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mon bonheur est dans la ville
17 mars 2017

BETHSABEE, de Marek Halter

bethsabee

Ou = l’Eloge de l’Adultère

Bethsabée, épouse d’Urie, général hittite dans l’armée du roi David, se morfond – voilà 3 mois que son époux guerroie pour le roi contre la cité de Rabba où les ennemis ne semblent pas décidés à se soumettre, second de Joab, Urie ne semble pas du tout décidé à revenir.
Les pensées de son épouse sont loin d’être sereines, elle en veut à un mari de préférer la guerre et le roi à sa maison et son épouse.
Un jour, elle croise une femme que son mari prétend adultère et elle est lapidée en place publique, après avoir subi l’humiliation des vêtements arrachés, sous les hurlements et les crachats d’hommes, jeunes et vieux, unis dans un jugement dont les femmes seules sont victimes.
Lorsqu’un bruit ressemblant à un char revenant dans sa ruelle, Bethsabée est convaincue qu’il s’agit de son époux revenant enfin de guerre – non, il s’agit seulement du roi David, voulant connaître l’endroit où habite cette femme qu’il aperçoit de son toit – car du haut des toits de son palais, le roi peut voir la plupart des terrasses de la ville et des femmes faisant leurs ablutions – c’est de cette manière qu’il choisit ses compagnes d’une nuit, malgré ses épouses et concubines vivant au palais.

Refusant d’être traitée comme cela, redoutant le sort qu’elle pourrait subir la lapidation en raison de cette loi totalement injuste aux femmes dans un monde dirigé seulement par les hommes et les lois de YHWH, Bethsabée refuse d’abord de se rendre au palais lorsqu’elle y est invitée.
Seulement, elle a vu la passion, le désir dans les yeux du roi lorsqu’elle s’est jetée devant le char, croyant accueillir son époux.
Depuis, elle fait ses ablutions sachant qu’il la regarde, en sentant le regard fiévreux du roi, elle-même se sentant prête à céder à ce désir qu’elle a ressenti.
Finalement elle cède et David et elle commettent l’irréparable – dont elle portera le fruit quelques semaines plus tard. Une seule solution = faire revenir Urie, pour qu’il passe une nuit avec son épouse, afin que l’enfant ne soit pas un bâtard.

Mais les volontés du très-haut ne sont pas celles des humains et Urie, revenu chez le roi pour parler des combats mais surtout pour passer au moins une nuit auprès de sa femme, ne va pas se comporter comme on s’y attendrait = il refuse le bonheur des bras de Bethsabée, alors que ses soldats sont toujours au creux des batailles.
David alors va le renvoyer au combat, avec une missive destinée à donner à Joab l’ordre de mettre Urie à l’avant des batailles.
Comme prévu, il se fait tuer, comme personne ne sait qu’il n’a pas partagé la couche de son épouse, on pense que son enfant est de lui – seul Nathan le prophète accuse David du crime de son général et d’adultère.
Le prophète prédit aussi la mort de l’enfant, malgré le mariage de David et Bethsabée. Mais leur annonce toutefois qu’après toutes ces épreuves, ils concevront un autre fils et celui-là deviendra un grand roi d’Israel.

Quand on sait que ce sont des moines du moyen-âge qui rédigèrent les légendes arthuriennes, basées aussi sur les histoires des bardes celtes, et les légendes bibliques, on comprend d’où vient l’histoire d’Arthur, conçu lui aussi par traîtrise, Uther Pendragon ayant convoité Ygraine la femme de son général-duc des Cornouailles  tué à la bataille pendant qu’Uther et Ygraine commettaient l’adultère.

Ceci dit, le portrait du roi David n’est pas fameux, il est loin d’être un roi très honnête, il est en butte aux jalousies de ses fils et ses multiples concubines – ses courtisans bien sûr s’inclinent devant Bethsabée et sa grande beauté, un courtisan sait toujours d'où souffle le vent de son profit.

Toutefois, j’ai – et de très loin – préféré la version de Torgny Lindgren - à propos de l’histoire de la très belle épouse du roi, ambitieuse et ayant bien décidé que ce serait leur fils Salomon qui deviendrait roi.
Elle agira toujours en ce sens, et la Bethsabée de Lindgren est plus ironique, même sarcastique que celle de Marek Halter qui est surtout une jeune femme désirable et désirée,  en colère contre des lois qui ne favorisent que les hommes, dont les femmes sont avant tout les victimes, car dans un cas d’adultère on n’écoute généralement que la version du mari.
Tout le talent de Marek Halter réside dans ce portrait, très peu flatteur du roi David et indulgent à l’égard d’une femme dont le destin lui échappe.

Un livre fort court, très vite lu – en même pas l’espace d’une soirée car quel que soit le personnage, Marek Halter est un excellent conteur.

« Bethsabée au bain » a inspiré de multiples peintres à la Renaissance, néanmoins j’ai privilégié celle de Gustave Moreau, car j’apprécie énormément cet artiste. 
De plus, il a peint la jeune femme seule au bain, car c’est seule qu’une femme fait ses ablutions – les autres peintres l’entourent de nombreuses servantes, ce qui dénote une richesse que même une femme de général ne possédait pas. 

Au cinéma ce fut la superbe Susan Hayward qui interpréta Bethsabée, avec Gregory Peck pour roi David, dans un peplum hollywoodien dont on se demande un peu ce qui est passé par la tête des scénaristes tant c’est un nanar (mais vous me connaissez, je ne résiste jamais à un peplum même – surtout - nanar =^-^=)

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Commentaires
A
Je ne suis pas très friande de ce genre d'histoire, sinon c'est vrai Marek Halter est un excellent conteur.
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T
J'ai l'impression que tes journées font 48 heures pour lire autant e tfaire tant de choses !!! ;)
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