Angoulême défilent sous les yeux des lecteurs/lectrices.
Plus particulièrement ces années de guerre de religion, guerres civiles qui dressèrent catholiques et protestants les uns contre les autres.
Que de factions politiques différentes, que de factions religieuses intolérantes, intransigeantes, furent de ces années. 

Alors que Catherine de Medicis souhaitait établir une « paix de religions », une tolérance, il ne peut en être question entre ces catholiques intégristes et ces protestants rigides.
De part et d’autre on va trahir, changer de camp, retourner sa veste, intriguer chez les uns et les autres, mais on n’empêchera pas le carnage comme celui de la saint-barthélémy, quelques jours à peine après le mariage de la fille de France catholique, Marguerite, avec le jeune roi de Navarre (protestant mais pas plus que ça !).

Lorsque le roman débute, le jeune roi François II se meurt et la petite reine Marie Stuart retourne en Ecosse. Devient alors roi, le très jeune Charles IX (10 ans), ce qui arrange bien la dominante reine-mère qui va enfin pouvoir régner puisqu’elle est régente jusqu’à la majorité du petit roi. 
Pour rendre la royauté populaire, Catherine de Medicis décide d’un « tour de France », avec le déménagement que cela impose.
Lorsqu’il atteint sa majorité, il est évident qu’il est le roi d’un royaume divisé et les tracasseries commencent !
tout le monde se plaint chez lui, lui qui n’aspire qu’à la paix ! il a une charmante maîtresse auprès de qui il trouve un peu de cette paix, il a une épouse compréhensive, qui espère donner un héritier à la couronne.
Mais la santé de Charles IX n’est pas meilleure que celle de François II et bientôt la tuberculose aura raison de lui.

Voici enfin  le tour d’Henri III – comme il l’a attendue cette couronne de France ! entretemps il a accepté celle de la Pologne, mais vivre en Pologne lorsqu’on a connu la France et sa douceur de vivre en pays de Loire, ce n’est quand même pas la même chose. Heureusement avec lui se trouvent ses mignons – qui vont l’aider à regagner la France et commencer à abuser de leur pouvoir sur lui.  Était-il réellement homosexuel, ou simplement bi ? en tout cas, il sera toujours respectueux de Louise de Lorraine, sa reine.
Le caractère étrange d’Henri III va lui valoir le mépris de tous au fil du temps – il alterne les périodes de fastes, de bals, de fêtes scandaleuses avec un mysticisme extrême.
Un parti va se liguer contre lui « Les Mécontents » auxquels sa sœur commettra l’erreur d’adhérer, ce qui lui vaudra un exil de près de 20 années.
Lorsqu’il meurt, sans fils, il a nommé le roi de Navarre comme héritier – place à Henri IV, toujours marié à Margot – il va s’en « démarier » comme on dit à l’époque – car il y a eu quelques lacunes au moment du mariage = ne pas avoir attendu la dispense papale (ils étaient cousins), avoir forcé Marguerite par un coup à l’arrière de la tête à acquiescer au mariage.
Entretemps, les époux qui au départ étaient amis, sont devenus des ennemis, il la traite de « putain », elle le traite de paysan mal dégrossi. Cependant, couronne de France oblige, ils se réconcilient et fine mouche, Marguerite tire tous les avantages possibles de cette réconciliation et ce démariage.

Bien qu’il s’agisse d’un bon roman historique, bien documenté, basé sur des faits avérés, la romancière – qui se réfère à Maurice Druon et Alexandre Dumas pour ses exemples de romans historiques – est tombée malheureusement dans le travers d’avoir surtout retenu « la légende noire de Marguerite de Valois ».

Non seulement elle accentue dans son roman le côté « folle de son corps », « vipère lubrique » (comme la surnomma son frère Henri III), elle en fait aussi une jeune femme pas nécessairement  sotte mais surtout désireuse d’être prise pour une véritable diplomate, imbue de sa haute naissance, sous l’emprise de ses sens, en gommant (délibérément ?) le côté intellectuel de « Margot », son érudition, sa cour où viennent Montaigne et Brantôme.

Catherine Hermary-Vieille est tombée dans le même travers qu’Alexandre Dumas père, qui fit grand tort à la réputation de Marguerite de Valois « Margot », par son roman « la Reine Margot », où il la présente comme folle de son corps, incestueuse, trompant allègrement son époux, Henri de Navarre, qui ne se gênait pas de son côté de toute façon.
(Alexandre Dumas fit la même chose à l’égard de Lucrezia Borgia, tout comme Shakespeare le fit avec Richard III – à part que Shakespeare discrédita Richard III pour plaire aux Tudors, tandis qu’Alexandre Dumas père écrivit des romans feuilletons pour attirer les lecteurs des journaux d’époque et gagner de l'argent).

