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mon bonheur est dans la ville
8 février 2017

LE CUISINIER, de Martin Suter

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Titre original allemand = Der Koch 

Maravan, jeune réfugié  tamoul, travaille dans les cuisines de l’un des plus fameux restaurants suisses ; il n’y a pas de fonction très reluisante = nettoyer les casseroles, les pots, la cuisine après usage.
Inutile de dire que dans la cuisine, peu ont du respect pour lui.
Pourtant s’ils savaient ! Maravan est un cuisinier de génie, depuis son plus jeune âge au Sri Lanka, il travaillait aux côtés de sa grand-tante. La cuisine hindoue n’a aucun secret pour lui et il regarde souvent d’un œil critique et ironique la manière de préparer les plats dans cette grande cuisine suisse. 
Il s’est permis une remarque un jour à propos d’un curry, qui lui valut tant de quolibets qu’il préféra « oublier ». 

Maravan est très attiré par Andrea, l’une des serveuses du restaurant, une véritable beauté, intelligente et ambitieuse, ne se faisant guère d’illusions sur le monde des hommes dans lequel elle vit. Dans l’espoir de séduire la jeune femme, Maravan décide de lui concocter un repas très particulier, dont les ingrédients aphrodisiaques feront peut-être l’effet espéré.
Seulement pour pouvoir bien réaliser ce repas, il lui faut un rotovapeur, appareil de cuisine hautement sophistiqué, basé sur un appareil de chimie destiné à séparer les molécules des ingrédients.
N’ayant pas les moyens de se payer un tel appareil, Maravan l’emprunte celui de la cuisine où il travaille.

Le repas avec Andrea a été un immense succès, la jeune femme a rapidement cédé aux charmes et ingrédients « secrets » de la cuisine de Maravan.
Les choses hélas ne vont pas bien se passer le lendemain, un malheureux incident de la route va retarder Maravan et il ne peut pas remettre le rotovapeur en cuisine avant l’arrivée des autres.
Il est viré sur le champ.

Andrea de son côté n’a toujours pas compris ce qui lui est arrivé lors du dîner, en principe les hommes ne l’attirent pas physiquement.
De plus, outrée par la manière dont on a traité Maravan, elle le dit bien haut et reçoit aussi son billet de sortie.
Voulant connaître le fin mot de ce qui s’est produit, elle vient chez le jeune Tamoul, qui lui révèle le secret de la cuisine aphrodisiaque.
Les deux sont soulagés, chacun à sa manière, lui parce qu’elle lui  a avoué être lesbienne et elle ne l’a snobé que pour cette raison, elle parce qu’au moins ce n’était pas une drogue de viol dans sa boisson.

Bien vite,  Andrea qui a le sens des affaires, propose une association à Maravan ; d’abord il doit lui concocter un repas pour elle, car elle a l’intention de séduire une femme, puis ils pourraient s’associer et fonder « Love Food » - comme il est dans une situation pécuniaire difficile, elle fournira les premiers investissements tandis que lui cuisinera.
L’affaire prend rapidement des proportions intéressantes, la jeune femme qu’Andrea a séduite est conseillère conjugale. Maravan accepte « Love Food » pour aider les couples à se retrouver.

Seulement voilà, les choses les plus simples ont une manière  telle de se compliquer que Maravan et Andrea vont être quelque peu débordés par la situation, surtout lorsque des couples moins « officiels »  vont solliciter leur aide.  
D’autant plus que la politique s’en mêle sous la forme d’un client d’Andrea, trafiquant d’armes, mais aussi par la ligue révolutionnaire tamoule, qui a repéré Maravan et n’hésite pas à recourir au chantage pour qu’il leur donne une partie de ses gains.
Le jeune Tamoul accepte à contre-cœur mais il espère qu’en amadouant la ligue de résistance tamoule en Suisse, il pourra délivrer son jeune neveu des griffes de ceux qui l’ont enrôlé au Sri Lanka avec d’autres enfants soldats.

Comme si les choses n’étaient pas assez compliquées, une jeune Tamoule est tombée amoureuse de lui au grand déplaisir de ses parents qui ont un mariage en vue pour elle.
Or les filles de la 2ème génération ne veulent pas se plier aux règles en vigueur « au pays » dont elle ne connaît rien et ne veut rien connaître – elle est citoyenne suisse et compte bien le rester. Elle aime son travail et n'a pas du tout l'intention de devenir une "respectable femme au foyer". 

« Le Cuisinier » de Martin Suter est un livre à divers « tiroirs » = la situation difficile des réfugiés étrangers en Suisse, la manière dont certains ressortissants d’un pays en guerre, réfugiés également, exigent de l’aide matérielle pour financer l’armée au pays, la manière dont les Tamouls, même dans un pays occidental, continuent à appliquer les règles de leurs traditions et religion.
Le personnage de Maravan même est quelqu’un de traditionnaliste quand il s’agit des femmes – celles de son pays sont pratiquement « sacrées » à ses yeux, alors que séduire une occidentale est permis.

En fait la situation politique prend rapidement le dessus en cours de roman qui, après avoir débuté comme une histoire relativement banale entre un homme et une femme, devient une sorte de pamphlet concernant les réfugiés, dont l’auteur paraît avoir les intérêts à cœur.

L’histoire se découle en l’espace d’une année – on y parle de l’élection de Barack Obama, de la guerre civile au Sri Lanka, de la chute des banques avec les subprimes.

Ce qui m’a particulièrement intéressée, en dehors de cette situation politique, ce sont les détails sur la cuisine moléculaire que pratique Maravan – même s’il ne lui donne pas ce nom.
La gastronomie moléculaire est une manière scientifique d’appliquer la chimie à la cuisine. Séparer les ingrédients pour que leurs saveurs se démultiplient.

Ceci dit, j’ai souvent eu une impression de « qui trop embrasse, mal étreint » et même si je recommande cette lecture, je reste un peu sur ma faim (pas pu m’en empêcher =^-^=)
J’avais lu quelque part que le livre était une suite de clichés (jolie et intelligente jeune femme, mais lesbienne, intelligent réfugié mais exploité, la séduction d’une Occidentale est  normale, mais pas d’une Tamoule, amour de la famille, mal du pays…) – c’est un peu sévère comme jugement, mais pas entièrement faux.

L’intéressant  billet de teki, qui m’a donné envie de lire ce livre, ici.

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Commentaires
T
J'ai aimé ce roman, qui manque parfois de subtilité, oui, mais qui est agréable à lire... et met en appétit.
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L
C'est un peu la honte mais je n'ai jamais lu Suter - disons, pas encore ;-)
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T
C'est marrant les clichés qui généralement me dérangent dans un roman, ne m'ont pas sauté au visage dans celui-ci.<br /> <br /> Sans doute parce qu'il mettait à dur épreuve mon estomac qui ne faisait que crier famine face à ces préparations culinaires :lol:
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A
Ça a l'air un peu fourre-tout ; tu n'es pas assez emballée pour que je note (vu l'état de ma PAL !)
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M
Je suis partagée, l'histoire a l'air rocambolesque, peut-être trop mais ce n'est pas ça qui m'arrête, mais les clichés peut-être !
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