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mon bonheur est dans la ville
22 mars 2017

A FLAW IN THE BLOOD, de Stephanie Barron

1798112

Windsor - novembre 1861

Pourquoi la reine Victoria poursuit-elle Patrick Fitzgerald de sa vindicte ? tout d’abord parce qu’il est irlandais, comme John Conroy, gouverneur (et probablement amant) de sa mère la duchesse de Kent, dont l’ambition fut de régner à travers la jeune Victoria et qu’il n’hésita pas à maltraiter.
Ensuite, parce que Patrick Fitzgerald, alors qu’il était encore un jeune avocat il y a 20 ans, prit la défense d’Edward Oxford, après l’attentat de celui-ci contre la reine – il semblerait qu’à l’époque on ait considéré Oxford comme un malade mental et Fitzgerald estima qu’il avait autant le droit qu’un autre à être défendu.
Plus, bien sûr, la détestation viscérale des Anglais à l’égard des Irlandais qu’ils ont toujours considérés comme des rustres, des gens non éduqués, des ivrognesn sans principes, sans respect à l’égard de la couronne.
C'est pour cette raison que 20 ans plus tard, la reine Victoria somme Fitzgerald à Windsor, alors qu’Albert, le prince consort, est à l’article de la mort à cause de la fière typhoïde.
Elle veut que Fitzgerald signe des documents dans lesquels il reconnaît avoir voulu fomenter un complot contre la reine et sa famille. Fitzgerald refuse et remonte dans la calèche royale, qui l’a amené quasi de force – il y est accompagne de sa pupille, la doctoresse Georgiana Armistead.

Sur le chemin du retour, un grillage a été jeté devant les chevaux, faisant capoter la calèche – sous le regard d’un homme caché dans les fourrés, le comte  von Stühlen, ami de jeunesse du prince consort et désireux de faire de Georgiana sa maîtresse, ce qu’elle a « osé » refuser.
Elle aussi doit donc mourir.
Non seulement ils échappent à cette tentative de meurtre, mais la demeure de Georgiana a été saccagée par des hommes du comte à la recherche de papiers compromettants. Ils ont trouvé des lettres du prince consort, mais seulement pour discuter science, Albert de Saxe-Cobourg étant un grand défenseur des sciences et ayant l’intention d’ailleurs d’assainir Londres dont l’eau provoque des maladies comme le choléra et le typhus. Puis ce sont les bureaux des avocats qui sont mis à mal, avec une tentative d’assassinat de l’associé de Fitzgerald.

Quelle est donc l’emprise de ce comte sur la reine Victoria, surtout dès la mort du prince consort.
La reine s’écroule littéralement, laissant complètement aller les affaires du pays, critiquant violemment sa fille Alice, qui a veillé son père et à qui la reine reproche de ne pas assez s’occuper d’elle.
Tout, absolument tout et tout le monde, doit tourner autour de Victoria. Elle est la Reine !

La vindicte de Victoria et du comte va poursuivre Patrick Fitzgerald et Georgiana à travers non seulement Londres, mais aussi le sud de la France – à Cannes où vit le plus jeune fils de la reine, le prince Leopold – et ensuite en Allemagne.
La question est pourquoi ? qu’ont-ils fait, quel secret ont-ils découvert qui vaille la peine qu’on les tue ?

Le roman montre  les préjugés à l’égard des Irlandais, ces buveurs, ces papistes, et à l’égard des femmes qui se veulent éduquées comme cette Georgiana qui se dit doctoresse.
Celle-ci soignait surtout les plus pauvres, ceux qui n’ont pas les moyens de s’adresser à un médecin reconnu, elle a voulu sauver une petite fille ayant subi une boucherie d’avortement – rien que pour cela, il faut l’emprisonner (ou la faire mourir).

Voilà un thriller historique passionnant – le récit passe, d'un chapitre l'autre,  de la 3ème personne pour raconter les mésaventures de nos 2 héros atypiques et à la 1ère personne, via le journal intime de la reine Victoria. Un exercice de style qui n’est pas toujours facile, mais que l’auteure réussit fort bien.

Stephanie Barron ne lui fait aucune concession à cette Victoria – on est loin de l'image que des esprits romantiques ont voulu lui attribuer -  elle la dépeint telle qu’elle semble avoir été = arrogante, vindicative, mesquine, refusant le progrès qu’aimait tant son époux, méchante à l’égard de ses enfants - elle déteste le prince Leopold qui fut un enfant difficile, n’apprécie nullement Alice qui a un caractère indépendant et surtout elle hait littéralement l’héritier du trône, « Bertie » - le futur Edward VII – dont la vie de jouisseur la dégoûte – et elle envisage très mal les dispositions artistiques de la princesse  Louise qui montre de vrais talents (elle deviendra une sculptrice renommée).
On pourrait croire que Ms. Barron exagère, mais un documentaire récent de la BBC a démontré qu’effectivement la reine Victoria n’appréciait nullement ses enfants – pour elle ses filles auraient dû se contenter de lui tenir lieu de dames de compagnie, elle leur aurait refusé une éducation si elle avait pu -  sauf Vicky mariée au prince de Hesse ;  elle fut une mère totalement castratrice à l’égard de ses fils.

Autant elle adora le prince Albert, le père de ses 9 enfants, autant elle les détesta pratiquement tous.
Pour Victoria, une femme qui aimait les plaisirs de la chair et mangeait comme une gloutonne, les relations sexuelles n’auraient pas dû donner naissance à tant d’enfants (déclaration avérée).

Patrick Fitzgerald a un comportement typiquement irlandais – quand ça ne va pas comme il veut, il boit – et dans cette aventure il a quelques occasions de boire.
Il est cependant touchant face à son fils qui lui crache littéralement à la figure, lui reprochant d’être à moitié irlandais ce qui lui ferme des portes en société.
Il lui reproche la folie de sa mère, alors que celle-ci a attrapé la syphilis dans d’autres bras que ceux de son mari.
Bref ambiance familiale type du 19ème siècle.
On comprend que les malentendus entre Anglais et Irlandais se soient développés et déchainés au cours des années, lorsqu’on lit les préjugés, certains teintés de haine, à l’égard de Fitzwilliam (à commencer par la reine).

Quant aux préjugés à l'égard des femmes qui travaillent, qui plus est en tant que médecin (des pauvres puisque les autres portes leur sont fermées), on se dit qu’heureusement  il y eut des suffragettes !
Non seulement la doctoresse Georgiana Armistead doit faire face à quelqu’un qui veut absolument ruiner sa réputation en qualité de dame aux yeux de la société, elle est accusée de tous les maux possibles qui finissent par l’amener en prison,  mais de plus elle aussi est poursuivie par la haine de la reine, la fin révélera pourquoi.

Le suspense est total pratiquement jusqu’à la fin du roman que j’ai vraiment apprécié.

 victoria_royal_family_1861_prince_albert_nine_children

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Commentaires
T
Quand tu écris "préjudices" tu veux dire préjugés ?<br /> <br /> <br /> <br /> Sinon c'est bizarre ce billet est en date du 20 mars et je ne le vois que maintenant alors que je passe plusieurs fois par jour... étrange étrange 🙀
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M
Et bien, quelle ambiance ! Je te l'ai déjà dit, mais j'ai un roman de cette romancière dans ma "petite" PAL, qu'il faudrait que je me décide à lire ;-)
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