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mon bonheur est dans la ville
24 mars 2017

AGATHA CHRISTIE, LE CHAPITRE DISPARU de Brigitte Kernel

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En décembre 1926, Archibad Christie, époux d’Agatha, lui annonce que cette fois c’est certain = il veut divorcer pour épouser sa secrétaire Nancy Neele.
Agatha Christie comme toutes les jeunes femmes romantiques rêvait du prince charmant et d’un amour pour toute la vie, comme celui que représentait le mariage de ses parents.
Le réveil sera brutal lorsqu’elle réalise qu’Archie l’a trompée ; il parviendra à la convaincre que ce ne fut qu’une passade, mais quelques mois plus tard, il confirme sa liaison – il a décidé qu’il ne l’aimait plus, qu’il ne s’amusait plus avec elle.
Il est vrai que son épouse vient de perdre sa mère, dont elle était très proche ; Mrs. Christie était fort éprouvée par ce deuil et passait beaucoup de temps à pleurer ou se morfondre, ce qu’Archibald Christie ne supportait absolument pas – la maladie, le chagrin, la mort, tout cela le dérangeait au plus haut point.

Ajoutée à cette période de dépression, l’annonce d’un divorce fait qu’Agatha s’écroule et décide de mourir. Les choses ne se passeront pas totalement ainsi et voilà notre Mrs. Christie qui se retrouve à Londres, chez son amie Nan – ensemble elles vont concocter un plan pour qu’Archibald Christie ait pas mal de problèmes avec la police en raison de la disparition de son épouse, dont la voiture a été retrouvée près d’un étang.
Pendant ce temps, Agatha Christie est à Harrogate, où elle ne s’ennuie vraiment pas, assumant une fausse identité, ayant même pris le patronyme de « Neele », pour bien embêter son mari et sa Nancy jusqu’au bout.  
Elle utilisera le stratagème pendant 11 jours jusqu’à ce que finalement quelqu’un la reconnaisse, elle jouera alors la carte de l’amnésie. 

J’avais lu il y a quelques années une déclaration dans un journal britannique comme quoi Agatha Christie aurait avoué qu’en réalité elle n’avait jamais « disparu » ni été amnésique, mais tout cela avait été concocté entre elle et sa meilleure amie, pour bien embêter son infidèle de mari.

Apparemment Brigitte Kernel, romancière française, a aussi eu vent de cette théorie, au départ de laquelle elle a concocté un petit roman sympathique, digne de ceux qu’Agatha Christie écrivit sous son pseudonyme de Mary Westmacott. Elle entreprend d’ailleurs l’écriture de « Absent in the Spring » (Loin de vous ce printemps).

Ecrit sous forme de journal intime, Ms. Kernel adopte la personnalité d’Agatha Christie pour nous livrer ses états d’âme de femme trompée, doublement malheureuse et fragilisée non seulement par le deuil de sa mère mais aussi de l’échec de son mariage.
Même dans l’autobiographie qu’Agatha Christie écrivit, après le chapitre 5 elle saute tout- à-fait normalement au 6, mais à la lecture il est évident qu’entre les deux chapitres il manque quelque chose.
Quelque chose que personne ne connaîtra jamais – le portrait d’Archibald Christie est peu sympathique sous la plume de Kernel/Christie, il est évident qu’il est un homme de son temps, préoccupé surtout par sa réputation à laquelle son épouse inflige un fameux camouflet.

Agatha Christie, toutefois, n’est pas totalement sans défauts, au contraire – elle est jalouse de l’affection que leur fille Rosamund porte à son père qui l’accapare d’ailleurs (ceci sera bien décrit dans « Unfinished Portrait »).
Elle est plutôt égocentrique et aimerait que tout le monde pleure comme elle, qui se préoccupe peu du ressenti autour d’elle, enfermée dans son chagrin.
Comme je l’avais écrit dans le billet consacré à ce roman, selon ceux qui connaissaient bien Agatha Christie – à commencer par Max Mallowan son second époux – c’est le plus autobiographique des 6 romans qu’elle écrivit sous son pseudonyme.

Entre deux états d’âme d’Agatha épouse trompée, la romancière Christie reprend parfois le dessus pour imaginer comment, dans un de ses romans policiers, réagirait tel ou tel personnage qu’elle croise à Harrogate. Cette petite « intrusion » dans l’art d’écrire est un bon moment un peu trop court malheureusement.

Le roman de Brigitte Kernel est  divertissant, bien que le sujet soit sérieux, mais l’est-il réellement – Agatha Christie et son amie s’amusent bien aux dépens de Mr. Christie en concoctant leur plan.

Cela se lit très vite et disons-le, le mystère reste plutôt entier bien que des témoignages aillent dans le sens de la vengeance à l’égard de l’infidèle (selon l’article que j’avais lu à l’époque, Agatha Christie n’hésita pas à se moquer de l’incompétence de la police qui n’interrogea pas Rosalind, or celle-ci aurait été mise dans le secret – Ms. Christie aimait trop sa fille pour l’avoir laissée se rendre malade à cause de sa mère).

La disparition d’Agatha Christie avait donné lieu à un film avec Vanessa Redgrave et Dustin Hoffman intitulé « Agatha », qui n’eut pas un grand succès vu que de toute façon il ne révèle rien d’intéressant et ce malgré l'interprétation de deux excellents acteurs.

En dehors du roman de Brigitte Kernel, d’autres romanciers se sont risqués à écrire à propos de cette disparition.
Pourtant, son biographie Charles Osborne n’en fait pas vraiment mention dans « the Life and Crimes of Agatha Christie ».
Il est certain que la personnalité d’Agatha Christie continue à intéresser voire fasciner les romanciers et scénaristes et qu’ils continueront à écrire, voire ergoter sur cette disparition qui est un sujet de roman aussi valable qu’un autre.

Ceci dit, selon moi, ce livre s'adresse surtout aux fans d'Agatha Christie.

d'autres avis sur le roman = critiqueslibres, clarabel, lire-relire-nepaslire, 

Christie1925

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Commentaires
M
Pourquoi pas, mais sans plus.
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L
Un abandon pour moi.
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T
Une farceuse Agatha ;)
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