La romancière passe aussi sous silence le pamphlet "féministe" avant la lettre qu'écrira Marguerite de Valois-Navarre lorsqu'elle comprendra (pas trop tôt) que le monde dans lequel elle vit ne laisse aucun droit aux femmes et tous les droits aux hommes.

Ce qui ressort de la vie des enfants de Catherine de Médicis, et surtout de Marguerite, c’est ce besoin de se faire aimer, accepter.
Plus particulièrement de sa mère.
Or celle-ci n’apprécia jamais Marguerite qu’elle jugeait futile, inintéressante, têtue, orgueilleuse – il est vrai que Catherine de Medicis n’avait d’amour que pour Henri d’Anjou, qui deviendra Henri III.
Son dernier fils, François d’Angoulême en souffrira d’autant plus qu’il était laid – les mignons d’Henri III  se moquèrent ouvertement de lui, sachant que le roi les soutenait en tout. Cela eut pour résultat que François fuira alors qu’il était assigné à résidence, pour rejoindre les protestants.
Il fera quelques erreurs stratégiques lui aussi, pourtant en Flandre on lui offrira la couronne. Il espéra, un temps, épouser Elizabeth I d’Angleterre, mais la différence de religions et d’âge eut raison de ce projet – néanmoins ils restèrent amis et correspondirent durant de longues années (ceci n’est pas dit dans le roman, je le sais pour m’intéresser à Elizabeth Tudor)

Le roman, bien que fort bien écrit, d’une manière jamais fastidieuse malgré les dates et les retournements de situations,  m’a néanmoins un peu déçue par son côté « presse people » =  qui couche avec qui et pourquoi – mais  il met d’autre part l’accent sur ce à quoi ressemble un déplacement royal, avec une  munificence extraordinaire, en passant par des villes et villages où les paysans ont à peine de quoi se nourrir.
Néanmoins sont aussi développés les multiples aspects politiques, les luttes entre pays catholiques (Espagne) et protestants (Angleterre, une partie des Pays-Bas).

La cour de France est un véritable nid de vipères, où la délation est l’un des beaux-arts, encouragée par la reine-mère qui dresse ses enfants les uns contre les autres et envoie ses nains favoris espionner tout le monde.

C’est un roman que l’on peut aisément emporter à la plage = pas de prise de tête, pas compliqué et parfois fort amusant (involontairement, je pense =^-^=)

A mon avis, aucun roman policier actuel (même scandinave) n’oserait mettre autant de meurtres et de criminels en scène, on ne le croirait pas … et pourtant !

 margot et ses frères

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Commentaires
N
oui Niki c'est tout à fait ça c'est ce qui me rebute aussi j'avais commencé mais c'est un peu difficile cela m'a coupé dans mon élan j'avoue .
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N
Coucou j'ai lu avec attention ton compte rendu, je suis contente que tu rejoignes le même avis que moi sur Marguerite de Valois.Alexandre Dumas (que j'aime beaucoup dans ses histoires) là pour la reine Margot il a abusé; et hélas des historiens prennent référence à son livre alors que c'est une fiction.J'aime beaucoup Marguerite de Valois tu te souviens j'en avais parlé sur mon blog suite à l'excellente biographie de Eliane Viennot.Il faut absolument que je prenne le temps de lire les mémoires de la reine Margot qui est en attente dans ma biblio. C'est une sacré femme en avance sur son temps qui fut broyée par sa mère et toute la fratrie...Je oense que oui c'est un bouquin à lire comme ça sur la plage sans prise de tête.Par contre ne pas perdre de vue que c'est une fiction.à te lire je vois beaucoup de coucheries .....;) http://noisette27.canalblog.com/archives/2009/05/10/13683198.html
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T
"A mon avis, aucun roman policier actuel (même scandinave) n’oserait mettre autant de meurtres et de criminels en scène, on ne le croirait pas … et pourtant !"<br /> <br /> <br /> <br /> La réalité dépasse de nouveau la fiction 😜
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C
Comme Manu, j'ai ri en te lisant! D'or, de sang et tant d’autres choses peu avouables...<br /> <br /> Bon dimanche!
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A
J'ai trop lu de romans de ce style quand j'étais jeune, j'ai fait une overdose ; je n'y reviendrai pas ;-)
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